Le rythme des agressions contre l’Eglise orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou s’est accéléré depuis le Maïdan en 2014. En 4 ans, 50 églises ont été transférées par la violence et en toute illégalité du Patriarcat de Moscou à l’Eglise renégate de Filaret. En ce sens, les démarches du Patriarche de Constantinople ne peuvent qu’aggraver la situation, ce que vient de démontrer cette dernière prise par la violence, hier, de l’église orthodoxe de la région de Ivano-Frankovsk, faisant plusieurs blessés au passage. Dans tous les cas de ce genre, l’on note une collusion entre le groupe extrémiste Secteur droit, les forces de l’ordre et les renégats. Et aucune réaction sérieuse de la communauté internationale, qui laisse ces crimes se dérouler dans la plus grande indifférence. A moins que cela ne corresponde à certains intérêts.
Hier, en pleine journée, à 13h, les croyants ont aperçu un groupe d’hommes musclés et des villageois sont arrivés pour tenter d’empêcher les membres de Secteur droit de s’emparer de l’église de la Sainte Trinité dans la région de Ivano-Frankovsk, en Ukraine. Mais les radicaux sont passés par une porte latérale qui mène à l’école de musique, ont brisé les fenêtres et les portes, ont pénétré dans l’église et agressé physiquement les croyants, faisant plusieurs blessés, dont un violemment à la tête, et le prêtre a le bras cassé. Tous les croyants ont été mis dans la rue et les radicaux ont changé les serrures, s’appropriant de facto l’église, dans la plus pure tradition des bandits ou des mafieux. Cela s’est passé tellement vite, qu’il n’a pas été possible de le fixer en images.
Rappelons que cela intervient alors que le Métropolite de Kiev Onufrii a refusé de rencontrer les envoyés américains et canadiens du Patriarche de Constantinople. Ce qui est certainement une coïncidence.
Mais voici d’autres cas en vidéo:

Depuis 4 ans, 50 églises ont été de prises de cette manière à l’Eglise orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou et transférées aux renégats de Filaret. Entre mai et août 2018, l’on recense 6 cas, dont deux seulement ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête pénale – qui n’a débouché sur rien à ce jour.
Un rapport a été remis à l’OSCE par l’ONG Public Advocacy sur les persécutions subies par l’Eglise orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou, rapport qui lui non plus n’a débouché sur rien:
Durant cette période (2013-2015), il a enregistré plus de 120 attaques, dont 36 contre des églises du Patriarcat de Moscou, 13 incendies volontaires d’églises et 13 agressions contre des ecclésiastiques de la part des radicaux.
Dans tous les cas, les gros bras sont prêtés par les groupes extrémistes au profit de cette « Eglise nationaliste » que le Patriarche de Constantinople, avec l’appui des Etats-Unis et du Canada ont la folie de vouloir reconnaître.
Voici quelques vidéo illustrant leurs crimes.
Tourk, région de Lvov, septembre 2014

Village de Pyichié, décembre 2015

 Septembre 2015, région de Ternopol: ici il y a eu 15 blessés, suite à l’action commune de la police, de la Garde nationale et des renégats
Toujours dans cette région le 26 avril, dans le village de Kolossov: les croyants et les habitants se sont battus contre plus de 60 radicaux de Secteur droit et ont réussi à garder leur église après toute une journée d’affrontements
Parfois aussi les uniates tentent, eux aussi avec l’aide de Secteur droit, de prendre possession des églises orthodoxes du Patriarcat de Moscou, ressortant les mêmes « arguments » que les radicaux, dont le principal est que tout prêtre de cette Eglise ne peut être qu’un agent des services spéciaux russes, voir la vidéo ci-dessous dans le village de Kolomy:

Pour les russophones, voici un reportage sur la tragédie de la persécution menée contre l’Eglise orthodoxe ukrainienne et donc contre les gens, tous ceux qui simplement croient, viennent prier et sont victimes d’agression, dans leur pays, uniquement en raison de leur croyance.
Et tout cela se passe dans l’indifférence internationale la plus totale, parce que la communauté internationale a pris le parti de l’Ukraine, sans recul, sans réflexion, simplement parce que dans un jeu géopolitique atlantiste, cela était alors « nécessaire » vue son allégeance. Et maintenant, comment reconnaître que l’on a soutenu – et que l’on soutient – des fanatiques, des extrémistes sans remettre en cause les choix qui ont été fait il y a quatre ans?
L’Europe va-t-elle laisser une guerre de religion se développer à ses portes, en Ukraine, briser totalement un pays déjà à l’agonie pour simplement ne pas révéler sa propre turpitude? A moins qu’elle ne couvre volontairement des mouvements qu’elle approuve?
Karine Bechet-Golovko