Lula, semi-libre ? (Brésil)
par Emir Sader
La Cour Supérieure de Justice du Brésil a décidé à l’unanimité de réduire la peine de Lula à huit ans et demi, qu’est-ce que cela signifie ?
Après avoir été condamné par le juge Sergio Moro à neuf ans et demi de prison (une référence haineuse aux neuf doigts de Lula, victime d’un accident de travail sur une chaîne de production, quand il était métallurgiste dans le secteur automobile), une autre cour a porté cette peine à 12 ans et demi, ce qui l’empêchait de faire appel de cette condamnation.
Tout cela faisait partie d’une escalade de persécutions qui, après avoir rejeté tous les appels, n’a fait qu’ajouter de nouvelles procédures contre Lula. Cette décision, au-delà de ses conséquences, représente la fin de ce climat. Pour la première fois, un tribunal rend une décision favorable à Lula.
La réduction de la peine et de l’amende que Lula doit payer lui apporte des conséquences favorables. En premier lieu, la peine moins lourde permet à Lula qui aura purgé 17 mois de prison en septembre, d’avoir suffisamment de temps pour demander un régime de semi-liberté en prison.
En outre, le montant de l’amende que Lula doit payer est réduit de 16 à 2 millions d’euros. Il pourrait également demander une assignation à résidence, une situation qui n’est pas encore claire.
Il est impossible de ne pas lier cette décision au nouveau climat politique et juridique, marqué par des conflits profonds et répétés au sein du gouvernement, entre les secteurs du gouvernement et le pouvoir judiciaire, entre l’opération Lava Jato et la Cour Suprême Fédérale, ainsi que par l’affaiblissement du personnage de Sergio Moro, en raison de multiples manifestations publiques désastreuses, mais surtout par les écueils répétés dans l’affaire Lava Jato.
Il y a eu, d’une part, une décision du Tribunal Suprême Fédéral qui a décidé que les processus dans lesquels les ressources liées aux campagnes électorales devraient être jugées par les tribunaux électoraux et non par les instances de l’opération Lava Jato. D’autre part, la dénonciation a fait apparaître que l’une des entreprises les plus directement impliquées dans des processus de corruption avait fabriqué des dénonciations volontaires de ses dirigeants, dans le but d’incriminer d’autres personnes et de favoriser l’entreprise.
Mais le principal scandale qui a affecté l’image publique de l’opération Lava Jato a été la découverte d’un Fonds de ressources de plusieurs millions que les juges avaient mis en place, en accord avec les autorités nord-américaines. Le Fonds serait le résultat d’un accord avec les autorités des États-Unis, selon lequel Petrobras aurait payé une amende très lourde, de laquelle le gouvernement des États-Unis aurait réservé une partie pour que le Fonds soit géré au Brésil par des juges de l’affaire Lava Jato. La révélation a provoqué un scandale, des réactions négatives généralisées, jusqu’à ce que les juges qui allaient diriger le Fonds décident, face à cette répercussion, de retirer l’initiative.
Le juriste Afranio Jardim a déclaré :
« Dans quelques mois, Lula sera de retour dans les bras du peuple« .
Mais Lula, dès le début, a dit qu’il n’accepterait de partir que lorsque son innocence serait reconnue. Il a récemment réitéré qu’il préfère la dignité en prison à une situation honteuse à l’extérieur. Une campagne systématique a commencé pour tenter de le convaincre de chercher des moyens de sortir de la prison injuste et injustifiée. Pour l’instant, il existe un climat propice pour que de nouvelles perspectives lui soient favorables.
Les prochains mois définiront le destin de la campagne internationale Lula Libre.
Source : ¿Lula semi libre?
traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International
(Son histoire d'appartement reste étrange, motif principal de son incarcération. Que le juge qui l'a condamné devienne par la suite ministre de la justice est aussi étrange. En tout cas, sa condamnation est sans contexte, très, très, très exagérée. note de rené)
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