A Bali, un océan de déchets envahit les plages
source : Romandie news
Des déchets sur une plage de Kuta Beach à Bali, e, Indonésie, le 19 décembre 2017 / © AFP / SONNY TUMBELAKA
Des emballages en plastique et d'autres ordures envahissent les plages où les touristes se prélassent au soleil et se baignent, pendant que des surfeurs glissent sur des vagues qui acheminent toutes sortes de détritus sur l'île la plus touristique d'Indonésie.
"Quand je veux me baigner, ce n'est pas très agréable...", raconte à l'AFP Vanessa Moonshine, touriste autrichienne au bord d'une plage du district de Kuta Beach, dans le sud de l'île. "Je vois beaucoup de détritus ici, tous les jours, tout le temps. Ca vient toujours de l'océan, c'est vraiment horrible".
Les monticules qui s'accumulent sur les plages nuisent à la réputation de Bali, présentée comme une île de rêve aux eaux turquoise, et mettent en exergue le problème des ordures en Indonésie.
Quatrième pays le plus peuplé au monde avec quelque 255 millions d'habitants, cet archipel d'Asie du Sud-Est est le deuxième producteur mondial de déchets marins après la Chine, avec 1,29 million de tonnes par an jetées en mer, qui provoquent des dégâts immenses sur les écosystèmes et la santé.
- 'Urgence déchets' -A Bali, le phénomène s'est aggravé au point que les autorités locales ont déclaré en novembre un état d'"urgence déchets" le long d'une rive de six kilomètres comprenant les plages de Kuta, Jimbaran et Seminyak, districts les plus fréquentés de l'île - qui a déjà accueilli plus de cinq millions de touristes cette année.
Chaque jour, 700 employés de nettoyage et 35 camions ramassent environ 100 tonnes d'ordures sur les plages pour aller les déverser dans une décharge proche.
"Des personnes en combinaisons vertes collectent des déchets, mais le lendemain la situation est la même", constate le touriste allemand Claus Dignas, affirmant que la quantité de détritus charriés par l'océan augmente à chaque fois qu'il vient passer des vacances à Bali.
"Personne n'a envie de s'asseoir sur d'agréables chaises longues pour faire face à toutes ces ordures", dit-il.
Le problème s'accentue pendant la saison des pluies, de novembre à mars, quand des vents forts et courants marins entraînent les déchets sur les plages et que des rivières en crue en charrient vers la côte, explique Putu Eka Merthawan, de l'agence locale pour la protection de l'environnement.
- Sensibiliser, recycler, interdire -Pour I Gede Hendrawa, chercheur en océanographie à l'Université Udayana de Bali, ce sujet est une menace tout aussi grave que celle d'une éruption volcanique majeure, à laquelle Bali est confrontée depuis deux mois -- à environ 75 km de Kuta, le volcan Agung crache des nuages de fumée grise, ce qui a entraîné l'annulation de nombreux séjours touristiques et le déplacement des dizaines de milliers d'habitants vivant près du cratère.
"Les déchets dérangent les touristes d'un point de vue esthétique mais le problème du plastique est bien plus grave que cela: des microplastiques peuvent contaminer les poissons qui, s'ils sont mangés par des humains, peuvent provoquer des problèmes de santé comme le cancer", explique le chercheur.
Pour lutter contre ce fléau, l'Indonésie a rejoint la quarantaine de pays qui participent à la campagne de l'ONU "Océans propres" lancée début 2017 pour lutter contre les déchets marins.
Le gouvernement indonésien s'est engagé à réduire les déchets en plastique marins de 70% d'ici à 2025. Il entend augmenter le recyclage des détritus - quasi inexistant pour le moment -, lancer des campagnes de nettoyage et réduire l'utilisation des sacs en plastique dans le commerce de détail.
Pour M. Hendrawa, il faudrait même "interdire les sacs en plastique dans les magasins" et mobiliser mieux la population: "le gouvernement central devrait accentuer la campagne visant à réduire l'utilisation d'emballages en plastique".
A Bali, là aussi, le gouvernement régional "devrait allouer plus de fonds budgétaires pour sensibiliser le public à la protection des cours d'eau et à la nécessité de ne pas y jeter de déchets", estime M. Hendrawa.
(©AFP / 28 décembre 2017 08h59)
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