La Pologne achète pour 20 ans de gaz naturel liquéfié américain
La Pologne, on le sait, veut s’affranchir du gaz russe. Sa compagnie gazière nationale vient de signer ce mercredi un contrat sur 20 ans pour importer des cargaisons de gaz naturel liquéfié des Etats-Unis, et elle annonce qu’il sera 20 % moins cher.
C’est un pas supplémentaire de la Pologne vers l’indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Et surtout un beau coup politique, à quatre jours des élections locales. Le contrat annoncé en juin est signé pour une partie des volumes. A partir de 2022 et pendant 20 ans, la compagnie nationale polonaise PGNiG importera 2,7 milliards de m3 annuels de gaz naturel liquéfié (GNL) des Etats-Unis, auprès de Venture Global LNG, un fournisseur de Louisiane.
Moins cher que le gaz russe… aujourd’hui
La Pologne affirme que ce GNL américain sera moins cher que le gaz russe. La compagnie polonaise ne peut pas révéler la teneur exacte du contrat et elle joue sans doute sur les mots. « Il se peut qu’aujourd’hui, le prix du gaz liquéfié américain soit inférieur de 20 % à celui que la Russie livre à la Pologne. Le gaz américain est tellement abondant qu’il vaut aux Etats-Unis 3 dollars le million de Btu. On arrive théoriquement au maximum à 7 dollars et demi avec la liquéfaction et le transport par méthanier, comparé à 8 à 9 dollars sur le marché européen », calcule la spécialiste du gaz du cercle Cyclope, Sylvie Cornot-Gandolphe. Le prix du gaz russe reflète en partie ce marché européen. Et la Pologne n’a peut-être pas totalement renégocié ses tarifs avec Gazprom qui a longtemps abusé de sa position dominante dans ce pays. Mais à long terme, le gaz russe est imbattable, estime Philippe Sébille-Lopez, de Géopolia. « Gazprom peut jouer sur les volumes et les prix et dispose des tuyaux ».
2022 : Echéance du contrat avec Gazprom
Alors la Pologne pourra-t-elle vraiment se passer du gaz russe comme elle le promet en 2022 ? C’est la date d’arrivée des premières cargaisons de GNL américain, mais aussi la date d’échéance du contrat avec Gazprom. Même si le Congrès aux Etats-Unis étudie une proposition de loi qui permettrait de subventionner des projets énergétiques américains s’ils éloignent l’Europe du gaz russe, on a du mal à imaginer que la Pologne puisse se passer totalement du gaz de son voisin : 10 milliards de m3 de gaz par an, 63 % de son approvisionnement actuel. Le GNL américain (2,7 milliards de m3 à partir de 2022) ou qatarien (déjà 2,7 milliards de m3) n’y suffira pas. Il y a bien un projet de gazoduc avec la Norvège (9 milliards de m3 espérés) mais il n’est pas du tout acquis. Au mieux la Pologne ne re-signera pas de contrat avec Gazprom mais « elle se servira de la molécule européenne » que lui fourniront ses voisins de l’UE, et dedans il y aura probablement du gaz russe.
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