Attaques à l’acide. Éviter le pire grâce à un geste simple
Angéline Plebanskyj rédigé le 25 septembre 2017 à 17h32
Si les agressions par projection d’acide sulfurique, généralement au visage, se multiplient, elles restent rares. Il faut toutefois garder à l’esprit que ce risque existe, même en France. Nous allons voir ce qu’il faut faire lorsqu’on subit une telle attaque, car il est possible d’en diminuer largement les effets.
La production à échelle industrielle de l’acide sulfurique (aussi connu sous le nom de « vitriol ») et de l'acide chlorhydrique a engendré un nouveau risque pour les populations à travers le monde. Tout un chacun a pu acheter des produits domestiques de nettoyage en contenant. Et certains, ici et là, ont commencé à les utiliser comme une arme, pour se défendre ou attaquer, même parfois des inconnus dans la rue.
Certes, on retrouve des traces de cette pratique dés le milieu du 19ème siècle en France ou en Grande-Bretagne mais la pratique avait peu ou prou disparu en Europe avant de refaire son apparition il y a quatre cinq ans. Ces attaques avaient alors le plus souvent pour objet des conflits amoureux (les mal nommés "crimes d'honneur") : la vengeance de femmes pour cause de grossesse hors mariage ou de tromperie, le fait d’hommes jaloux ou qui s’étaient vu opposer un refus à leur demande en mariage... Ou encore des différends relatifs à des questions de propriété. Bien que les auteurs de ces actes de barbarie invoquent encore aujourd'hui parfois de tels prétextes, les motivations se diversifient et des personnes se sont vus défigurées pour un simple conflit entre automobilistes....
Un essor pour l’instant circonscrit
Les attaques à l’acide ont explosé ces dernières années en Grande-Bretagne, avec près de 700 en 2016, dont 431 rien qu'à Londres (170 de plus qu’en 2015), selon les données de la Metropolitan Police. Le 23 septembre dernier encore, six personnes ont été blessées dans une attaque à l’acide dans l’Est londonien dans un centre commercial. Il convient toutefois de relativiser cette augmentation dans la mesure où la plupart de ces agressions seraient liées à des rivalités entre gangs de la capitale ou à des affaires de délinquance (drogue, vol). Ce qui explique certainement pourquoi, à Londres, les hommes seraient plus touchés que les femmes, contrairement à ce qui se passe dans le reste du monde.
En 2002, le Bangladesh a adopté deux lois, l’une relative au contrôle des acides et l’autre portant sur la prévention des attaques. Ces textes visent à sanctionner les personnes impliquées dans les agressions ainsi qu’à limiter l’importation et la vente des acides. La sévérité des sanctions qui y sont prévues, qui peuvent aller jusqu’à la peine de mort, explique certainement la baisse significative des attaques dans le pays depuis cette date (diminution de 20 % par an depuis 2002 selon un rapport de 2011 du Centre mondial Avon pour les femmes et la justice). Un recul des agressions est également observé au Cambodge et en Colombie, pour les mêmes raisons. Il semble donc qu’il y ait un lien entre le nombre d’agressions et la réponse apportée à ces actes par les États.
La réponse de la Grande-Bretagne, devant la recrudescence récente des attaques sur son sol, pourrait donc passer par l’adoption d’une réglementation plus punitive. Et cela vaut pour tout pays affecté. La France n’est hélas plus épargnée par ces attaques. Tout récemment, quatre Américaines ont été agressées à la gare Saint-Charles à Marseille. Le risque est donc réel. Toutefois, il reste minime. Mais parce que ce risque existe, mieux vaut être bien informé. Nous allons donc maintenant vous exposer les gestes qui sont prioritaires en cas d’attaque pour que les dommages, à la fois physiques et psychologiques, puissent être réduits.
