Les autorités fédérales ordonnent à Google de leur transmettre la localisation d’un grand nombre d’Américains innocents
par Thomas Brewster
Je traite de la criminalité, de la vie privée et de la sécurité sous forme numérique et physique.
Forbes est en mesure de révéler que Google est confronté à une pression accrue du gouvernement américain pour partager des informations de localisation, peut-être sur des milliers de personnes innocentes. Ceci en raison d’une série d’ordres dits de « localisation inversée ».
Voici comment cela fonctionne : les policiers envoient à Google des coordonnées et des fuseaux horaires spécifiques dans lesquels des crimes ont été commis. Ensuite, Google est invité à fournir des informations sur tous les utilisateurs dans ces lieux à ces moments-là, y compris très vraisemblablement des données sur de nombreuses personnes innocentes. Ces utilisateurs peuvent être des propriétaires de téléphones Android, n’importe qui utilisant Google Maps ou n’importe quel individu utilisant les services Google sur leur portable, pas seulement des suspects criminels.
Forbes a présenté en détail une de ces requêtes en août, peu de temps après que la chaîne de télévision locale WRAL en a annoncé quelques autres à Raleigh, en Caroline du Nord.
Maintenant, une autre affaire a été découverte en Virginie. Et elle ne comporte pas de limitations importantes pour protéger la vie privée des innocents.
« Cette pêche à l’aveuglette porte atteinte au droit à la vie privée d’un si grand nombre de personnes qui ont eu le malheur de se trouver dans une région où un crime est présumé avoir été commis », a déclaré Jérôme Greco, avocat à la Legal Aid Society [le plus ancien et le plus important fournisseur de services juridiques aux indigents des États-Unis, NdT]. « Nous ne devrions pas permettre un accès si large aux données d’un si grand nombre sur la simple spéculation qu’un suspect aurait pu utiliser un téléphone portable près du lieu du crime. »
Chasse aux Androids en Virginie
La requête la plus récente sur Google, découverte par Forbes plus tôt cette semaine, provient du FBI à Henrico, en Virginie. Ils sont passés par Google après quatre vols distincts au cours desquels des individus non identifiés et armés sont entrés et ont volé le même magasin Dollar Tree entre mars et septembre de cette année. Le gérant du Dollar Tree a également été victime d’un vol à main armée alors qu’il déposait de l’argent dans une boîte de dépôt de nuit Wells Fargo située juste en bas de la rue du magasin.
Le mandat demande les antécédents de localisation détenus par Google pour toute personne se trouvant dans trois zones distinctes – y compris les secteurs autour du magasin Dollar Tree et sur le site de Wells Fargo – pendant les cinq vols et les jours où ils ont eu lieu. Le FBI voulait également des informations permettant d’identifier les titulaires de comptes Google dans ces zones, dont deux avaient un rayon de 375 mètres. L’autre avait un rayon de 300 mètres.
Google Maps indique qu’un nombre important de résidences, de commerces et de restaurants se trouvent dans les zones visées par le mandat.
N’importe qui dans ces zones qui a utilisé les services de Google à cette époque aurait pu être pris au le piège des données. Mais, pour des raisons inconnues, aucun dossier n’a été retourné. Forbes n’a pas trouvé d’accusations contre des individus nommés comme suspects dans le document. Forbes a également contacté le procureur qui a signé le mandat de perquisition, mais n’avait pas encore reçu de réponse au moment de la publication.
Google se défend-il ?
Il n’est pas clair que Google lutte activement contre le gouvernement sur les demandes de données. Il n’y a pas eu de documents judiciaires montrant que Google a fait l’objet d’une demande active. Un porte-parole de l’entreprise a refusé de fournir plus de détails, mais a ajouté : « Nous repoussons toujours les requêtes trop étendues sur les données de nos utilisateurs ».
Google n’a pas non plus fourni d’information en août, lorsque les enquêteurs de Portland (Maine) lui ont demandé d’effectuer des recherches inverses de localisation. Dans cette affaire, les policiers ont trouvé un nouveau moyen de limiter la portée du mandat : Google n’aurait à retourner des informations que pour les utilisateurs qui se trouvaient dans au moins deux des endroits aux heures indiquées. Aucune limitation de ce type n’a été mise en place en Virginie.
Jennifer Lynch, avocate à l’Electronic Frontier Foundation, un organisme de défense des droits de l’homme et du numérique, a déclaré que l’ordre à Hernico aurait pu ratisser la localisation des milliers de personnes innocentes. « Des requêtes comme celle-ci agissent comme des “mandats généraux” et peuvent violer le quatrième amendement parce qu’elles ne sont pas liées à un dispositif spécifique », ajoute Lynch. Le quatrième amendement donne aux Américains le droit de se protéger contre les fouilles abusives.
« C’est particulièrement terrible qu’ils l’aient fait alors que si peu de gens savent comment modifier correctement leurs paramètres ou sont conscients de l’ampleur des informations que Google collecte et stocke », a ajouté Greco.
Pas seulement Google
Le capitaine John Sherwin du service de police de Rochester, au Minnesota, a déclaré que Google n’était pas le seul à pouvoir fournir aux policiers une quantité impressionnante de données de localisation détaillées. Facebook et Snapchat étaient deux autres réseaux qui s’étaient avérés utiles, a-t-il dit.
Sherwin a dit à Forbes que ses enquêteurs avaient récemment signifié à Snapchat une ordonnance de la cour pour l’aider à localiser un tireur présumé conformément à l’ordonnance du tribunal. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une recherche inversée, la police de Rochester a utilisé les données du Snapchat et les a combinées à celles du fournisseur Internet de la personne pour déterminer l’emplacement de l’adresse IP du tueur présumé, a déclaré Sherwin. Combiné aux « renseignements divers » des amis et associés, la police a été en mesure de localiser le suspect. « La technologie a montré la voie », a-t-il dit, notant que les données de localisation pouvaient à la fois innocenter et impliquer.
Parlant spécifiquement de Google, Sherwin a dit que l’information géolocalisée que le géant de Mountain View a été capable de fournir était « incroyable ».
« Les gens ne savent pas à quoi ils s’engagent », ajoute le capitaine. « Les gens ne se rendent pas compte qu’ils sont suivis, non pas par le gouvernement, mais par l’industrie privée. »
« Quand tu t’assois et que tu y réfléchis, ça te donne envie de détruire tous tes appareils… et de déménager dans une cabane dans le Montana. »
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr
(Ils sont malades à la NSA, à mon avis, ils vont bientôt surveiller les enfants. note de rené)
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