FARC: Depuis les accords de paix en 2016, plus d’un millier de syndicalistes et d’activistes assassinés en Colombie
Il y a quatre ans, le 26 septembre 2016, était signé un accord de paix entre les autorités colombiennes et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), censé mettre fin à cinquante-deux ans de conflit armé. Mais la paix, les Colombiens et Colombiennes l’attendent toujours. Une analyse du chercheur Frédéric Thomas.
Contrairement à ses deux grands voisins, le Venezuela et le Brésil, la Colombie n’occupe guère de place dans nos médias. À croire que, longtemps coincé dans la rubrique « narcotrafic », le pays de Pablo Escobar s’est normalisé avec la signature de l’accord de paix, en 2016. Fin de la guerre, fin de l’histoire. D’où l’oubli – médiatique en tous les cas – dans lequel le pays est tombé… Et le choc à y regarder de plus près, pour quiconque découvre la gravité de la situation.
En 2019, la Fondation pour la liberté de la presse a enregistré 113 menaces et 360 agressions contre des journalistes. Classée 130ème sur 180 pays en matière de liberté de la presse, loin derrière l’Argentine (64ème) et même le Brésil (107ème), la Colombie se montre plus dangereuse encore pour les travailleurs, au point de faire partie des « dix pires pays » au monde selon la Confédération syndicale internationale (CSI) [1]. Si le nombre d’assassinats de syndicalistes a baissé pendant la période 2014-2016, alors que se négociait l’accord de paix, il est à nouveau en hausse depuis 2017.
Record du nombre de défenseurs environnementaux assassinés
Entre 2016 et 2018, dans près de la moitié des cas, les auteurs des assassinats de syndicalistes n’ont pas été identifiés. Parmi ceux qui le sont, la plupart sont des paramilitaires. En 2018, année particulièrement meurtrière, 34 syndicalistes furent tués. 14 autres entre 2019 et début 2020.
La Colombie détient également le triste record du nombre de défenseurs environnementaux assassinés. En 2019, 212 personnes ont été tuées à travers le monde pour avoir défendu pacifiquement leurs terres ou s’être opposées à la destruction de la nature. 64 d’entre eux étaient colombiens. Encore s’agit-il d’une approximation minimale car bien souvent les cas ne sont pas enregistrés [2].
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