Les peptides miPEP, une nouvelle alternative aux pesticides
Par Léna Hespel I Publié le 21 Mars 2018 source : We Demain
Responsables de problèmes de santé et environnementaux, les pesticides industriels sont fortement critiqués. À l'occasion de la semaine sans pesticides, We Demain vous présente une alternative aux pesticides de synthèse.
Des produits phytosanitaires sont régulièrement pulvérisés dans les champs pour lutter contre des maladies, des insectes ou des "herbes folles" (Pixabay)
En 2008 le gouvernement français lançait le plan Écophyto pour réduire de 50% l’usage des pesticides. Mais entre 2008 et 2015, l’utilisation des produits phytosanitaire a augmenté de 22%. Alors que la 13ème édition de la semaine sans pesticides a débuté mardi 20 mars, des alternatives aux pesticides existent déjà, tandis que d’autres sont à l’étude.
En 2015 une équipe de recherche en sciences végétale à Toulouse a publié dans Nature une étude qui met sur le devant de la scène les peptides. Des molécules, présentes dans les organismes vivants, qui permettraient de remplacer les pesticides actuels.
En 2015 une équipe de recherche en sciences végétale à Toulouse a publié dans Nature une étude qui met sur le devant de la scène les peptides. Des molécules, présentes dans les organismes vivants, qui permettraient de remplacer les pesticides actuels.
DES PEPTIDES POUR STIMULER LES DÉFENSES DES PLANTES
Actuellement, des pesticides sont utilisés entre autres pour tuer des champignons, virus, ou insectes qui s’attaquent aux végétaux. Les plantes possèdent cependant une capacité de résistance naturelle à ces nuisibles.
Chez tous les organismes vivants, l'ADN produit des petites protéines, appelées peptides. Certains de ces peptides, nommés miPEP, stimulent naturellement les défenses immunitaires des plantes, comme le ferait un anticorps.
Dans l’étude, les chercheurs montrent que si l'on ajoute ces peptides à une plante, ses défenses sont stimulées. Elle serait donc capable, entre autres, de lutter d'elle-même contre des maladies. Cette découverte française, protégée par des brevets, permettrait de développer un tout nouveau genre de pesticide.
Les peptides peuvet être obtenus de deux façons : soit en le fabriquant avec des bactéries, soit par des réactions chimiques. Mélangé à un liquide, ils pourront être pulvérisés dans les champs, de la même manière que les pesticides actuels.
Cependant, contrairement à ces derniers, accusés notamment d'être des perturbateurs endocriniens ou d'être à l'origine de maladies, les peptides ne poseraient pas de problèmes environnementaux ou de santé humaine. Ces molécules, d'origine naturelle, sont en effet facilement dégradables. De plus, elles sont spécifiques, c'est-à-dire que leur action se cantonne à stimuler la plante, et n'aurait a priori aucun autre effet. En théorie, il ne devrait donc pas il y avoir de conséquences néfastes chez des organismes non visés, comme c'est actuellement le cas pour les abeilles. Les insecticides utilisés contre les insectes ravageurs touchent également ces butineuses car les produits utilisés agissent sur le système nerveux de tous les insectes et provoquent leur mort.
Chez tous les organismes vivants, l'ADN produit des petites protéines, appelées peptides. Certains de ces peptides, nommés miPEP, stimulent naturellement les défenses immunitaires des plantes, comme le ferait un anticorps.
Dans l’étude, les chercheurs montrent que si l'on ajoute ces peptides à une plante, ses défenses sont stimulées. Elle serait donc capable, entre autres, de lutter d'elle-même contre des maladies. Cette découverte française, protégée par des brevets, permettrait de développer un tout nouveau genre de pesticide.
Les peptides peuvet être obtenus de deux façons : soit en le fabriquant avec des bactéries, soit par des réactions chimiques. Mélangé à un liquide, ils pourront être pulvérisés dans les champs, de la même manière que les pesticides actuels.
