mardi 3 avril 2018

Paiement sans contact : l’opposition ne suffit pas

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Vous vous faites voler votre carte bancaire et vous vous empressez de faire opposition ? Le voleur peut continuer à se servir sur votre compte !

Le 20 janvier dernier, Audrey perd sa carte bancaire Visa. Dès qu’elle s’en aperçoit, elle contacte sa banque, la Caisse d’Épargne, afin de faire opposition sur sa carte. Affaire réglée ?
Pas vraiment.
« Trois semaines après cette opposition, des opérations suspectes ont commencé à avoir lieu sur mon compte bancaire, nous rapporte cette consommatrice. À chaque fois, des “petits” montants, entre 8 € et 19 €, plusieurs fois par jour. »

Une situation normale pour la banque

Pour la banque, c’est tout à fait normal : l’opposition n’a pas d’effet sur la fonctionnalité “paiement sans contact” puisque le terminal de paiement du commerçant n’envoie aucune demande d’autorisation à la banque.
Autrement dit, le voleur peut continuer à faire des achats avec le sans-contact sans difficulté !
« Ma conseillère m’a dit qu’il n’existait aucune solution pour arrêter ces agissements et qu’il fallait seulement, dixit, “croiser les doigts pour que ces faits s’arrêtent tout seuls”. Je suis atterrée ! »

Il faut que le plafond soit atteint

Il existe quand même des garde-fous à ces paiements, comme le souligne Pierre Chassigneux, directeur des projets et des risques au sein du Groupement des cartes bancaires CB : « Les cartes sans contact intègrent toutes un dispositif de “gestion du risque”. Un plafond maximal du cumulé de paiements, aux alentours d’une centaine d’euros, est fixé par chaque banque. Les sommes payées via le sans-contact sont additionnées et, lorsque le plafond est atteint, le terminal de paiement demande à l’utilisateur d’entrer sa carte et de taper son code confidentiel. »
À la Caisse d’Épargne, le plafond des paiements consécutifs en sans-contact est de 80 €. Le forfait du voleur s’arrêtera donc quand ce montant sera atteint.
Autre protection pour le client : l’article L. 133-18 du code monétaire et financier, qui dispose que le client doit être totalement et immédiatement remboursé par la banque lorsque sa carte est utilisée à son insu sans utilisation du code confidentiel.

Le client est contraint de surveiller ses comptes

Mais encore faut-il que le client repère les paiements frauduleux et les signale à son agence bancaire. Et c’est bien ce qui indigne Audrey : « Je dois donc consulter mon compte tous les jours et, au fur et à mesure, envoyer à ma banque les montants que je conteste ! »
Une surveillance fastidieuse qui peut s’étaler sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, tant que le fameux plafond n’est pas atteint. Heureusement, la loi laisse aux victimes un délai de treize mois suivant la date du débit pour signaler toute opération suspecte sur leur compte.

Bug sur les cartes sans contact de la Caisse d’Épargne

Début février, une commerçante de Fécamp nous alerte :
« J’utilise un terminal de paiement, et lorsqu’un client paie par carte bancaire sans contact, je vois apparaître sur le reçu un solde bancaire. Ce problème apparaît avec les clients de la Caisse d’Épargne, je trouve cela très indiscret. »

« Données sans incidence »

Après enquête, il s’agit d’une erreur de paramétrage détectée en 2015. Pierre Chassigneux, du Groupement des cartes bancaires CB, nous explique : « Lors de leur dernière phase de fabrication, les cartes bancaires sont personnalisées avec divers paramètres. Parmi eux, figure un compteur (dont le plafond varie selon les banques) qui va enregistrer le cumul des transactions avec et sans contact, effectuées avec la carte et pour lesquelles aucune autorisation n’est envoyée à la banque. Ce qui apparaît sur ce ticket est le solde restant sur ce compteur. »
Cette information ne devrait pas être transmise au terminal de paiement.  Elle ne reflète toutefois en rien la situation financière du client. « Ce n’est pas le solde du client qui s’affiche, mais des données sans incidence », souligne la Caisse d’Épargne.
Ce problème – qui ne toucherait qu’une seule banque – est encore présent sur un tiers des cartes en circulation, les autres ayant déjà été renouvelées, assure le Groupement des cartes bancaires CB.

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