Les États-Unis ont annoncé ce jeudi 20 juin l’interdiction du logiciel antivirus russe Kaspersky dans tout le pays. Washington reproche à la société sa proximité avec Moscou. La date butoir est fixée à fin septembre.

Kaspersky dans le viseur des États-Unis depuis 5 ans

Dans un communiqué, le département américain du Commerce a expliqué que « Kaspersky ne sera plus en mesure, entre autres activités, de vendre ses logiciels aux États-Unis ou de fournir des mises à jour aux logiciels déjà utilisés ».

Cette société est un géant de la cybersécurité, connu notamment pour ses solutions antivirus. Elle a été co-fondée en juin 1997 par Eugène Kaspersky, actuel PDG du groupe. Il s’agit donc d’une société russe, dont le siège est à Moscou.

Des origines devenues gênantes avec la guerre en Ukraine et l’avalanche de sanctions contre Moscou. Dès 2022, plusieurs autorités à travers le monde ont reproché à la multinationale sa proximité avec le pouvoir russe. Un fait qu’elle a toujours nié. Si en France, la Cnil s’est montrée prudente mais plutôt conciliante, en Allemagne par exemple, les mises en garde ont été bien plus fortes.

Les États-Unis se sont eux aussi rapidement attaqués à ce dossier. Dès 2017, Kaspersky s’est vue interdire l’accès aux réseaux du gouvernement américain. Le 25 mars 2022, la Federal Commmunications Commission (FCC) l’a ajouté à sa liste des entreprises « réputées présenter un risque inacceptable pour la sécurité nationale des États-Unis ou la sécurité et la sûreté des personnes des États-Unis ».

Une décision qui a surtout pour conséquence d’empêcher Kaspersky d’accéder à certaines aides. Auparavant, seules des sociétés chinoises ont été ajoutées à cette liste. À l’époque déjà, le groupe a dénoncé une décision politique et réfuté en bloc les accusations.

À l’occasion d’un épisode de son émission Culture Numérique, Siècle Digital s’est entretenu dès 2022 avec Arnaud Dechoux, directeur des affaires publiques de Kaspersky. Ce dernier a notamment affirmé que « la Russie représente moins de 20% de notre chiffre d’affaires mondial, donc là encore, quel intérêt aurait Kaspersky à soutenir l’État Russe ? ».


Cet épisode est disponible sur les plateformes de streaming.

Une décision « vitale »

Toutefois, un cap a été franchi ce jeudi avec ce bannissement. Le département américain du Commerce a également précisé que « l’interdiction s’applique également aux sociétés affiliées, filiales et sociétés mères de Kaspersky Lab ». Toutefois, ses services d’informations sur le monde de la cybersécurité ne sont pas concernés.

La date butoir de cessation des activités américaines pour le groupe russe est fixée au 29 septembre, pour permettre aux clients de trouver des alternatives. Dans un communiqué, ce dernier a répondu à Washington, fustigeant une décision « prise sur la base du climat géopolitique actuel et de craintes théoriques », rappelant au passage avoir « apporté une contribution significative en matière de signalement et de protection contre divers acteurs menaçants ciblant les intérêts des États-Unis ».

Depuis des années, Kaspersky met en avant sa transparence et le développement de ses produits partout dans le monde comme preuve de son indépendance. Mais Washington ne s’est pas arrêté là, puisque trois structures liées à Kaspersky ont été ajoutées sur liste noire, officiellement « pour leur coopération avec les autorités militaires et de renseignement russes à l’appui des objectifs du gouvernement russe en matière de cyber espionnage ».

Le secrétaire à la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a défendu la décision de son gouvernement en affirmant qu’elle « est vitale pour notre sécurité intérieure et protégera mieux les informations personnelles et la vie privée de nombreux Américains ».

Reste à voir l’impact économique pour la société, privée d’un énorme marché. Elle compte actuellement plus de 400 millions de clients dans 200 pays différents. Il est probable que Kaspersky se pourvoit en justice afin de contester, et peut-être bloquer, cette décision.