(source : Reporterre)
Gaz de schiste : un baron du PS fusille le rapport de l’Office parlementaire des choix technologiques
Jean-Paul Chanteguet
samedi 8 juin 2013
Jean-Paul Chanteguet, député PS de l’Indre et président de la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale, a publié une vive critique du rapport de l’OPECST favorable au gaz de schiste.
06.06.2013, Communiqué de presse de M. Jean-Paul Chanteguet,
Président de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire
Président de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire
L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a publié ce jeudi 6 juin un rapport d’étape sur « les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels », qui concerne principalement le gaz de schiste.
Les propositions de ce rapport, visent à relancer un débat tranché par le gouvernement et le parlement, qui ont interdit la fracturation hydraulique, seule méthode capable d’extraire de la roche mère le gaz de schiste
Les arguments avancés par l’OPECST n’apportent aucun élément nouveau susceptible de revenir sur les choix opérés. Ils font également état d’affirmations profondément contestables concernant les avantages à explorer et exploiter le gaz de schiste.
L’expérience américaine démontre qu’une fois le puits mis en place, il faut moins d’une personne pour le faire fonctionner. Seule la course éperdue, qui a conduit à creuser 500 000 puits aux Etats-Unis en huit ans, a permis de renouveler les emplois. Ce qui n’est pas réalisable en France, étant donné l’occupation de notre espace géographique et notre densité de population.
Le marché européen, basé sur des contrats à long terme, indexe le prix du gaz sur celui du pétrole et l’aligne toujours sur le prix le plus élevé, de façon à permettre de couvrir les coûts du gaz importé. Ni les ménages ni les entreprises n’ont donc à attendre de baisse du prix. Sur le long terme, même les Etats-Unis risquent de vivre l’éclatement d’une bulle. Les rendements sont si décroissants que des compagnies gazières, telles que Chesapeake Energy Corp jugent le prix insoutenable et que le PDG d’Exxon affirmait en juin dernier : « Nous perdons tous nos chemises. Nous ne faisons pas d’argent. Tous les signaux sont au rouge. »
Pourtant cette technique de production utilise aujourd’hui 750 composés chimiques, dont 29 ont été reconnus cancérigènes et à risque pour la santé humaine, auxquels il faut ajouter l’arsenic et les éléments radioactifs qui remontent des couches fracturées vers la surface. La captation de la ressource en eau (20 millions de litres par puits) provoque des conflits d’usage entre l’industrie pétrolière, les citoyens et les agriculteurs.
Enfin la noria de camions (un millier de trajets par puits) pour transporter le matériel, l’eau et le gaz provoque des nuisances sonores, oblige à un lourd entretien des routes et entraîne l’artificialisation de territoires naturels et la destruction d’écosystèmes.
Pourtant la Pologne, qui a fondé sa décision d’exploration sur la base des estimations des agences américaine et internationale, a dû rapidement déchanter. Sur les 43 puits creusés, seuls 12 ont produit du gaz, provoquant le retrait de deux compagnies américaines du territoire polonais.
Si l’on ne sait donc pas ce que recèle notre sous-sol, il convient de l’estimer, défendent les rapporteurs. Ils proposent pour ce faire, d’utiliser la « sismique », une technologie non invasive basée sur le principe de l’échographie. Pour être non destructrice, cette technique est également purement indicative et destinée en fait à ouvrir la porte à « quelques dizaines de fracturations » qui seules donneraient de réels renseignements.
L’existence de ces retombées reste à prouver, surtout après le paiement de toutes les externalités négatives, qui ne sont considérées à aucun moment dans ce rapport.
Par ailleurs l’empreinte carbone du gaz de schiste est équivalente à celle du charbon à travers ses émissions de gaz carbonique et de méthane. Son exploitation ne ferait au contraire que retarder le passage à l’énergie du futur, en s’obstinant dans une voie du passé et en exploitant à des coûts toujours croissants pour le climat, l’environnement et la santé les dernières ressources fossiles disponibles.
Source : Courriel à Reporterre
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