Les suicides déciment toujours le monde agricole en France
Par : Sarantis Michalopoulos | EURACTIV.com | translated by Méline Gadji
Le nombre de suicide chez les agriculteurs français culmine à des niveaux alarmants depuis plus de 40 ans. Une situation que les politiques de soutien ne parviennent pas à enrayer.
Un suicide tous les deux jours. Chez les agriculteurs français, ce chiffre se confirme chaque année à l’occasion de la publication du rapport de Santé publique France.
Cette année, l’enquête couvre la période 2010-2011 et souligne que « le taux de mortalité par suicide des agriculteurs français est supérieur de 20% à celui de la population générale et de 30 % pour la seule catégorie des éleveurs de vaches laitières». Les victimes sont en particulier des hommes âgés de 45 à 54 ans.
Pour Nicolas Deffontaines de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), les « petits exploitants » se suicident « davantage que les gros ». La surreprésentation des agriculteurs dans les taux de suicide est un phénomène « stable », qui dure « depuis au moins quarante ans ».
En cause, des revenus agricoles insuffisants pour vivre. Selon notre partenaire Ouest-France, plus de 30 % des agriculteurs gagnent moins de 350 € par mois. L’enquête indique également que le plus grand nombre de suicides « a été observé pendant les mois où les prix du lait ont atteint leur record le plus bas ».
Pour ne rien arranger, la Commission européenne a proposé en juin de réduire de 5 % le budget de la PAC après 2020. L’exécutif affirme en effet préférer donner la priorité au pilier des paiements directs pour garantir le revenu des agriculteurs et ne pas affecter les petits exploitants.
Mais cette justification n’est pas suffisante aux yeux des paysans, qui ont le sentiment de devoir travailler toujours plus pour gagner moins, tout en se conformant à des règles de protection de l’environnement plus strictes.
Plus de reconnaissance
Pekka Pesonen, secrétaire général de la Copa-Cogeca, syndicat et coopérative agricole au sein de l’UE, a déclaré que les suicides dans la communauté agricole française constituaient un « sérieux rappel » des difficultés qu’endurent les agriculteurs et leurs familles.
« L’aide [directe] aux familles d’agriculteurs est la bienvenue, mais elle ne compense pas la situation économique catastrophique, ni les attaques tout à fait injustes à l’encontre de l’agriculture et de la vie rurale que nous avons pu observer ces dernières années. »
« Les agriculteurs français, comme toute la communauté agricole de l’UE, méritent une meilleure reconnaissance de leur travail. » a conclu Pekka Pesonen.
(Comme en Inde, 250.000 suicides en 2016. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, il faut qu'ils se dégagent de l'agriculture industrielle ou mourir parce que derrière, c'est l'agro-business qui reprend les terres comme par hasard. note de rené)
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