L’UE accuse Washington de s’enrichir grâce à la guerre en Ukraine

28 NOVEMBRE 2022 anguille sous roche

« Neuf mois après avoir envahi l’Ukraine, Vladimir Poutine commence à fracturer l’Occident », observe Politico dans un aveu surprenant qui marque un revirement radical par rapport à l’optimisme antérieur des médias grand public et aux encouragements de l’approche du chèque en blanc de la Maison Blanche pour soutenir l’Ukraine. « De hauts responsables européens sont furieux contre l’administration de Joe Biden et accusent désormais les Américains de tirer une fortune de la guerre, tandis que les pays de l’UE souffrent. »

Il y a clairement une frustration croissante parmi les responsables européens face au refus de Washington de pousser le gouvernement Zelensky à la table des négociations alors que des milliards sans précédent d’armement et d’aide à la défense affluent, risquant une escalade imprévisible entre l’OTAN et la Russie. Pendant ce temps, les populations européennes continueront d’être les premières à payer le prix des températures hivernales glaciales et d’une grave crise d’approvisionnement énergétique simultanée, même si certains dirigeants continuent de débiter des idéaux abstraits de « sacrifice ».

Et pendant tout ce temps, Biden a continué à mettre en place ses subventions et taxes vertes controversées, largement perçues comme punissant injustement les industries européennes en cette période très sensible.

Un haut fonctionnaire européen s’adressant à Politico a également critiqué la politique de la Maison Blanche, qui consiste à utiliser la guerre en Ukraine pour remplir les poches des entreprises de défense américaines, tout en faisant la sourde oreille aux appels des Européens à un soulagement de cette situation sans issue.

« Le fait est que, si l’on regarde les choses sobrement, le pays qui profite le plus de cette guerre est les Etats-Unis, parce qu’ils vendent plus de gaz et à des prix plus élevés, et parce qu’ils vendent plus d’armes », a déclaré le haut fonctionnaire.

Cette personne a reconnu qu’un changement de sentiment à grande échelle était en train de s’opérer, en grande partie sous l’effet de la position irréductible de l’administration américaine, qui consiste à « gagner en Ukraine à tout prix » :

Ces commentaires explosifs – soutenus en public et en privé par des fonctionnaires, des diplomates et des ministres d’autres pays – font suite à la colère croissante en Europe contre les subventions américaines qui menacent de ruiner l’industrie européenne. Le Kremlin est susceptible de se réjouir de l’empoisonnement de l’atmosphère parmi les alliés occidentaux.
« Nous sommes vraiment à un moment historique », a déclaré le haut fonctionnaire de l’UE, estimant que le double choc de la perturbation des échanges due aux subventions américaines et des prix élevés de l’énergie risque de retourner l’opinion publique à la fois contre l’effort de guerre et l’alliance transatlantique. « L’Amérique doit réaliser que l’opinion publique est en train de changer dans de nombreux pays de l’UE. »

Mais le Conseil national de sécurité américain a récemment réitéré sa position selon laquelle la crise repose uniquement sur les épaules de Poutine, tandis que Washington présente simplement l’augmentation des livraisons de gaz naturel liquéfié américain à l’Europe comme répondant à la nécessité de « se diversifier par rapport à la Russie », selon une déclaration du NSC.

Même le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, qui se montre habituellement conciliant, s’interroge et montre des signes de perte de confiance dans les efforts « unis » pour soutenir l’Ukraine, reconnaissant à Politico que « les Américains – nos amis – prennent des décisions qui ont un impact économique sur nous ».

Et pour une décomposition plus pointue du problème tel que Bruxelles le voit….

« Les États-Unis nous vendent leur gaz avec un effet multiplicateur de quatre lorsqu’il traverse l’Atlantique », a déclaré le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton à la télévision française mercredi. « Bien sûr, les Américains sont nos alliés… mais quand quelque chose ne va pas, il faut aussi entre alliés le dire. »

Un autre diplomate européen cité dans le rapport de Politico a décrit que le plan de subventions industrielles de 369 milliards de dollars de Biden pour soutenir les industries vertes dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation a déclenché la panique dans les capitales européennes.

« La loi sur la réduction de l’inflation a tout changé », a déclaré le diplomate européen. « Washington est-il toujours notre allié ou non ? » Cette fureur montante pourrait se déverser dans les rues alors que davantage de ménages européens risquent de connaître des pénuries d’électricité et de chauffage cet hiver, ce qui intensifiera encore la pression sur les politiciens européens.

Source : Zero Hedge – Traduit par Anguille sous roche