Pendant qu’Etats-Unis, et Union européenne s’affrontent via taxes sur acier et aluminium, les pays de l’ex-URSS – tels que l’Azerbaïdjan – avancent chaque jour un peu plus dans le domaine gazier. Tentant de se tailler la part du lion sur l’échiquier énergétique mondial et sur le gigantesque marché énergétique européen. Une option qui vise notamment à réduire la dépendance de l’Europe au gaz russe, alors que les pays membres de l’UE se voient contraints ces dernières années d’accroître leurs achats auprès de la Russie, malgré les objectifs énoncés par Bruxelles.
Mise en place d’un corridor gazier
L’Azerbaïdjan a ainsi inauguré mardi un gazoduc d’une importance géo-stratégique majeure. Ce pipeline constitue en effet une étape fondamentale de la mise en place d’un véritable “corridor gazier” alimentant l’Europe par le sud.
Ce projet – dénommé Southern Gas Corridor – de 40 milliards de dollars doit à terme donner accès aux pays européens aux ressources de la mer Caspienne.
Lors d’une cérémonie retransmise à la télévision – signe de l’importance du dossier pour le gouvernement – le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a salué la création d’”une nouvelle carte énergétique de l’Europe”.
Ce projet est mis en oeuvre dans un contexte de forte coopération régionale entre l‘Azerbaïdjan, la Turquie et la Géorgie“, a insisté le chef d’Etat, qui a également remercié les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Union Européenne pour leur soutien.
Ce projet est mis en oeuvre dans un contexte de forte coopération régionale entre l‘Azerbaïdjan, la Turquie et la Géorgie“, a insisté le chef d’Etat, qui a également remercié les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Union Européenne pour leur soutien.
Azerbaïdjan et Turquie, deux pays cruciaux pour le transit gazier
A une cinquantaine de kilomètres de la capitale Bakou, le président a ainsi officiellement ouvert les vannes au terminal de Sangacal – situé sur la mer Caspienne – du tronçon du gazoduc devant rejoindre la Turquie, pays d’où doit partir un autre pipeline à destination de l’Europe, dénommé TANAP.
Les premières livraisons vers l’Europe du gaz issu du gigantesque gisement Shah Deniz devraient débuter en 2020. Le “corridor” devrait à terme permettre d’acheminer 10 milliards de mètres cubes de gaz par an vers l’Europe et six milliards vers la Turquie.
Southern Gas Corridor : un ensemble de gazoduc stratégique
Le projet du “Southern Gas Corridor” rassemble trois gazoducs devant acheminer en Europe du gaz provenant de gisements offshore azerbaïdjanais via la Turquie, la Grèce, l’Albanie et la mer Adriatique.
Le réseau devra au final parcourir au total 3.500 kilomètres en traversant sept pays. Une douzaine de grandes entreprises énergétiques participe au projet pour un investissement total d’environ 40 milliards de dollars.
Les voies d’acheminement se composent de trois segments : le gazoduc du Caucase-sud (SCP), qui doit relier les gisements de la mer Caspienne à la Turquie, le gazoduc Trans-Anatolien (TANAP), prévu pour achèvement en 2018, et le gazoduc Trans-Adriatique (TAP) dont le tronçon final aboutit dans les Pouilles, en Italie, et qui devrait être opérationnel d’ici 2019.
Rappelons qu’en mai 2016, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a inauguré les travaux de construction de la partie grecque du TAP, longue de 550 kilomètres.
L’Azerbaïdjan doté d’importantes ressources gazières via Shah Deniz
“Les réserves de gaz confirmées de l’Azerbaïdjan sont de 2.600 milliards de m3.
A noter que parallèlement à la construction des trois segments de gazoduc, le corridor sud a nécessité le développement du gisement azerbaïdjanais de Shah Deniz 2, le forage de puits et le démarrage de la production de gaz offshore dans la mer Caspienne, ainsi que l’expansion de l’usine de traitement de gaz naturel du terminal de Sangacal.
Selon les experts d’Azerbaïdjan, ce projet pourrait permettre à leur pays de devenir un acteur majeur dans le gaz, lequel détient d’importantes ressources en hydrocarbures.
Déplorant que depuis 2007 l’Azerbaïdjan ne vende son gaz qu’au niveau régional, ils estiment que cette nouvelle infrastructure permettra de fournir chaque année davantage de gaz et que dans dix ans, le pays pourra exporter annuellement 31 milliards de mètres cubes de gaz.
Réduire la dépendance au gaz russe
Malgré les vœux pieux de l’Union européenne en faveur d’une réduction de sa dépendance au gaz russe, il n’en demeure pas moins que la consommation européenne d’hydrocarbures en provenance de Russie ne cesse de croître d’année en année. La part de marché du gaz russe affichait ainsi en 2017 un taux de 35% dans l’UE des 28. En Allemagne, le ratio approche les 60% !
Les projets de gazoducs Turkish Stream et North Stream 2, qui contournent l’Ukraine, pourraient encore renforcer cette dépendance. Nous en reparlerons prochainement.
Sources : AFP
Elisabeth Studer – 03 juin 2018 – www.leblogfinance.com
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