Deux autres membres de la cour royale saoudienne se sont exilés en France pour rejoindre le camp du prince Ahmed ben Abdelaziz. Cette vague de fuites laisse-t-elle présager la formation d’un front de « princes exilés » ?
Le site d’information Al-Ahed aborde la situation actuelle de la famille des Saoud, qui est largement sous l’effet des critiques virulentes formulées par des princes qui se distancient des politiques du roi Salmane et de son fils.
Dans la foulée, le site d’information Al-Ahed a révélé, sur sa page Twitter, l’identité de deux membres de la cour royale saoudienne qui se sont expatriés volontairement pour rejoindre le camp d’Ahmed ben Abdelaziz.
« Les deux membres de la cour royale saoudienne qui se sont exilés à Paris sont Saad et Hessah, respectivement un fils et une épouse de l’ancien roi d’Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz. Ces deux personnes n’ont pas quitté l’Arabie saoudite, mais elles l’ont fuie car ce sont des gens qui achètent la liberté en en payant le prix. Ces membres de la cour royale saoudienne se sont décidés à vivre à l’étranger », a-t-on on appris du tweet d’al-Ahed.
Le site d’information évoque ensuite une question délicate : « Un bloc de “princes exilés saoudiens” sera-t-il mis sur pied dans un proche avenir ? »
Cet événement a eu lieu à peine quelques jours après la publication, par le quotidien électronique The Middle East Eye, d’une nouvelle selon laquelle le prince Ahmed ben Abdelaziz, frère du roi Salmane, n’entend pas revenir en Arabie saoudite.
Le quotidien s’est référé aux propos d’Ahmed ben Abdelaziz, qui a pointé du doigt le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane comme étant responsables des crises dans la région.
Devant une foule de protestataires en colère, réunis devant sa maison à Londres, Ahmed ben Abdelaziz s’est distancié des politiques de son frère et de son neveu.
Selon A-Ahed, quand les manifestants scandaient « À bas les Saoud ! Cette famille de criminels ! », le prince s’est tourné vers eux et leur a demandé : « Pourquoi parlez-vous ainsi des Saoud ? En quoi toute la famille des Saoud a-t-elle quelque chose à voir avec tout ça ? Ce sont certains individus qui en sont responsables. N’impliquez pas tout le monde ».
Quand les manifestants lui ont demandé à qui revenait la responsabilité, le prince a répondu : « Le roi et le prince héritier, ainsi que d’autres personnes au sein de l’État. »
En juste quelques minutes, la vidéo de ces propos a fait le buzz sur les réseaux sociaux. L’agence de presse officielle saoudienne (SPA) a rapidement réagi à l’événement en tentant de suggérer que l’interprétation selon laquelle le prince aurait critiqué le roi serait « inexacte ».
Dans ce droit fil, Cyril Widdershoven, expert américain spécialisé dans le domaine de l’énergie, a fait paraître un article sur le site web Oil Price avec pour titre : « Une nouvelle crise est-elle en train de sourdre au sein de la famille royale saoudienne ? »
« Les changements majeurs ne se produisent jamais sans instabilité, sans conflit et sans crise. Le changement spectaculaire auquel l’Arabie saoudite envisage de donner lieu afin de diversifier son économie et de se détourner du statut d’État vivant des rentes du pétrole ne se passe pas aussi bien que prévu.
Les reports répétés de l’entrée en bourse d’Aramco et les changements infligés au tissu social de l’Arabie saoudite pourraient compromettre la position du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
Les conflits internes persistent au sein de la cour royale, mais, jusqu’à présent, Mohammed ben Salmane a échappé à toute conséquence fâcheuse grâce au soutien indéfectible de son père, le roi Salmane.
Au regard des développements en cours, une nouvelle confrontation semble se profiler. Un autre Ritz-Carlton est-il en cours de préparation ?
Sur l’échiquier international, les critiques se multiplient vis-à-vis des politiques de Riyad. Les médias occidentaux semblent avoir choisi Mohammed ben Salmane comme l’une de leurs principales cibles, car plusieurs articles négatifs se succèdent sur le statut des droits de l’homme ou des libertés religieuses en Arabie saoudite.
Pendant ces deux derniers jours, plusieurs journaux à grand tirage ont rapporté un autre conflit au sein de la famille royale saoudienne. Des rapports de médias, tels qu’Al-Jazeera, Al-Khaleej et d’autres, montrent qu’une lutte de pouvoir se déroule à l’intérieur des échelons supérieurs de la cour royale, voire à l’intérieur du cercle proche du roi Salmane.
Une profonde fissure s’est creusée entre le roi Salmane et son frère le prince Ahmed, qui a publiquement critiqué la manière dont le royaume gère la guerre au Yémen.
Ces développements ne sont pas nouveaux. Nombreux sont les membres de la famille des Saoud qui sont en colère contre Mohammed ben Salmane, considéré comme trop jeune, trop inexpérimenté ou trop agressif et émotif.
Tant que le roi Salmane régnera, aucun changement majeur ne se produira, mais la question essentielle est de savoir ce qui se passera quand le roi mourra.
Même si on donne carte blanche à Mohammed ben Salmane pour qu’il puisse élargir et consolider ses prérogatives, il devra toutefois faire face à une opposition farouche au sein de l’établissement religieux, dont une partie reste l’allié des conservateurs de la famille des Saoud.
Les retombées de l’approche Ritz-Carlton à la fin de 2017, lorsque des dizaines d’hommes d’affaires et de princes saoudiens de premier plan ont été arrêtés pour fraude, sont toujours ressenties. »