La vérité sur "Plenity", la pilule qui permettrait de maigrir sans régime
Par Coralie Lemke le 24.04.2019 à 10h19 source : Sciences et Avenir
Une pilule prétendument "miracle", qui permettrait de maigrir sans effort, vient d'être approuvée par la FDA, l'autorité américaine de régulation du médicament. Le comprimé est censé aider les personnes obèses à ressentir la satiété après un repas.
"Solution miracle", "maigrir sans régime", les réactions suscitées par la future mise sur le marché de la pilule "Plenity" cristallisent beaucoup d'espoirs autour d'une méthode minceur incroyable qui ferait s'envoler les kilos superflus. Le mythe de la "pilule qui fait maigrir sans effort" ne date pas d'hier. Et ce n'est pas "Plenity" qui viendra y mettre fin.
Un gel qui gonfle pour occuper un quart de l'estomac
Imaginée par la biotech américaine Gelesis, cette pilule destinée aux personnes obèses ou en surpoids vient d'être approuvée par la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité américaine de régulation du médicament. Elle a pour but de diminuer l'appétit grâce à un procédé mécanique simple. Ingéré avant le repas, le comprimé libère un gel hydrophile, qui gonfle en capturant les molécules d'eau dans l'estomac. Il produit une sorte de ballon qui donne l'impression d'avoir moins faim et qui remplit environ un quart de l'estomac sans contenir aucune calorie. Le gel, composé de cellulose et d'acide citrique, est ensuite éliminé naturellement par les voies digestives.
Gelesis affirme que son dispositif a permis aux patients de perdre en moyenne 10% de leur masse corporelle en six mois. Une de leurs études publiée dans la revue Obesity en 2018 montre également qu'utiliser cette pilule augmentait par deux les chances de perdre 5 à 10% de sa masse corporelle. Le produit a été approuvé pour les personnes avec un IMC supérieur ou égal à 25. Pour ces derniers, les programmes nutritionnels et l'activité physique demeurent la seule solution. En effet, aux Etats-Unis, la chirurgie bariatrique (la chirurgie destinée aux personnes en fort surpoids, NDLR) s'adresse aux malades présentant un IMC d'au moins 30. En France, l'IMC requis pour un anneau gastrique, une ablation d'une partie de l'estomac ou un bypass est d'au moins 40.
Pareil qu'une demi-barquette de tomates cerise
"Clairement, ce n'est pas une pilule miracle", commente le Dr Jacques Fricker, médecin nutritionniste à l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP) et auteur de Tout sur les compléments alimentaires. "Le point positif, c'est que ce produit ne présente pas d'effets toxiques car il ne pénètre pas dans la circulation sanguine. Mais il ne remplace absolument pas une approche de régime." Dans les études menées par Gelesis, la prise de la pilule était d'ailleurs associée à un déficit calorique de 300 calories par jours et une activité modérée quotidienne. Deux paramètres qui entrent aussi en compte dans la perte de poids.
"En réalité, on pourrait tout à fait remplacer cette pilule par une entrée, comme une demi barquette de tomates cerise. L'effet serait le même, voire meilleur. L'effort de mastication a un effet rassasiant, car le fait de mâcher indique au cerveau qu'on est en train de manger. Ensuite, les légumes prennent de la place dans l'estomac pour un montant très faible de calories, comme le gel de 'Plenity'. Et enfin, les légumes ralentissent l'assimilation des aliments dans les intestins, ce qui rend rassasie d'autant plus."
Le spécialiste souligne aussi les nombreux paramètres qui ont un rôle sur l'apparition de la sensation de satiété, mis à part la place occupée dans l'estomac. "Le nombre de calories ingérées joue un rôle, en particulier les protéines, qui rassasient le mieux. La texture est important également, puisque les aliments solides et mastiqués prennent plus de temps à être digérés. Mais aussi le temps pris pour manger, puisque la sensation de satiété n'arrive pas immédiatement."
Difficile de se sentir rassasié
Surtout, pour que "Plenity" fonctionne, la condition sine qua non reste d'arrêter de manger quand nous n'avons plus faim. Pas forcément évident... De récents travaux belges et français parus dans la revue Nature Communications montraient que les personnes obèses ne ressentent pas la sensation de satiété au même moment que les autres à cause de la consommation excessive de graisses. Ces dernières bloquent le message de satiété porté par une enzyme nommée NAPE-LD. Il n'arrive pas jusqu'à l'hypothalamus. "Un régime riche en graisses altère l'axe intestin-cerveau. Résultat, le corps ne réagit plus correctement à cette surconsommation de gras, l'appétit n'est plus régulé et le sujet grossit", expliquent les chercheurs. Un cercle vicieux dont il est difficile de sortir. Et la pilule "Plenity" ne répond pas non plus aux problèmes génétiques ou à la compensation des émotions négatives par la prise alimentaire.
Le marché, lui, s'annonce florissant. Aux Etats-Unis, 40% des adultes sont obèses (avec un IMC supérieur ou égal à 30) selon le Journal of the medical association (JAMA). Dans le monde, 39% de la population est en surpoids et 13% est considérée comme obèse par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Pour l'instant, la société n'a pas communiqué de prix pour son produit, qui sera disponible dès 2020 dans les pharmacies américaines et distribué sur ordonnance d'un médecin.
(Un airbag dans votre estomac, sérieux, vous aimeriez ? Big pharma crée combien de médicaments à la minute qui sont complètement inutiles et sans doute dangereux pour la santé. Que la FDA ait donné son autorisation n'est plus une référence depuis longtemps depuis qu'elle suit "bizarrement", les souhaites des industries, parfois, sans contrôle, se contentant de recopier les études fournies par ces industries. Mais, même en Chine, on sait que la FDA accorde des passe-droits, à mon avis, seuls les pingouins ne le savent pas. note de renéà
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