mercredi 4 juillet 2018


Des bactéries pourraient créer une atmosphère respirable sur Mars
Phane Montet source : Usbek et Rica

Respirer sur Mars, sans son casque de cosmonaute : non, ce n’est pas de la science-fiction, mais une perspective bien réelle que pourrait nous apporter une cyanobactérie pouvant vivre dans des conditions extrêmes et rejetant de l’oxygène. Une étude publiée dans la revue Science le 15 juin montre que cette petite bactérie pourrait permettre de créer de l’air respirable sur la planète rouge, mais aussi aider à repérer des traces de vie extraterrestre.
Chroococcidiopsis thermalis : derrière ce terme un peu barbare se cache peut-être la clé de l'habitabilité de Mars. Cette espèce de cyanobactérie vit dans des lieux très inhospitaliers et survit en utilisant la photosynthèse, c’est-à-dire qu’elle transforme les rayons du soleil en énergie, tout en rejetant de l’oxygène au passage.
L'énergie de l'infrarouge
Pour vivre dans des milieux aussi hostiles – et peu lumineux – que le fond de l’océan, ces types de cyanobactéries utilisent une forme de chlorophylle particulière, le chlorophylle-f pour convertir la lumière rouge, voire l’infrarouge (qui sont les rayons du soleil les moins puissants), en énergie. C'est ce qu'ont mis en évidence des chercheurs qui ont publié leurs résultats le 15 juin dans la revue Science. « À la lumière normale, ces types de cyanobactéries sont complètement normales, dit le professeur Elmars Krausz, co-auteur de l’étude, dans un communiqué de pressemais quand le niveau de lumière est bas, et qu’il n’y a que de la lumière rouge, elles utilisent une forme de photosynthèse complètement différente mais efficace ». Testé à l'extérieur de la Station spatiale internationale, ces bactéries ont même survécu dans l’espace.
Il y a 2,5 millions d’années, ces cyanobactéries ont déjà participer à la création d’une atmosphère respirable sur Terre, alors pourquoi pas sur Mars ? 

« Ce travail redéfinit le minimum d’énergie en lumière nécessaire pour le processus de photosynthèse », constate Jennifer Morton, une chercheuse australienne et co-autrice de l’étude. Cette version particulière de la photosynthèse, utilisant ce fameux chlorophylle-f pourrait être utile sur Mars pour rejeter de l’oxygène dans l’atmosphère avec le peu de lumière arrivant sur la planète. Il y a 2,5 millions d’années, ces cyanobactéries ont déjà participer à la création d’une atmosphère respirable sur Terre, alors pourquoi pas sur Mars ? « Cela peut ressembler à de la science-fiction mais des agences spatiales et des compagnies privées du monde entier sont en train d’essayer de transformer cette potentialité en réalité, pour un futur plutôt proche », assure Elmars Krausz. 

Indices de vie extraterrestre
Autre particularité de cette grande découverte : la chlorophylle utilisée par ces bactéries durant le processus de photosynthèse possède un pigment différent des autres, d’où son nom de chlorophylle « rouge ». Cela pourrait permettre aux chercheurs de mieux identifier les signes de vie extraterrestres sur d’autres planètes et savoir quoi chercher exactement, plutôt que où chercher. « Chercher ce signe fluorescent de ces pigments pourrait nous permettre d’identifier de la vie extraterrestre », dit encore Jennifer Morton dans le communiqué. 
Tout ça grâce à une bactérie au processus étonnant, qu’on peut trouver « dans notre jardin, sous un rocher »

De quoi accélérer la quête de vie déjà bien avancée des exobiologistes. Début juin, le robot Curiosity de l’agence spatiale américaine avait identifié de nombreuses molécules organiques sur notre planète voisine, indice encore non définitif d'une vie passée sur Mars. La preuve ultime viendra peut-être de ces petites bêtes spécialistes de l'infrarouge. Et tout ça, grâce à une bactérie au processus étonnant, qu’on peut trouver « dans notre jardin, sous un rocher », comme l’indique Jennifer Morton.

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Image à la Une : Extrait de la série Missions (© Empreinte digitale).

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