mardi 13 mars 2018


Des bactéries terrestres renforcent l'hypothèse d'une vie martienne
Vincent Lucchese 







La planète mars vu depuis l'espace. Rouge donc. Ou plutôt orangée en fait.


Des bactéries capables de survivre dans des conditions terrestres extrêmes, proches de celles que l’on peut trouver sur Mars, ont été découvertes. Leur capacité à rester longtemps en sommeil dans l’attente de jours meilleurs augmente les espoirs des scientifiques de trouver un jour des bactéries martiennes encore bien vivantes.
Il y a quelques jours, une étude américaine suggérait que l’humanité était prête à accueillir avec enthousiasme l’annonce de l’existence d’une vie microbienne extraterrestre. Ça tombe plutôt bien car cette hypothèse est de plus en plus plausible.
Des bactéries recroquevillées dans le désert
Une équipe internationale dirigée par le planétologue Dirk Schulze-Makuch, de la Washington State University (WSU) a découvert une série d’espèces bactériennes vivant recroquevillées dans la terre aride du désert chilien d’Atacama. Leur étude, publiée le 26 février dans la revue PNAS, suggère que l’hyperaridité de ces milieux, comparable à celle régnant sur Mars, laisse espérer que la vie microbienne puisse également survivre sur la planète rouge.


« Ça m'a toujours fasciné d'aller là où tout le monde pense que rien ne peut survivre et de découvrir que la vie a, d'une façon ou d'une autre, trouvé un chemin », raconte Dirk Schulze-Makuch en référence à la morale de Jurassic Park. (Crédit : Dirk Schulze-Makuch)

Le désert d’Atacama est réputé pour être l’un des lieux les plus secs sur Terre. Plusieurs décennies peuvent s’écouler sans qu’il n’y tombe une goutte d’eau et certaines régions n’auraient plus connu de pluie depuis 400 ans. Ce qui rend quand même de ce désert « 250 fois plus aride que le Sahara », souligne le site Futura Sciences.
« C’est vraiment la première fois que quelqu’un a pu identifier une forme de vie persistante sur le sol du désert d’Atacama » 

Recueillant des échantillons de sol avec leurs instruments soigneusement stérilisés, les scientifiques y ont donc répertorié plusieurs espèces indigènes. Lors d’un épisode pluvieux exceptionnel en 2015, ils ont constaté l’explosion de cette vie bactérienne et ont pu observer leur retour progressif à un état « dormant » avec le retour de la sècheresse les années suivantes. « Des chercheurs avaient trouvé par le passé des organismes agonisant près de la surface et des fragments d’ADN, mais c’est vraiment la première fois que quelqu’un a pu identifier une forme de vie persistante sur le sol du désert d’Atacama », se réjouit Dirk Schulze-Makuch dans un communiqué de la WSU.

La survie possible sur Mars
Sur Mars, les conditions sont plus difficiles encore que dans le désert chilien. Il y fait encore « plus sec et bien plus froid », reconnaît le communiqué, qui souligne malgré tout que le climat martien fut jadis bien plus clément.
« Si la vie a déjà évolué sur Mars, notre étude suggère qu’elle aurait pu trouver une niche sous la surface aujourd’hui extrêmement aride » 

Il y a 4 milliards d’années, Mars possédait probablement un océan d’eau aussi vaste que l’Atlantique, rapportait une étude internationale publiée dans Scienceen 2015.



Cet océan s’est aujourd’hui évaporé mais certains zones ont pu rester humide pendant un certain temps et on sait que de l’eau sous forme gelée persiste aujourd’hui sur Mars. Suffisant pour que de coriaces bactéries survivent toujours dans certains recoins, dans l’attente de jours meilleurs ? Dirk Schulze-Makuch y croit : « Si la vie a déjà évolué sur Mars, notre étude suggère qu’elle aurait pu trouver une niche sous la surface aujourd’hui extrêmement aride ».
Les chercheurs ont tiré de leurs observations dans le désert la conviction que les bactéries pouvaient survivre - en sommeil - « pendant des centaines voire des milliers d’années dans des conditions similaires à celles qu’on pourrait trouver sur une planète comme Mars ». Reste à savoir si des bactéries martiennes ont déjà existé et si elles ont pu patienter sur l’échelle de temps encore plus longue des milliards d’années nous séparant du paradis martien perdu.


Horizon martien vu par la caméra panomarique du rover de la NASA Curiosity dans le cratère Endeavour. (© NASA/JPL-Caltech/Cornell)

La réponse à ces excitantes questions pourrait être apportée par les Européens. La mission ExoMars 2020, portée par les agences spatiales russe et européenne et dont nous vous parlions en mars 2017, devrait poser un Rover sur Mars en... mars 2021. On y a déjà repéré de l’eau et des molécules organiques. De nouvelles pièces du puzzle pourraient dans trois ans nous rapprocher du premier contact avec des extraterrestres. Une rencontre bactérienne, selon toutes probabilités.

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Image à la une : photo reconstituée de Mars par la NASA à partir d'une mosaïque d'images prises à 2500 km de distance. © NASA/JPL-Caltech

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