Cependant, contrairement à ces derniers, accusés notamment d'être des perturbateurs endocriniens ou d'être à l'origine de maladies, les peptides ne poseraient pas de problèmes environnementaux ou de santé humaine. Ces molécules, d'origine naturelle, sont en effet facilement dégradables. De plus, elles sont spécifiques, c'est-à-dire que leur action se cantonne à stimuler la plante, et n'aurait a priori aucun autre effet. En théorie, il ne devrait donc pas il y avoir de conséquences néfastes chez des organismes non visés, comme c'est actuellement le cas pour les abeilles. Les insecticides utilisés contre les insectes ravageurs touchent également ces butineuses car les produits utilisés agissent sur le système nerveux de tous les insectes et provoquent leur mort.
Les deux photos représentent la même coupe latérale de racine. La couleur rouge révèle la présence naturelle d'un peptide, nommé miPEP171b, sur lequel les chercheurs ont travaillé (Crédit : Macmillan Publishers)
Suite à la publication de l'étude dans Nature, Philippe Combier et Dominique Lauressergues, deux chercheurs qui faisaient partie de l'équipe de recherche, et Thomas Laurent ont fondé Micropep Technologie . Une start-up qui souhaite à terme remplacer les pesticides de synthèse par une nouvelle génération d’intrants biologiques. Pour continuer leurs recherches, les trois fondateurs ont annoncé le 6 mars dernier avoir récolté 4 millions d’euros auprès d’investisseurs.
Le produit, constitué de peptides, est pulvérisé sur les plantes pour tester son efficacité (Crédit : Micropep)
Mais avant de voir arriver ces nouveaux pesticides dans les champs, des recherches sont encore nécessaires. Les chercheurs vont notamment continuer à identifier de nouveaux peptides. Il en existe en effet une multitude en fonction de la plante considérée et de la résistance recherchée. Les scientifiques vont donc dans un premier temps se constituer une « bibliothèque » de peptides. Les chercheurs vont ensuite travailler sur la formulation des produits pour que les agriculteurs puissent les utiliser.
En attendant, il existe bien d’autres alternatives aux pesticides de synthèse. Il est possible notamment d’utiliser des méthodes de biocontrôle. Par exemple, des phéromones sexuelles d’insectes peuvent faire effet de pièges , ce qui permet de limiter leur reproduction. Une autre solution est l’utilisation de pesticides naturels. Certains peuvent toutefois se révéler toxiques . Il est également possible de choisir des variétés plus résistantes, de jouer sur les dates de semis ou encore de réaliser un travail mécanique mais qui est souvent contraignant sur de grandes surfaces.
Le problème de fond reste le modèle dominant de production agricole. Les monocultures, inexistantes dans la nature, sont très favorables à la prolifération des maladies et des insectes ravageurs. Le plus efficace pour ne pas avoir besoin de pesticides serait d’introduire plus de diversité. Mais le modèle agricole actuel est fortement ancré et les changements sont lents à venir.
En attendant, il existe bien d’autres alternatives aux pesticides de synthèse. Il est possible notamment d’utiliser des méthodes de biocontrôle. Par exemple, des phéromones sexuelles d’insectes peuvent faire effet de pièges , ce qui permet de limiter leur reproduction. Une autre solution est l’utilisation de pesticides naturels. Certains peuvent toutefois se révéler toxiques . Il est également possible de choisir des variétés plus résistantes, de jouer sur les dates de semis ou encore de réaliser un travail mécanique mais qui est souvent contraignant sur de grandes surfaces.
Le problème de fond reste le modèle dominant de production agricole. Les monocultures, inexistantes dans la nature, sont très favorables à la prolifération des maladies et des insectes ravageurs. Le plus efficace pour ne pas avoir besoin de pesticides serait d’introduire plus de diversité. Mais le modèle agricole actuel est fortement ancré et les changements sont lents à venir.
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