Nouvelle-Zélande : près de deux tiers des écosystèmes du pays sont au bord de l’effondrement
« La Nouvelle-Zélande perd des espèces et des écosystèmes plus rapidement que presque tous les autres pays. Quatre mille de nos espèces indigènes sont en danger… des conversions de produits laitiers endémiques au chalutage destructeur sur les fonds marins - [nous] nuisons de manière irréversible à notre monde naturel. » a confié Kevin Hague, de l'ONG Forest and Bird, au journal britannique The Guardian.
26 avril 2019 - Laurie Debove source : La Relève et la Peste
Pays considéré comme un écrin naturel préservé, une étude environnementale montre que la Nouvelle-Zélande est en fait elle aussi sous pression. Extinctions d’espèces, pollution de l’eau, conséquences néfastes de l’industrie laitière et de l’étalement urbain, le pays ne serait pas l’Eden salvateur auquel se raccrochent tous les super-riches en cas de fin de leur monde.
Un rapport alarmant
Commandé par le ministère de l’environnement néo-zélandais, Environment Aoteraroa 2019a analysé et compilé les résultats des études environnementales des trois dernières années pour avoir un état des lieux clair sur la situation écologique du pays. Publié le 18 avril, ses conclusions sont alarmantes : 4000 espèces sont menacées d’extinction. 90 % des oiseaux de mer, 74 % des oiseaux terrestres, 46 % des plantes vasculaires et 84 % des reptiles sont ainsi en danger. La situation est tout aussi préoccupante pour l’eau douce : 59 % des nappes phréatiques ont un taux important de bactéries E. Coli, signe d’une contamination fécale. Et 13 % présentent un taux élevé de nitrate. 57 % des lacs ont une qualité d’eau insalubre, et 76 % des poissons d’eau douce sont menacés d’extinction ou en voie de disparition.
« La Nouvelle-Zélande perd des espèces et des écosystèmes plus rapidement que presque tous les autres pays. Quatre mille de nos espèces indigènes sont en danger… des conversions de produits laitiers endémiques au chalutage destructeur sur les fonds marins – [nous] nuisons de manière irréversible à notre monde naturel. » a confié Kevin Hague, de l’ONG Forest and Bird, au journal britannique The Guardian.
L’agriculture, l’étalement urbain, la pollution, le dérèglement climatique mais aussi l’introduction d’espèces non natives sur le territoire néo-zélandais sont autant de facteurs qui ont conduit à cette situation périlleuse. Ainsi, l’augmentation massive du cheptel du pays au cours des 20 dernières années a eu des conséquences dévastatrices sur la qualité de l’eau douce du pays. Concernant l’extinction de masse de la biodiversité, l’ampleur très précise du phénomène est difficile à détailler car seulement 20 % des espèces néo-zélandaises ont été identifiées et répertoriées. Les scientifiques qui ont conduit l’analyse estiment cependant que près de deux tiers des écosystèmes du pays sont au bord de l’effondrement.
L’illusion d’un joyau préservé
Ce nouveau rapport vient s’ajouter à la longue liste des études scientifiques alertant l’humanité sur la dégradation mortifère de l’environnement, à l’image du tout récent travail de l’ONU qui estime qu’un million d’espèces sont menacées d’extinction dans le monde. Là où le cas de la Nouvelle-Zélande est emblématique, c’est que le pays représentait jusqu’à présent un Eden sauvage et préservé dans l’imaginaire collectif.
En effet, de nombreux milliardaires l’ont choisi comme solution de repli en cas de crise sociale où écologique, investissant dans la construction d’abris souterrains ou de grandes fermes autosuffisantes sur le territoire. En 2016, 13 000 riches américains ont appliqué pour un permis de construire auprès des autorités néo-zélandaises. Parmi eux, de nombreux cadres et patrons de la Silicon Valley, inquiets d’une révolution contre les 1% les plus riches lorsque les inégalités auront explosé à cause du trop-technologique et de l’accaparement des richesses par une minorité, ou des futurs bouleversements climatiques.
« Nous ne devons plus perdre de temps et changer radicalement la façon dont nous interagissons avec la nature. Nous avons besoin d’une économie qui nourrit et restaure notre environnement, pas d’une qui le détruit. » précise Kevin Hague, de l’ONG Forest and Bird, au journal britannique The Guardian.
Ce rapport sur l’environnement néo-zélandais, finalement pas plus préservé que le reste du monde, montre à quel point il est illusoire de penser pouvoir recréer une petite bulle de paradis sans radicalement transformer le système dans son ensemble. Sans surprise, le forum mondial de Davos, grande messe annuelle des dirigeants politiques et économiques, n’avait pas rempli son objectif : « concevoir une nouvelle architecture mondiale à l’âge de la quatrième révolution industrielle ». Il aurait fallu pour cela qu’ils acceptent de plus taxer les très-hauts revenus et mieux distribuer les richesses.
Pourtant, nous avons déjà une architecture mondiale : celle du vivant créée par la Nature, il s’agit désormais de la respecter et prendre soin de nos biens communs. Pour le meilleur ou pour le pire, nous vivons dans un monde interconnecté où chaque phénomène aura des répercussions sur l’ensemble de la planète.
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