lundi 15 juillet 2019

(La première chose qu'on laisse sur ta Lune, c'est nos poubelles, ça augure mal de la suite. note de rené)



Science décalée : la première photo prise par Armstrong sur la Lune est celle d’un sac-poubelle





Publié le 14/07/2019
Modifié le 15/07/2019

Quatre-vingt-seize sacs-poubelle contenant les déchets et les déjections laissées par les astronautes lors des missions Apollo gisent encore à la surface de la Lune. Les scientifiques s'intéressent aujourd'hui à ces détritus pour étudier les conditions de survie des bactéries dans l'espace.

Il est 3 h 52 heure française, ce 21 juillet 1969. Neil Armstrong s'apprête à descendre de son module lunaire et à faire son premier pas historique à la surface de la Lune quand son compagnon Buzz Aldrin lui tend un objet encombrant : un sac-poubelle rempli de déjections. Armstrong balance le sac dehors et commence à descendre de son échelle. Il prend alors sa toute première photo de la surface lunaire avec, comme magnifique premier plan, le sac-poubelle illuminé par la lumière du module.
96 sacs-poubelle remplis de déchets laissés sur la Lune
Lors des différentes missions Apollo, les astronautes ont laissé plus de 180 tonnes de matériel et d'objets en tous genres sur la Lune allant des morceaux de modules spatiaux aux balles de golf envoyées par l'astronaute Alan Shepard lors de la mission Apollo 14 en 1971. Mais parmi tout ce fatras figurent aussi des objets un peu moins ragoûtants : 96 sacs-poubelle remplis d'urine, de selles et de vomi. Car, évidemment, point de WC sur la Lune, ni d'ailleurs dans les fusées Apollo.
Dans leur scaphandre, les astronautes sont munis de couches absorbantes pour se soulager. Mais lors des trajets, ils disposent de sacs spéciaux en plastique transparent qui se collent aux fesses et permettent de faire ses besoins en apesanteur. Ces sacs à fèces sont ensuite entassés dans un « jettison bag », un gros sac-poubelle d'environ 1 mètre sur 70 centimètres contenant tous les déchets accumulés lors de la mission : emballages alimentaires, restes de repas, outils divers... Lorsque Neil Armstrong débarque sur la Lune, cela fait déjà quatre jours qu'il partage avec ses collègues, Buzz Aldrin et Michael Collins, un habitacle extrêmement réduit sans douche ni toilettes et sans aération. On imagine aisément l'odeur qui doit se dégager dans la fusée et l'empressement de Buzz Aldrin à s'en débarrasser. 

Les bactéries fécales ont-elles résisté à leur séjour lunaire ?

Ces vestiges peu glamour suscitent pourtant l'intérêt des scientifiques : 50 ans après, reste-t-il des bactéries vivantes dans les excréments ? En théorie, les radiations solaires subies à la surface devraient avoir éliminé toute forme de vie. « Je serais extrêmement surpris si quoi que ce soit avait survécu », confirme à Vox l'astronaute Charlie Duke, le 10e Homme à avoir marché sur la Lune. Andrew Schuerger, un chercheur de l'université de Floride, a publié en 2019 une étude sur la probabilité de survie de microbes sur la Lune, en simulant les conditions de rayonnement ionisant, de vide, de température subies par les débris humains. « Il est peu probable que les surfaces externes des engins spatiaux contiennent encore des spores viables après une seule lunaison», explique l'auteur dans sa conclusion. Les bactéries fécales pourraient cependant être mieux préservées bien à l'abri dans leur sac-poubelle étanche. À condition que les températures élevées n'aient pas fait évaporer toute l'humidité, auquel cas les microbes seraient bien morts. La Nasaréfléchit en tout cas très sérieusement à une mission chargée de récupérer ces échantillons pour les analyser sur Terre.

Attention : sac poubelle en vue dans le cosmos

Les Américains ne sont toutefois pas les seuls à avoir pollué l'espace. Durant ses quinze années de service entre juillet 1986 et mars 2001, la station soviétique Mir rejeta des centaines de sacs contenant des déchets par son sas arrière, relate l'association écologiste Robin des Bois dans un rapport paru en 2011. « La navette spatiale qui, à partir de 1995, amenait les astronautes américains à la station, dut à plusieurs reprises effectuer des manœuvres d'évitement dans le sillage de Mir », racontent les auteurs Jean-Pierre Edin et Jacky Bonnemain. Si la plupart ont étéconsumés lors de leur descente dans l'atmosphère, certains tournent encore probablement quelque part autour de la Terre.

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