La pénurie de jambon de fin d'année jette les Vénézuéliens dans la rue
source : Romandie.news
Colère dans les rues de Caracas où les gens excédés par les pénuries s'opposent aux forces de l'ordre, le 28 décembre 2017 / © AFP / FEDERICO PARRA
"Il n'est pas arrivé pour Noël et ne sera pas là pour le nouvel An", se plaint Miriam Brito lors d'une manifestation à Caracas pour réclamer le traditionnel "pernil de cerdo". Le gouvernement de Nicolas Maduro avait pourtant promis qu'il figurerait parmi les aliments vendus à prix subventionnés.
Ces petites mobilisations se sont multipliées ces derniers jours dans les quartiers populaires de la capitale et ailleurs dans ce pays en plein marasme économique.
"Voilà quatre mois que nous n'avons pas reçu les caisses des Clap (comités citoyens qui distribuent des aliments subventionnés, ndlr) et on nous a menti avec le jambon", poursuit cette femme de 40 ans, mère d'une fille de 7 ans.
Autour d'elle, une centaine d'habitants bloquent une avenue à l'aide de cordes, de pneus et de débris, tapent sur des casseroles.
Salaire et bon alimentaire réunis, le revenu minimum des Vénézuéliens est de 450.000 bolivars environ, soit 135 dollars au taux officiel - dans des bureaux de change où les billets verts sont quasiment introuvables -, et 4,5 dollars au marché noir, considéré comme le taux de référence.
C'est ce que coûte dans la rue, à des prix non subventionnés, un kilo et demi de porc. Un tarif prohibitif pour Miriam, caissière dont le salaire dépasse à peine le minimum légal. De leur côté, les Clap vendent le kilo de viande 30 fois moins cher... quand il y en a.
Au-delà de la pénurie qui frappe ce plat des fêtes - un jambon à l'os rôti qui se mange en tranches -, les manifestants se plaignent également des coupures d'eau et d'électricité, fréquentes au Venezuela qui dispose pourtant des plus grandes réserves de pétrole au monde.
- Affaire d'Etat -Le président Maduro a reconnu des accrocs dans la distribution des fameux jambons mais il a mis cela sur le compte d'un boycott international lié selon lui aux sévères sanctions financières infligées par Washington et à un "sabotage" du Portugal, d'où proviennent les importations de cette viande.
"Où est passé le jambon? On nous a saboté. C'est la faute d'un pays: le Portugal (...) On a acheté tout le jambon disponible au Venezuela, absolument tout, et on devait en importer (...), mais on nous a bloqué nos comptes bancaires et deux bateaux qui se dirigeaient" vers le Venezuela, a déclaré dans les médias le dirigeant à propos de cette affaire d'Etat.
Lisbonne a réfuté ces accusations. "Le gouvernement portugais n'a certainement pas le pouvoir de saboter le jambon de porc", a rétorqué le ministre des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva. "Nous vivons dans une économie de marché et les exportations sont du ressort des entreprises. Il n'y a évidemment pas eu d'interférence politique", a-t-il souligné.
Raporal, un des exportateurs portugais de ce jambon à l'os, a indiqué que le Venezuela devait quelque 40 millions d'euros aux fournisseurs lusitaniens, dans le cadre d'un contrat d'un montant total de 63,5 M EUR signé en 2016.
A Caracas, Jesus Castellanos, cordonnier de 64 ans, manifeste aussi. Nicolas Maduro "a promis à la télévision qu'il allait faire venir les jambons et maintenant il nous sort la fable du Portugal (...) Les gens ne croient plus à ces histoires, le peuple ne peut pas vivre de mensonges!", lance-t-il.
Dans ce quartier du centre-ville, le même que Miriam, quelques jambons sont bien arrivés. Mais ils étaient insuffisants pour les 300 familles qui les attendaient avec impatience. Les morceaux de viande ont donc été tirés au sort. "On se moque de nous", déplore Miriam. Cette manifestation a été dispersée au prix de quelques bousculades par les policiers anti-émeutes.
Ultime épisode de cette histoire rocambolesque: 15 tonnes de rôti seraient bien en chemin vers le Venezuela, mais la marchandise reste actuellement bloquée à la frontière colombienne, a affirmé Freddy Bernal, chargé de diriger les Clap.
(©AFP / 30 décembre 2017 07h31)
(Ils n'arrivent pas à régler cette question de pénurie ? A Cuba, quand les russes ont arrêté leur aide, les cubains ont cultivé des légumes partout où ils pouvaient. Aujourd'hui, c'est un pays sans pesticide chez qui on devrait acheter du miel parce qu'il est sans pesticide. note de rené)
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