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dimanche 22 janvier 2017
(Les agriculteurs indiens et français utilisent des semences OGM et les pesticides et engrais chimiques et ce qu'ils ont également en commun est un fort taux de suicide. Qu'en est-il des américains ? note de rené)
Quelque 12 000 paysans se sont donné la mort dans le sous-continent en 2014. L’un des Etats les plus agricoles, le Maharashtra, a enregistré un chiffre record.
Voilà une nouvelle dont se serait bien passé Narendra Modi, Premier ministre de l’Inde, alors que s’ouvre, le 21 juillet à Delhi, la session parlementaire dite “de la mousson” : les suicides sont repartis à la hausse l’an dernier chez les paysans indiens, ce qui va compliquer l’examen du projet de loi déjà très controversé de la réforme du droit des terres agricoles. Un texte qui vise à alléger les procédures d’expropriation pour accélérer les grands travaux, et sur lequel le gouvernement Modi court à l’échec, selon le site Scroll.in.
En 2014, indique le National Crime Records Bureau (NCRB), 5 650 agriculteurs ont mis fin à leur vie. Ce chiffre traduirait, apparemment, une réduction de moitié du nombre de suicides sur un an. Sauf que la méthode de calcul a changé et ne prend plus en compte que les propriétaires des exploitations. “Comment le NCRB est-il arrivé à ce chiffre ? Si les données ne sont pas truquées, il y a au moins eu une retouche cosmétique de la part du gouvernement”, observe The Times of India, qui estime en réalité le nombre de suicides à 12 360, en tenant compte de la population des ouvriers agricoles, soit presque 600 de plus qu’en 2013.
Au cours des trois années écoulées, ce sont ainsi plus de 3 000 paysans qui se sont donné la mort, calcule The Hindu, qui remarque que l’Etat du Maharashtra, dont Bombay [Mumbai] est la capitale, se trouve être “de loin à l’épicentre de la crise, avec plus de 10 000 suicides d’agriculteurs recensés entre 2012 et 2014”. Là-bas, le phénomène est en train de s’accentuer, d’après les données du ministère régional du Budget que révèle également le Times of India : au premier semestre 2015, le Maharashtra a enregistré 1 300 suicides de paysans, soit déjà les deux tiers de ce qu’il avait enregistré sur l’ensemble de l’année 2014.
Tous secteurs d’activité confondus, ajoute pour sa part The Indian Express, le Maharashtra détient le record de suicides dans l’absolu, avec 16 300 cas recensés dans cet Etat l’an dernier, sur un total de 131 000 dans toute l’Inde. Globalement, “au moins 15 suicides ont eu lieu toutes les heures dans le pays l’année dernière”,relève le quotidien DNA, qui précise que, s’agissant des villes, c’est Madras [Chennai] qui affiche le plus fort taux.
En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours
Selon une étude de l'agence de santé publique, 300 agriculteurs se sont suicidés en 2010 et 2011. Un taux supérieur de 20 % au reste de la population.
Le rapport de l'agence nationale de santé publique du 5 octobre fait froid dans le dos. Il montre que la mortalité par suicide affecte significativement les agriculteurs français ces dernières années, notamment la tranche d'âge 45-54 ans. En 2010 et 2011, il y a eu près de 300 suicides (253 décès par suicide chez les hommes et 43 décès par suicide chez les femmes). Comparé au reste de la population française, cela dénote d'un excès de suicides chez les agriculteurs de 20 % en 2010. La population étudiée comporte en moyenne 481 657 personnes dont 69 % d'hommes et 31 % de femmes.
Une tendance indexée au prix du lait
Le monde agricole étant en crise depuis plusieurs années, il est tentant d'y voir un lien de cause à effet. "Compte tenu du schéma d'étude retenu, il n'est pas possible de mettre en évidence des liens de causalité entre l'activité professionnelle et la mortalité par suicide. Néanmoins, l'excès de mortalité observé coïncide avec la temporalité des contraintes financières liées à la crise économique", souligne d'emblée l'étude. L'hypothèse de la pure coïncidence recule d'autant que le pic de suicides remarqué dans le secteur d'élevage bovins-lait intervient de façon concomitante à la baisse des prix du lait. En 2010, le secteur élevage bovins-lait présentait une surmortalité par suicide de 52 % chez les hommes.
Les auteurs du rapport pondèrent cette relation causale, qu'ils n'excluent pourtant pas, par la variété des facteurs suicidogènes chez les agriculteurs sans lien avec l'économie chez les agriculteurs. "Plusieurs études ont décrit les conditions de vie et de travail de la population agricole comme étant particulièrement singulières et contraignantes. Leurs conditions de travail sont notamment caractérisées par de fortes contraintes physiques, de larges amplitudes horaires, des contraintes environnementales et climatiques, ainsi que des événements sanitaires. Toutes ces contraintes professionnelles peuvent avoir des répercussions indéniables sur l'équilibre personnel des travailleurs agricoles. Ceci est d'autant plus vrai que les agriculteurs doivent assez souvent faire face à un important isolement professionnel et social", peut-on lire.
La pendaison prédomine
L'étude de l'agence nationale de santé publique menée de concert avec la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole apporte des précisions édifiantes à cette propension au suicide. Elle indique que la pendaison est le mode de suicide le plus fréquent pour les deux sexes (environ 67 % et 69 % des suicides chez les hommes et 64 % et 73 % des suicides chez les femmes en 2010 et 2011). Vient en deuxième position le recours aux armes à feu et explosifs, côté homme et la noyade ou l'intoxication médicamenteuse volontaire, côté femmes. "Parmi les décès par causes externes (accidents, suicides et homicides) chez les agriculteurs, les décès par suicide représentaient la cause la plus fréquente, hommes et femmes confondus, en 2010 et 2011 (51 % des décès par causes externes chez les hommes et 57 % chez les femmes)" note aussi l'étude.
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