mardi 28 février 2023

 (Les syndicats ont récupéré le mouvement social des retraites ce qui évite les dérapages, voyons comment ls vont trahir ceux qui mettent de l'espoir en eux. Naturellement, j'aimerais avoir tort, ô combien ! note de rené)


« L’abandon de poste. La différence entre esclave et salarié c’est la liberté ultime du salarié qui est supprimée. Les syndicats muets ! ». L’édito de Charles SANNAT

Mes chères impertinentes, chers impertinents,

J’aime la liberté, et l’abandon de poste est l’ultime liberté du salarié.

C’est l’abandon de poste qui différencie et matérialise en partie la limite entre salariat et esclavagisme.

Etre esclave c’est ne pas avoir la liberté de travailler pour un patron ou un autre. Vous devez attendre d’être « affranchi ».

Pouvoir abandonner son poste est une liberté essentielle, fondamentale et elle est directement, frontalement remise en cause par le gouvernement et c’est évidemment une attaque très grave sur le front des libertés, ici, spécifiquement sociales.

Un décret en mars pour ne plus verser d’indemnités chômage en cas d’abandon de poste. 

« En France, l’abandon de poste représente la majorité des licenciements pour faute grave des salariés du privé, et peut donner droit au chômage. Pour “réguler ce phénomène”, Olivier Dussopt, le ministre du Travail, a annoncé mercredi 22 février qu’un décret visant à mettre fin au versement des indemnités chômage en cas d’abandon de poste serait publié fin mars, rapporte RTL ».

On pourrait me dire, mais, Charles, vous qui êtes si proche des sous abandonner son poste ne doit pas se faire au détriment de l’argent des autres.

C’est vrai dans l’absolu, mais dans ce cas spécifique c’est très différent, car par définition celui qui abandonne son poste était en train de travailler, donc a priori, il ne refuse pas le travail et n’est pas un défenseur du droit à la paresse. Autre élément de réflexion, que ce soit un licenciement ou un abandon de poste, vos indemnités chômage sont liées à un minimum de temps de cotisation, donc là encore celui qui abandonne son poste ne le fait pas pour « profiter » du chômage au bout de 15 jours de collaboration.

Enfin, autre élément de réflexion, la volumétrie. Est-ce que les « gens » exagèrent vraiment avec l’arme de la liberté et de l’abandon de poste ?

Nous avons plus de 3 millions de chômeurs chez Pôle Emploi suite notamment aux licenciements des entreprises qui chaque année représentent environ 1 million de nouveaux chômeurs.

Nous avons également pas loin de 2 millions de démissions par an de la part des salariés dans les « bonnes » années.

Les abandons de postes ? 500 000 par an ! 

D’après une étude de la Direction de l’animation de la Recherche des études et des statistiques (Dares), au premier trimestre 2022, 123 000 salariés du secteur privé, dont 116 000 en CDI ont quitté leur poste sans avoir prévenu ou obtenu l’autorisation de leur employeur. Les secteurs les plus touchés sont le transport et l’entreposage, avec 41 000 abandons de CDI en seulement six mois.

43 % ouvrent des droits au chômage

Si l’abandon de poste est considéré comme un motif de licenciement pour faute grave, il permet cependant d’ouvrir un droit à l’assurance chômage. En effet, la Dares estime que 55 % des salariés ayant abandonné leur poste se sont inscrits à Pôle emploi dans les trois mois qui ont suivi leur décision.

Toujours selon cette étude, 43 % ont ouvert des droits à l’assurance-chômage en vue d’obtenir une indemnisation. C’est cette possibilité d’indemnisation que l’article 4 de la réforme de l’assurance chômage de décembre 2022 souhaite modifier. En effet, d’après le texte, les employés qui abandonnent leur poste seraient alors considérés comme démissionnaires et ne pourraient donc plus exercer leur droit à l’assurance chômage. Le décret d’application de cet article devrait intervenir d’ici à la fin du mois de mars.

D’ailleurs quand on détaille l’étude de la DARES, l’organisme public indique même que « Les individus abandonnant leur CDI ont moins recours à l’assurance chômage que ceux mettant fin à leur CDI par une rupture conventionnelle : parmi ces derniers, les proportions d’inscription à Pôle emploi et d’ouverture de droit sont respectivement de 73 % et 60 %. »

En clair, tous ceux qui « bénéficient » d’une rupture conventionnelle avec l’accord de l’employeur donc, sont nettement plus nombreux à se faire indemniser par Pôle Emploi que ceux qui abandonnent leurs postes.

Ce n’est donc en aucun cas un sujet financier ici.

Nous avons à faire à une question d’obéissance. 

Nous avons à faire à une question de soumission à l’employeur.

Nous avons à faire à un retour de ce qu’il y a de pire dans une « collaboration », à savoir le travail qui se transforme en prison, en obligation, en soumission.

Il peut y avoir des comportements de la part de « patrons » de « chefs » de « managers » qui sont intolérables et inacceptables et ou l’abandon de poste dans la seconde est le seul recours possible et envisageable.

Cela va de l’insulte ou de la violence physique ou verbale, à la sécurité physique du salarié, ou à l’ordre illégal, sans oublier bien évidemment dans le cas des dames, quelques avances un peu trop appuyées. Le droit à l’abandon de poste est ce qui différencie aussi l’esclavage du salariat.

Passer par un décret, sans débat et sans réflexion autour de ce sujet n’est pas une erreur. Cela démontre parfaitement la volonté de certains puissants de contraindre les salariés.

Bien évidemment la femme harcelée sexuellement pourra toujours partir, elle est libre n’est-ce pas, mais sans indemnités chômage. Ce n’est pas franchement un progrès social mais bien une régression majeure dont bien peu comprennent la gravité, la portée philosophique et la dangerosité pour les salariés.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

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