vendredi 17 novembre 2017

 (Au sujet du tsunami migratoire. Je voudrais qu'on m'explique, la délocalisation des entreprises, la robotisation des tâches et l'avènement de l'intelligence artificille et maintenant l'impression 3D va provoquer et provoque déjà un effondrement du marché de l'emploi, les français n'auront plus accès au marché de l'emploi parce qu'il n'y aura plus de travail, sauf pour les plus pointus, et l'on nous dit que les migrants sont nécessaires pour le satisfaire. Avant, un forte immigration permettait de garder les salaires bas, mais, maintenant qu'il n'y en aura plus de salaire, ils sont là pourquoi ? note de rené)

«La migration est souhaitable si gérée de manière humaine et responsable»
Par : Paola Tamma | EURACTIV.com | translated by Marion Candau
 16 nov. 2017

William Lacy Swing [UN Denmark]
Langues : English



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L’accord  de Paris est le premier à reconnaître que le changement climatique est à l’origine de migrations. À la COP23 à Bonn, la grande question est de savoir comment faire face à ce défi, indique William Lacy Swing.
William Lacy Swing est le directeur général de l’Organisation internationale de l’ONU pour les migrations (OIM).
En moyenne, la migration causée par les catastrophes naturelles s’élève à 22 millions de personnes chaque année depuis 2008. Qu’est-ce que la migration environnementale ?
Ce sont les personnes qui sont forcées de quitter leur foyer à cause de catastrophes naturelles comme les tremblements de terre ou les inondations. Il existe aussi des problèmes environnementaux aux effets plus lents, comme au Tchad, où 90 % des eaux du lac Tchad se sont évaporées, donc on ne peut plus y pêcher. On considère cela comme de la migration forcée.
Les immigrés climatiques devraient-ils recevoir le statut de réfugié ?
Nous devons d’abord faire la distinction entre les migrants et les réfugiés. Les réfugiés sont des personnes qui sont politiquement persécutées et qui doivent quitter leur pays, alors que les migrants peuvent prendre plusieurs formes, dont les migrants forcés. Ce que nous essayons de négocier dans le Pacte mondial pour la migration (Global Compact for Migration) c’est un accord qui engage les pays à partager la responsabilité de la migration. Il y a énormément de personnes qui se déplacent et qui ne sont pas qualifiées de réfugiés ou d’apatrides. Elles n’ont pas traversé de frontières internationales et ne sont pas des déplacés internes dans leur pays, mais elles ont besoin de protection.
Un exemple serait les personnes victimes des trafiquants, les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes, les mineurs non accompagnés, les étudiants… les catégories sont nombreuses et le simple fait d’être déplacés les rend plus vulnérables.

À la veille de la COP23 qui se tien à Bonn, en Allemagne, du 6 au 17 novembre, Oxfam publie un rapport accablant sur la situation des déplacés climatiques.


Quels sont les enjeux pour parvenir à une telle reconnaissance ?
La migration est aussi vieille que le monde. Les déplacements de grande échelle sont inévitables et sont nécessaires si des emplois sont à pouvoir, si des compétences sont disponibles, si les économies et les communautés veulent prospérer. La migration est tout à fait souhaitable si elle est gérée de manière humaine et responsable.
Je ne parle pas d’un monde sans frontière, mais d’un monde qui comprend qu’historiquement, la migration a toujours été extrêmement positive, surtout à moyen et long termes.
Dans toutes nos sociétés, étant donné le déficit démographique – plus de morts que de naissances dans le monde occidental, des taux de naissances très élevés dans les pays en développement – il y aura inévitablement beaucoup de mouvements, car des services devront être fournis.
Nous devons comprendre que c’est inévitable, et donc, gérer au mieux cette migration. C’est une manière de voir les choses différemment que de dire nous devons construire des murs et éloigner ces personnes.
Aujourd’hui, certains gouvernements disent vouloir protéger leurs sociétés, mais c’est un mythe, car les sociétés dont ils parlent n’existent plus. La plupart des sociétés contemporaines sont beaucoup plus multiculturelles, multiethniques, multireligieuses et multilingues que ce que l’on pense. Et elles fonctionnent plutôt bien.

