Même les médias occidentaux ne peuvent mettre un couvercle sur l’aide américaine à Daesh
Par TOM LUONGO 
Je sais que cela causera un choc à mes fidèles lecteurs, mais il faut savoir que les États-Unis ont toujours travaillé avec Daech. Un peu plus tôt, le  ministère russe de la Défense avait publié des preuves sans équivoque  de notre aide pour que Daech puisse traverser les zones contrôlées par les forces américaines / SDF kurdes pour éviter la confrontation avec l’armée arabe syrienne.
Aujourd’hui, une source d’information qui n’est autre que la BBC , elle-même membre important du Département américain de la désinformation, est maintenant ouvertement en train d’en parler, soulignant les mensonges du secrétaire à la Défense James Mattis sur les raisons pour lesquelles nous sommes encore en Syrie. Bien sûr, la BBC blanchit tout cela et le décrit comme une sorte de triomphe de l’humanitarisme.
Mais ce n’en est pas un. Permettre à l’EI d’errer librement a toujours été le plan en Syrie pour renverser le gouvernement Assad. Maintenant que cette opération a échoué, le plan D est de rester dans le pays pour garder un pied dans la région.
Sans eux pour jouer le rôle d’épouvantail, comment le clan McCain de l’état profond américain et le Pentagone pourront-ils continuer à justifier notre présence là-bas? Et la raison pour laquelle nous sommes là est d’empêcher l’Iran et la Russie de diriger le jeu.
Mais, scoop, la Russie et l’Iran le font déjà. Donc, laisser nos troupes là-bas, c’est à ce stade, des raisins verts sans aucun avantage pour quiconque.
Rappelez-vous, nous sommes là illégalement. Nos alliés d’origine dans cette opération, Israël, l’Arabie Saoudite et la Turquie, opèrent tous aussi illégalement.
La Turquie, dirigée par Recep Tayyip Erdogan, tente toujours d’agir comme si elle jouait les deux côtés l’un contre l’autre, mais ils sont en Syrie sans une invitation officielle du président Bachar al-Assad pour nettoyer Idlib de ses anciens proxies et empêcher les Kurdes Afrin de profiter du vide du pouvoir.
Et c’est ainsi que l’Iran, l’Irak et la Turquie le veulent. Les Kurdes seront remis dans leur bouteille et les Etats-Unis devront finir par partir. Mais, pour le moment, nous continuons à essayer de faire en sorte que Assad démissionne à Damas.
Et cela n’arrivera pas.
Genève en deux étapes
Donc, malgré la propagande qui qualifie notre engagement comme une tentative de sauver les Syriens du diabolique Assad, c’est tout le contraire qui est vrai. Nous sommes là pour continuer à semer le chaos et empêcher l’instauration de la paix.
La Russie ajoute à la pression en serrant la vis diplomatique au Pentagone et son hypocrisie concernant la fin de la « guerre civile » en Syrie, une guerre a commencé par l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton et continue encore en tant que politique, un an après l’arrivée de l’administration Trump.
Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov,  a ôté ses gants diplomatiques en  appelant l’EI et les autres forces séparatistes « les pupilles des Etats-Unis ». Et ce sont eux qui sont le plus en danger. De plus, le Pentagone a donné à ces combattants de l’Etat islamique la possibilité de partir en vertu de la Convention de Genève depuis qu’ils se sont rendus.
Mais, dans de nombreux cas, ils «se sont rendus» en emportant leur matériel de guerre.
L’accord impliquait de permettre à plus de 4000 combattants de l’EI de quitter Raqqa, une ville que les forces américaines/SDF Kurdes ont d’ailleurs transformée en un convoi. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Les Russes ont bombardé un convoi similaire qui a été autorisé à quitter le barrage de Tabqa plusieurs mois avant que la dite « Bataille pour Raqqa » ne soit engagée.
Encore une fois, répétons-le, ces combattants de l’Etat islamique et leurs familles sont partis sous couvert américain de la Convention de Genève, mais ils l’ont fait avec leurs armes à la main. C’est, par définition, ne pas se rendre.
L’armée américaine est en Syrie pour fournir une couverture tactique et stratégique à l’Etat islamique pour de futures opérations (Iran? Afghanistan?) Alors que lui et ses proxies kurdes construisent une myriade de bases militaires en Syrie orientale. Et puis, pour empirer les choses, la Bataille pour Raqqa était simplement une évacuation contrôlée alors que l’US Air Force rasait la ville pour empêcher sa reconstruction.
Laissez-moi vous le dire, aujourd’hui nous pouvons être fier d’être américain.
La raison pour laquelle nous agissons ainsi est de continuer à influencer le processus de colonisation dans le sens des désirs israéliens. Le problème est que les États-Unis n’ont plus beaucoup, voire pas du tout, de pouvoir diplomatique dans la région. Et cela remonte au retournement magistral du président turc Erdogan par Poutine vers la Russie.
Le fait que Poutine et Erdogan soient tout sourire après la réunion d’hier nous indique que Poutine se rend compte que les Kurdes ne sont plus nécessaires pour contenir la Turquie. Regardez les déclarations qui viendront de Russie dans un proche avenir. Ils mettront l’accent sur «l’intégrité territoriale de la Syrie».
C’est le code pour « les Kurdes doivent rester divisés à travers l’Iran, l’Irak et la Syrie ». C’est aussi un code pour « La Turquie travaille avec nous, maintenant ».
La fin de la diplomatie américaine
Ainsi, lorsque le général Mattis fait des déclarations sur notre mission en Syrie, cela est considéré comme une blague cruelle par les diplomates étrangers, tout comme la performance de Nikki Haley à l’ONU. Ce niveau de double langage était la marque de fabrique de l’administration Obama. C’était censé ne pas avoir sa place chez Trump.
Les hurlements continuels au sujet d’un Iran maléfique qui se déclenchent derrière le moindre évènement au Moyen-Orient deviennent aussi ridicules et contra factuels que le harcèlement continu des Démocrates contre le Russiagate.
Le rapport de la BBC qui tente de rendre la coopération avec l’Etat islamique acceptable pour un public occidental souffrant d’une série incessante d’attaques terroristes ignobles chez eux, est le summum de la chutzpah.
Vous ne pouvez pas diaboliser Daech pendant quatre ans, leur permettre de se déchaîner à Londres, Lisbonne, Paris et New York et ensuite traiter les Russes d’animaux pour ne pas vouloir suivre les règles de la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers. Et puis, après les avoir laissés filer joyeusement, les missiles TOW à la main, dire que nous devons rester là pour les combattre plus tard.
Et pourtant, c’est exactement ce que nous faisons.
La diplomatie repose sur la capacité de respecter ses engagements. Si vous continuez à dire une chose pour finalement en faire une autre, personne n’écoutera un mot de ce que vous dites. Les Etats-Unis se trouvent maintenant au Moyen-Orient, aussi incapables d’envahir toute la région que de la transformer en parking, et ont peu d’influence sur ce qui se passera ensuite, si ce n’est d’y laisser nos troupes bloquées et sans but opérationnel clair.
Mattis devrait savoir que ce résultat est inacceptable et devrait parler de retrait, pas d’un engagement ouvert sans fin pour alimenter nos propres cauchemars.
Traduction : Avic – Réseau International