Ce qu’il faut faire en cas d’attaque à l'acide
Le premier réflexe est de verser de l’eau sur les parties du corps brûlées par l’acide (quel qu’il soit : sulfurique, chlorhydrique ou nitrique) pour les refroidir. Ce refroidissement à l’eau (aussi appelé cooling) est utilisé tant pour les brûlures thermiques que chimiques. Si le visage n’est pas la seule partie du corps touchée par l’acide, il faut également immédiatement retirer tout ce qui aurait été contaminé par le produit, comme les vêtements, bijoux, montres, chaussures, etc., car tout ce qui est touché par l’acide et qui reste en contact avec la peau continue à la brûler. De la même manière, la personne qui verse l’eau sur la victime doit veiller à se protéger par tout moyen à sa disposition (par exemple linge, sac plastique, etc.) pour ne pas provoquer de nouvelles brûlures, que ce soit à elle-même ou à la victime.
L’acide est une substance concentrée que l’eau permet de diluer, mais une faible quantité d’eau ne suffit pas : il faut très largement asperger les zones concernées. Certains experts précisent qu’il faut utiliser au moins 30 litres d’eau, d’autres parlent d’une durée d’au moins 30 minutes. L’eau du robinet peut parfaitement être utilisée, à condition qu’elle ne soit pas trop fraîche. Idéalement, l’eau utilisée devrait être d’une température de 15 à 18 degrés(entre 10 et 25 degrés, c’est acceptable).
Le cooling doit être impérativement effectué le plus rapidement possible après l’attaque. A l'arrivée à l'hopital il pourrait être trop tard. Chaque minute compte, car l’acide peut causer de sévères brûlures cutanées, pouvant même entraîner la cécité dans les cas les plus graves. Le fait d’appliquer l’eau sur la brûlure chimique va diluer le produit nocif et ainsi permettre de réduire l’importance de la brûlure. Cela va également permettre de limiter la douleur. Mais encore faut-il que l’efficacité de ces gestes essentiels ne soit pas anéantie…
Ce qu’il ne faut pas faire
Il ne faut pas commencer par appeler le SAMU, mais procéder immédiatement au cooling, qui ne doit pas être arrêté avant l’arrivée des secours. L’eau ne doit pas être versée directement sur les brûlures, mais à une distance d’environ 15 centimètres, de manière à ce que l’eau ruisselle sur la plaie. Il ne faut pas non plus frotter la peau, au risque d’étendre la plaie ou d’en créer de nouvelles.
L’eau versée sur la peau ne doit pas être trop fraîche, car cela pourrait entraîner l’hypothermie de la victime. Cela signifie qu’il ne faut pas non plus appliquer de glace sur la peau, comme l’indique en 2015 le Dr Éric Dantzel (chirurgien-plasticien) dans une interview, car la glace augmente la vasoconstriction (c’est-à-dire le rétrécissement des vaisseaux sanguins), ce qui entraînerait un élargissement de la plaie.
Il est essentiel de n’appliquer aucun produit (antiseptique, crème anti-brûlure, beurre, graisse, etc.) sur les brûlures, pour éviter toute réaction chimique imprévisible. On doit également empêcher la victime de toucher son visage, car elle risquerait ainsi d’endommager ses mains et d’autres parties de son corps.Enfin, il est préférable de ne rien administrer à la victime et laisser le soin de la suite du traitement aux secours.
En définitive, même si une attaque à l’acide reste traumatisante à bien des égards, il est possible, avec de bons gestes et une grande réactivité, d’en limiter l’impact de manière non négligeable.
Ayez-en bien conscience et partagez cette information autour de vous, d'autant qu'elles sont également valables pour les brûlures à l'acide de type domestique : cela pourrait s'avérer utile à tout un chacun !
Ces conseils ne vous dispensent pas de consulter en premier lieu un médecin pour établir un diagnostic. Vous pouvez également vous faire accompagner par un thérapeute en médecine complémentaire. Pour en trouver un près de chez vous, rendez-vous sur annuaire-therapeutes.com
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