Le travail forcé fait son grand retour en Europe…
21 novembre 2017 / par Maureen Gilmant source : Source la relève et la Peste
Des conditions de travail abusives jusqu’au travail forcé et non rémunéré, l’esclavage dit « moderne » voit le jour en Europe avec notamment l’exploitation des réfugiés et migrants.
Qu’est-ce que le « travail forcé » ?
L’Organisation Internationale du Travail (OIT) définit comme tel, au travers de la convention, « tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel, ledit individu ne s’est pas offert de plein gré ». Ainsi, cette absence de consentement donne lieu à des situations où les personnes sont maintenues par la violence, l’intimidation, la manipulation de dettes ou encore la rétention de papiers d’identité.
Il existe toutefois des exceptions à cette convention de 1930, régies par certaines conditions. Par exemple, le service militaire obligatoire dans certains pays ou encore le travail pénitentiaire, ne sont pas considérés comme tels, bien qu’ils puissent en avoir certaines caractéristiques. La convention sur l’abolition du travail forcé adoptée par l’OIT en 1957 s’appuie quant à elle sur le travail imposé par les autorités étatiques (exercé par des agents publics rattachés au gouvernement). Cette convention rappelle donc qu’il est interdit d’user du travail forcé comme sanction ou punition pour avoir exprimé une opinion politique, pour avoir participé à des grèves ou encore en tant que mesure de discipline du travail.
Depuis 2014, un nouvel élan avait été donné à la lutte contre le travail forcé. Lors de la conférence internationale du travail (CIT) en juin 2014, gouvernements, employeurs, et travailleurs s’engageaient encore un peu plus dans cette lutte ainsi que celles de la « traite des personnes » et des pratiques « analogues à l’esclavage ».
Cette même année, le Protocole relatif à la convention sur le travail forcé et la recommandation sur le travail forcé étaient adoptés, venant ainsi orienter sur les mesures de prévention, de protection et de recours.
Légalement, ne pas subir de travail forcé fait bien partie des droits fondamentaux de l’Homme. De plus, tout pays membre de l’OIT doit respecter cette convention et se plier au principe de « l’élimination du travail forcé ».
Esclavage moderne
Dans les faits, le travail forcé est imposé à des enfants, des femmes et des hommes partout dans le monde. Par des autorités étatiques, des entreprises ou des individus. Cette forme d’esclavage est présente dans tous les domaines : agriculture, restauration, travail domestique, construction, industrie, exploitation sexuelle…
Souvent, outre les menaces et l’intimidation, on observe chez ces « travailleurs » une absence de contrat de travail, une restriction de la liberté de mouvement, l’annulation de salaires, mais également la confiscation de papiers d’identité.
En 2016, selon les chiffres de l’OIT, 40.3 millions de personnes étaient en situation d’esclavage moderne, dont 24.9 en travail forcé. Ces chiffres montrent qu’il y aurait 5.4 victimes de ce travail sur 1000 dans le monde. Sur les 24.9 millions de personnes victimes de travail forcé, 16 millions sont exploitées dans le secteur privé, 4.8 millions sont victimes d’exploitation sexuelle et 4 millions seraient amenées au travail forcé par les autorités publiques elles-mêmes.
Qui sont les plus touchés ?
Autre chiffres alarmants, 1 victime sur 4 serait un enfant. De plus, les proportions de femmes et de filles touchées sont bien supérieures. Elles représentent 58% des travailleurs dans divers secteurs confondus et 99% dans l’industrie sexuelle.
Une étude menée par Verisk Maplecroft (cabinet d’analyse de risques aux Etats-Unis) et publiée en aout 2017 démontre que les risques d’exposition à l’esclavage moderne augmentent en Europe. Pour cause, l’exploitation des nouveaux migrants. On peut ainsi noter que les pays avec les taux les plus élevés, sont également ceux par lesquels arrivent les réfugiés : Grèce, Roumanie, Italie, Bulgarie. Ils seraient ainsi 600 000 « esclaves modernes » en Europe.
Les plus touchés sont en effet les travailleurs migrants, les demandeurs d’asile ou encore les sans-papiers. De par leurs situations précaires, leur statut fragile et le manque d’informations sur les droits et les lois, ils représentent une population exposée. Souhaitant travailler, ils ne pensent pas à se protéger des abus et finissent en « situation d’exploitation ».
Ce phénomène pousse l’Europe à réagir. En Allemagne, des cours d’informations sont dispensés aux réfugiés en matière de droit du travail. Au Royaume-Uni, un « Modern Slavery Act » a été adopté.
Conditions de travail abusives, absence de paie à la fin du mois, retenues de salaire, pas de congés payés, licenciements sans règles : autant de cas que rencontrent constamment les conseillers de travailleurs migrants en Allemagne.
« Même quand nous gagnons au tribunal, pour faire payer les salaires, nous voyons les mêmes cas se répéter par la suite. Si l’on veut vraiment changer les choses, il faut des sanctions pénales contre les employeurs exploiteurs » explique l’un d’entre eux.
En France, des cas comme celui existent, « des coiffeuses sans papiers » à Paris en 2014 voient le jour. Ces femmes sans papiers ou demandeuses d’asile évoluent dans des conditions déplorables, (80 heures avec des promesses de salaires entre 100 et 300 euros) avant que leur patron ne disparaisse.
Le code pénal français note que « le travail forcé » est défini comme : « le fait, par la violence ou la menace, de contraindre une personne à effectuer un travail sans rétribution ou en échange d’une rétribution manifestement sans rapport avec l’importance du travail accompli ». En France il est donc théoriquement puni de 7 ans de prison et 200 000 euros d’amende.
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21 novembre 2017 / par Maureen Gilmant
(Ah, d'accord, c'est pour ça que l'industrie a besoin des migrants. Pas pour les boulots les plus pourris, mais, pour amener à une notion de salaires très bas se rapprochant des pays sous développés, comme cela se passe en Ukraine actuellement qui a des salaires au niveau du Ghana. note de rené)
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