8 Français sur 10 sont contre les pesticides… Qu’est-ce qu’on attend pour l’interdire ?
1 novembre 2017 / par Maureen Gilmant source : La Relève et la Peste
Alors que les Français sont en majorité contre l’utilisation du glyphosate, l’heure n’est pourtant pas à l’interdiction de ce produit.
Le glyphosate : utilité, toxicité
Pour rappel, le glyphosate est la molécule notamment présente dans le Round’Up, pesticide numéro 1 de la société Monsanto. Elle est la molécule la plus utilisée parmi les pesticides et son utilisation a considérablement augmenté ces dernières années. En effet, on est passé de 3 200 tonnes épandues en 1974 à 825 000 tonnes en 2014. La France en utilise à elle seule 8 000 tonnes chaque année.
Ce produit est donc un puissant antibiotique, mais qui tue aussi les bonnes bactéries, appauvrit les sols et captures les minéraux. Face à cela les agriculteurs doivent utiliser des maïs ou sojas OGM plus résistants (également vendus par Monsanto) ce qui crée une spirale infernale. Marie-Monique Robin auteure du livre documentaire « Le Roundup face à ses juges » dévoile dans une interview que ce « poison » est présent partout : dans les rivières, dans l’eau de pluie ou encore dans (au moins) 378 aliments de consommation courante dont les céréales, la bière, les fruits.
Les conflits d’intérêts…
Cet herbicide devait faire l’objet d’une nouvelle autorisation de mise sur le marché jusqu’à 2031 par les Etats membres de l’Union européenne ce 25 octobre. Oui mais voilà, les centres de recherches – dont le CIRC (centre international de recherche sur le cancer) – ont tiré la sonnette d’alarme et ont ainsi classé cette molécule (et deux autres pesticides) dans la catégorie 2A, soit celle des « cancérogènes probables ».
De l’autre côté, l’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) rend un avis favorable pour le maintien de la molécule sur le marché. Selon elle, il est « improbable » que le glyphosate soit toxique pour l’ADN ou qu’il constitue une quelconque menace cancérogène pour l’homme. Les rapports des autorités européennes et américaines sont malgré tout remis en cause et accusés d’être des copier/coller d’arguments donnés par Monsanto. Selon Marie-Monique Robin le groupe serait même accusé de soudoyer des scientifiques et des gouvernements.
En revanche, son utilité est sans appel auprès de certains agriculteurs, pour qui son interdiction représenterait un réel « souci technique ». Pour eux, remettre en cause le glyphosate équivaut à remettre en cause l’agroécologie.
En parallèle, de nombreux témoignages de victimes voient le jour et mettent en lumière des cas de lymphomes et de cancers directement liés à l’utilisation de pesticides (dont le glyphosate) et ce partout dans le monde.
L’impact économique serait-il plus important que la santé ?
En effet, la question soulevée auprès des syndicats agricoles et politiques est de savoir s’il est vraiment possible de se passer de cette molécule et non de savoir comment s’en passer.
Selon l’étude d’Odoxa-Dentsu Consulting* publiée jeudi dernier, l’avis des Français est quant à lui préoccupé par la question de la santé. En effet, huit Français sur dix (soit 81%) estiment que le glyphosate devrait être interdit, espérant donc un non renouvellement.
Malheureusement l’heure n’est pas à l’interdiction. Le 25 octobre faute de consensus autour de la durée de renouvellement, la Commission européenne continue sa réflexion avec les différentes propositions des délégations et reporte ainsi son vote.
* Sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et le Figaro a été réalisé par internet les 25 et 26 octobre 2017, auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, parmi lesquelles 224 sympathisants de gauche, 145 sympathisants En Marche, 112 sympathisants de droite hors FN et 163 sympathisants du FN. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas.
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