Guerre en Ukraine : Déconfit, Zelensky demande l'évacuation de l’oblast de Donetsk, région définitivement aux mains des russes
Publié par wikistrike.com sur 31 Juillet 2022, 09:20am
Catégories : #Politique internationale
Quelque 200 000 civils vivent encore dans les territoires de cette partie du Donbass, dans l’est du pays, alors que la Russie gagne du terrain.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé, samedi 30 juillet, les habitants de l’oblast (région administrative) de Donetsk à évacuer afin d’échapper à la « terreur russe » et aux bombardements sur cette partie de l’est du pays.
« Une décision gouvernementale a été prise sur l’évacuation obligatoire de l’oblast de Donetsk », a déclaré M. Zelensky dans une adresse vidéo dans la soirée. « S’il vous plaît, évacuez », a-t-il demandé, avant d’ajouter : « A ce stade de la guerre, la terreur est la principale arme de la Russie. »
La vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, avait précédemment annoncé l’évacuation obligatoire de toute la population de l’oblast de Donetsk, l’une des deux régions administratives du bassin industriel du Donbass, où la Russie gagne du terrain. Elle avait motivé cette décision, dans des déclarations à la télévision, par la destruction des réseaux de gaz et l’absence de chauffage l’hiver prochain dans la région.
Au moins 200 000 civils vivent encore dans les territoires de l’oblast de Donetsk qui ne sont pas sous occupation russe, selon une estimation des autorités ukrainiennes. « Au total, il y a actuellement environ 52 000 enfants dans l’oblast de Donetsk. Les policiers expliquent aux parents que leur évacuation implique de leur fournir un logement et de leur apporter toute l’aide nécessaire », a précisé la police nationale, chargée de l’opération.
Les frappes russes sur les villes de ce territoire font, tous les jours ou presque, des victimes dans la population civile. Dans la nuit de samedi à dimanche, l’armée ukrainienne a fait état de frappes d’artillerie russes notamment à Bakhmout et Kramatorsk, près de la ligne de front.
« Crime de guerre russe délibéré » à Olenivka
Vendredi, le bombardement d’un baraquement abritant des soldats ukrainiens prisonniers à Olenivka, en territoire occupé par les Russes dans l’oblast de Donetsk, a fait une cinquantaine de morts. Un « crime de guerre russe délibéré », selon M. Zelensky.
Le chargé des droits humains ukrainien au Parlement (Rada), Dmytro Loubinets, a annoncé samedi avoir demandé à la Croix-Rouge et à la mission de surveillance du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en Ukraine, qui avaient supervisé en mai la reddition, négociée avec les Russes, des défenseurs de l’usine d’Azovstal à Marioupol (Sud-Est), de se rendre à Olenivka.
Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique, environ 2 500 combattants ukrainiens s’étaient rendus, et Moscou avait fait savoir qu’ils seraient incarcérés à Olenivka. « Quand les défenseurs d’Azovstal avaient quitté l’usine, l’ONU et le CICR avaient agi en garants de la vie et de la santé de nos soldats », a déclaré, vendredi soir, M. Zelensky, en appelant l’ONU et la Croix-Rouge à « réagir ».
L’Union européenne a condamné vendredi soir « les atrocités commises par les forces armées russes et leurs supplétifs », dans un communiqué de son chef de la diplomatie, Josep Borrell, visant à la fois le bombardement de la prison et des accusations de torture et d’émasculation d’un prisonnier ukrainien, dont une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux.
La France, dans un communiqué du ministère des affaires étrangères, a exprimé « son horreur devant les informations faisant état d’assassinats et d’actes de torture contre des prisonniers de guerre ukrainiens, dans le centre de détention d’Olenivka, sous protection de la Fédération de Russie », ajoutant que, le cas échéant, les responsables devraient « répondre de leurs actes ».
« Ils méritent une mort humiliante »
La tension autour du sort des milliers de prisonniers de guerre ukrainiens aux mains des Russes ou des séparatistes du Donbass avait été encore ravivée par un tweet, vendredi soir, de l’ambassade russe au Royaume-Uni, visant spécifiquement le régiment nationaliste ukrainien Azov, qui a combattu à Marioupol. « Les combattants d’Azov méritent d’être exécutés, mais pas par un peloton d’exécution, par pendaison. Ce ne sont pas de vrais soldats. Ils méritent une mort humiliante », pouvait-on lire dans ce tweet en anglais.
Andriy Yermak, le chef du cabinet du président ukrainien, y a vu la preuve que la Russie est « un Etat terroriste ». « Il n’y a aucune différence entre les diplomates russes appelant à l’exécution des prisonniers de guerre ukrainiens et les troupes russes le faisant à Olenivka. Ils sont tous complices de ces crimes de guerre et doivent en être tenus responsables », a de son côté souligné sur Twitter le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Oleg Nikolenko.
Le comité d’enquête russe avait annoncé vendredi le bombardement d’Olenivka, affirmant que les forces ukrainiennes avaient elles-mêmes « tiré sur la prison où sont détenus les membres du bataillon Azov, utilisant des projectiles américains du système Himars », lance-roquettes multiples de grande précision livrés par les Etats-Unis. L’état-major ukrainien avait balayé ces accusations, affirmant qu’il s’agissait, pour les forces russes ou séparatistes, de « camoufler les tortures de prisonniers et les exécutions » qui avaient été « perpétrées ».
La Russie a affirmé samedi soir avoir invité des experts des Nations unies et de la Croix-Rouge à enquêter sur les circonstances du bombardement de la prison d’Olenivka. Dans un communiqué, le ministère de la défense russe dit avoir pris cette initiative « dans l’intérêt de la conduite d’une investigation objective ».
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