Robert Badinter : “l’État de droit n’est pas l’État de faiblesse”
17/11/2015 | 15h36
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Deux jours avant les attentats qui ont touché la France, Robert Badinter a animé une conférence à Genève – à l’occasion des Rencontres internationales de la ville –, pour évoquer, entre autre, le “terrorisme et la loi”. L’ancien garde des Sceaux y révélait les dangers de l’adoption des lois et des juridictions d’exceptions, qui mettent en péril l’État de droit. Ses propos coïncident malheureusement avec l’actualité, et Robert Badinter les a réaffirmés lundi sur France 2.
A Genève, l’homme de 87 ans rappelle que le terrorisme l’a “accompagné toute sa vie”. Son vécu reflète la complexité du problème : il a vu les affiches rouges dans le métro parisien pendant la guerre, qui assimilaient les résistants à des terroristes, et il a aussi assisté aux honneurs faits à Fidel Castro et Nelson Mandela, qui ont été considérés comme de “grands terroristes”.
“La mort ne dissuadera jamais un terroriste”
A une question posée sur l’emploi des drones, Robert Badinter explique : “Il est très difficile de considérer que Daech n’est pas en guerre contre l’Occident. Par conséquent, l’utilisation de drones ne me choque pas”. Mais il s’insurge lorsqu’il entend certains s’interroger sur la peine de mort :
“La mort ne dissuadera jamais un terroriste. Par définition, le terroriste aime la mort; celle qu’il donne comme la sienne. Vous en ferez un martyr et lui donnerez une tribune. Et vous fabriquerez d’autres terroristes avec des commandos de vengeurs voulant causer un maximum de victimes”.
“l’État de droit n’est pas l’État de faiblesse”
Le terrorisme d’aujourd’hui, où l’on tue “au nom de Dieu”, sera le plus difficile à vaincre selon Robert Badinter. Les démocraties ne doivent“jamais renoncer à leurs principes“, en excluant un modèle comme le Patriot Act américain, une “honte”. Sur France 2, il affirme que “l’État de droit n’est pas l’État de faiblesse”.
“A quel niveau doit se situer la modification (de la constitution) à venir ? (…) Il faut maintenir les valeurs fondamentales de notre démocratie, et ne pas hésiter devant les mesures nécessaires à prendre, à la condition qu’elles ne méconnaissent jamais ce qui est au cœur de notre société, c’est à dire les Droits de l’Homme.”
Robert Badinter insiste : Daesh attend que nous attaquons ce qui constitue le fondement même de notre république, ces attentats sont “un piège tendu à la démocratie”, et il ne faut pas tomber dedans.
(source : Les Inrocks)
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