En République tchèque, les discours radicaux contre les réfugiés ont fait un hold-up sur le débat politique à la veille des législatives. Le pays a accueilli 12 réfugiés sur les 1600 qui lui étaient impartis.


Le problème c’est que les migrants sont associés au terrorisme, cruelle ironie, car nombre d’entre eux fuient la terreur. La plupart des attentats, des voitures béliers, que ce soit à Paris, à Nice, à Bruxelles ou à San Bernadino en Californie, sont presque tous perpétrés par des personnes du pays en question, dont l’intégration a échoué. Ils se sentent marginalisés et rejetés de la société.
Nous pensons qu’il y a beaucoup de travail à faire en termes d’intégration, d’apprentissage de la langue, de responsabilité des communautés. Les maires sont très importants, car ils comprennent mieux les enjeux que les responsables politiques nationaux. Pourquoi ? Parce que ce sont eux qui fournissent un refuge, des moyens de subsistance, la sécurité, etc. Nous travaillons donc beaucoup avec eux.
Malgré tous les efforts, le nombre de jeunes Africains au chômage devrait tripler dans les prochaines années (de 35 millions aujourd’hui à 100 millions, selon la Banque européenne d’investissement). Que fait l’OIM pour aider les personnes à rester chez elles ou pour les aider à migrer en toute sécurité ?
La fracture démographique entre le Nord et le Sud est une question clé. Et nous ne devons pas oublier que 50 % de la migration africaine se fait à l’intérieur même du continent. Nous avons fait une enquête : 58 % des migrants interviewés en Libye affirment que leur première intention n’était pas de se rendre en Europe, mais en Libye. Ils ont en tête la situation du pays avant la chute de Mouammar Kadhafi : ils travaillaient tous là-bas.
Quid des 50 % restants ? Nous devons développer un dialogue entre l’Europe et l’Afrique. Je pense que le dialogue entre l’UE et l’Union africaine est très important. Il doit se poursuivre pour trouver une solution ensemble. Les pays d’origine ont aussi la responsabilité de protéger leur jeunesse, de créer plus d’emplois pour les jeunes – notamment dans le domaine de l’agriculture et du développement rural. Il faut essayer de les décourager de prendre ces bateaux pour traverser la Méditerranée. Sur ce point-là, il y a encore du chemin à parcourir.

Les ministres européens et africains de l’Intérieur abordent ce lundi à Berne la question de la protection migrants en Libye, où des milliers de personnes vivent dans des conditions « inhumaines ». Un article d’Euroefe.


La migration tient une place de plus en plus grande dans la politique de développement de l’UE. Il est d’ailleurs reproché à l’Union de trop se concentrer sur des aspects sécuritaires au détriment d’objectifs de développement à long terme. Le risque de privilégier les solutions d’urgence aux solutions durables est-il réel ?
Les enjeux sécuritaires et les enjeux de développement doivent être mieux équilibrés. Beaucoup d’argent est dépensé pour réduire l’afflux de migrants, et ça marche. Et cela est fait de manière responsable. Nous avons signé des accords avec l’UE de plusieurs centaines de millions d’euros pour mettre en place des foyers de transit ou des stations intermédiaires, comme celle que nous avons à Agadez, au Niger. Nous parlons aux migrants tout au long de leur voyage dans le but de sauver des vies. Nous essayons de leur faire prendre conscience du danger qui les attend en mettant leur vie entre les mains de trafiquants. Nous avons perdu 5 000 personnes l’année dernière, et près de 3 000 cette année.

Puis, nous essayons aussi de voir qui parmi eux pourraient être éligibles au statut de réfugié et nous les remettons au HCR, l’organe de l’ONU pour les réfugiés. Enfin, à ceux qui ont peur du voyage, nous proposons de les ramener chez eux, gratuitement, et nous leur donnons un peu d’argent pour qu’ils puissent rentrer chez eux dignement et reprendre leur vie. Grâce à ce programme, nous avons ramené 8 000 personnes depuis Agadez et 11 000 autres depuis ces horribles centres de détention en Libye. C’est de l’argent bien dépensé. Nous n’essayons pas de les arrêter, mais de leur sauver la vie.

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