« Pour l’instant, les Français ne veulent pas des voitures 100 % électriques »
Recueilli par Clément Grillet , le 02/01/2019 à 19h17
Mis à jour le 02/01/2019 à 19h18 source : La Croix
Alors que le marché de l’automobile enregistre une bonne année 2018, Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem, estime que l’année qui s’ouvre sera moins florissante.
La Croix : Comment se porte le marché automobile français ?
Flavien Neuvy : 2018 aura été une excellente année pour les ventes de voitures neuves en France, avec une hausse de 3 % selon le Comité des constructeurs français d’automobiles. On compte ainsi plus de 2,173 millions d’immatriculations de véhicules particuliers neufs, ce qui est très au-dessus de la moyenne du marché français sur ces vingt dernières années. Cela tournait plutôt autour de 2,04 millions. Le rythme de vente est donc très élevé.
Les constructeurs français s’en sortent particulièrement bien. Cela traduit le fait que leur gamme de produits répond aux attentes des automobilistes, en particulier sur le segment star du moment : les crossovers et les SUV.
Cette tendance peut-elle se poursuivre en 2019 ?
F.N. : Non, l’année prochaine marquera une inflexion par rapport aux très bonnes dernières années. Nous anticipons un début de repli, avec un recul des ventes de 4 à 5 %.
La corrélation est très forte entre le niveau de croissance et les ventes de voitures neuves. Les entreprises investissent moins et renouvellent moins souvent leur flotte quand la croissance ralentit. On peut aussi anticiper une stabilisation des ventes du côté des particuliers.
Depuis le 1er janvier, la prime à la conversion pour les ménages non imposables qui se débarrasseront d’un vieux véhicule essence ou diesel est doublée à 4 000 €. 2019 pourrait-elle ainsi devenir l’année des voitures électriques ?
F.N. : Les ventes de voitures électriques vont progresser, mais cela restera extrêmement marginal par rapport au volume global des ventes. Ce qui est très frappant, c’est que la baisse des ventes de diesel ne profite pas du tout à celles de voitures 100 % électriques. Elles ne décollent pas, alors même que l’État met des moyens considérables sur la table, avec un bonus écologique de 6 000 €, des surprimes à la conversion si vous achetez un véhicule électrique… Mais pour l’instant les Français n’en veulent pas.
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Pour quelles raisons ?
F.N. : Même avec les bonus et les primes à la conversion, la voiture électrique a encore l’image d’une voiture plus chère que les autres, avec une autonomie limitée. Pour les automobilistes, cela revient à acheter une voiture plus chère et moins performante, ce qui les refroidit.
Il y a également un problème majeur sur lequel nous n’avons pas de réponse claire : le déploiement des bornes de recharge sur la voie publique. Elles augmentent, mais il n’y en a toujours pas suffisamment pour rassurer les automobilistes. On ne sait pas bien qui doit les déployer et qui va payer car cela coûte extrêmement cher. Ce n’est pas le travail des constructeurs, l’État n’a pas forcément les moyens de le faire ou en tout cas ne le fait pas directement, et les collectivités territoriales ont des problèmes financiers qui font que ce ne doit pas être leur priorité.
Les primes à la conversion peuvent-elles être bénéfiques pour les constructeurs ?
F.N : C’est toujours bon à prendre, mais elles favorisent aussi l’achat de véhicules d’occasion. Ces mesures sont très ciblées, contrairement à la prime à la casse que l’on a connu par le passé où tout le monde était concerné. En revanche, c’est une très bonne mesure pour améliorer la qualité de l’air dans les villes. Elle est bien calibrée car elle cible vraiment les vieux véhicules pour être efficace.
Recueilli par Clément Grillet
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