Aujourd’hui les membres et partisans des partis ultra-nationalistes ukrainiens Svoboda (anciennement parti social-nationaliste d’Ukraine), Secteur Droit et Corps National (issu du régiment néo-nazi Azov) manifestent contre les oligarques dans le quartier gouvernemental à Kiev.
Le leader de Svoboda, Oleg Tiagnibok, présent sur place, a annoncé qu’avec cette marche, les forces nationalistes du pays s’unissaient pour démarrer une série d’actions à travers toute l’Ukraine exigeant d’éliminer l’influence des oligarques sur les autorités de Kiev. Une demande qui revient à demander la destitution de Porochenko, puisque classé actuellement comme étant le 5e homme le plus riche du pays, avec un milliard de dollars de richesse, ce dernier rentre directement dans la catégorie des oligarques.
« Aujourd'hui, nous exigeons l'adoption d'un plan clair et précis, un paquet de réformes anti-oligarchiques, qui comprend environ 20 projets de loi différents qui ont été enregistrés par la Verkhovna Rada depuis longtemps, mais qui, malheureusement, sont couverts de poussière et ne sont pas soumis au vote du pouvoir actuel, qui est de fait oligarchique. C'est pourquoi nous demanderons aujourd'hui à la Verkhovna Rada, au gouvernement et au président d'adopter ce paquet de changements radicaux anti-oligarchique extrêmement important, » a déclaré Tiagnibok avant le début de la marche.
Selon lui, dans ce paquet de projets de loi, il y a des paquets économiques et politiques. Le premier comprend des projets de loi sur la délocalisation, l'abolition des monopoles privés, l'introduction d'une taxe de luxe, la cessation de la privatisation des entreprises stratégiques et l'interdiction de la vente de terres agricoles (un point qui va faire grincer des dents le FMI).
Le bloc politique comprend des projets de loi sur l'approbation de la procédure de destitution du président, l'abolition de l'immunité parlementaire, judiciaire et présidentielle, le mécanisme de retrait des députés, des fonctionnaires et des juges, ainsi que l'adoption d'un nouveau code électoral.
Il faut dire que lorsqu’on voit que le nombre de millionnaires en Ukraine a doublé en 2017 par rapport à 2016, alors que le reste de la population s’appauvrit de plus en plus depuis le Maïdan, il y a de quoi vouloir faire le ménage.
Et ils ne sont pas les seuls à exiger de profondes réformes. Du fond de sa prison, Nadia Savtchenko a aussi proposé de changer l’Ukraine de fond en comble.
Et ils ne sont pas les seuls à exiger de profondes réformes. Du fond de sa prison, Nadia Savtchenko a aussi proposé de changer l’Ukraine de fond en comble.
Elle propose notamment de recenser la population (ce qui n’a plus été fait depuis 2001 et le résultat risque d’être édifiant), de faire l’inventaire des localités et des ressources du pays, ainsi que de modifier le système électoral pour que les habitants puissent révoquer leurs élus (une idée qui est loin d’être bête et qui pourrait inspirer d’autres pays).
Nadia Savtchenko propose aussi de réorganiser le système judiciaire et les forces de l’ordre de telle façon que les Ukrainiens puissent élire directement le chef de police et le président du tribunal de leur région.
Pour elle, le pays devrait aussi être divisé en communes de 120 000 à 150 000 habitants, car ce serait plus proche du mode de vie traditionnel des Ukrainiens.
« Pourquoi les Ukrainiens ont-ils besoin de ce concept ? Parce qu'il repose sur le mode de vie et la conception du monde ukrainiens traditionnels et la démocratie réelle, et non pas sur la démocratie créée par les hommes politiques modernes », écrit-elle sur Facebook.
Mais toutes ces propositions de réformes oublient un point majeur à l’origine de la plupart des problèmes actuels de l’Ukraine : la coupure des liens économiques avec la Russie et les tentatives de rapprochement avec l’UE.
Comme l’a très bien souligné Viktor Medvedtchouk, ce sont les euro-réformes qui, en quatre ans, ont plongé le pays dans la misère, faute d’avoir tenu compte des réalités économiques du pays.
« Fin 2013, la dette de l'Ukraine, étatique et garantie par l'État, représentait 40 % du PIB et, à la fin de 2017, elle avait plus que doublé, dépassant 80 % du PIB. En 2013, le PIB par habitant de l'Ukraine était supérieur à 4 075 dollars et, dès 2016, il était de 2 221 dollars. Le salaire mensuel moyen en 2017 s'élevait à 267 $ dans l'ensemble du pays (en 2013, il dépassait 408 $). La pension « modernisée » par le gouvernement en 2017 est 2,3 fois moins élevée qu'avant les euro-réformes. Aujourd'hui, c'est un peu plus de 48 $, alors qu'en 2013, c'était presque 112 $ », a écrit Medvedtchouk sur le site Web de son mouvement « Choix ukrainien ».
« Fin 2013, la dette de l'Ukraine, étatique et garantie par l'État, représentait 40 % du PIB et, à la fin de 2017, elle avait plus que doublé, dépassant 80 % du PIB. En 2013, le PIB par habitant de l'Ukraine était supérieur à 4 075 dollars et, dès 2016, il était de 2 221 dollars. Le salaire mensuel moyen en 2017 s'élevait à 267 $ dans l'ensemble du pays (en 2013, il dépassait 408 $). La pension « modernisée » par le gouvernement en 2017 est 2,3 fois moins élevée qu'avant les euro-réformes. Aujourd'hui, c'est un peu plus de 48 $, alors qu'en 2013, c'était presque 112 $ », a écrit Medvedtchouk sur le site Web de son mouvement « Choix ukrainien ».
Il a également souligné que les données de nombreux classements internationaux témoignent de la situation catastrophique du pays. En particulier, l'Ukraine est désormais à la 7e place du classement Bloomberg des pays les plus défavorisés (classement provisoire pour 2018 basé sur des estimations, l’Ukraine était déjà 5e en 2017 après le Venezuela, l’Égypte, l’Argentine et l’Afrique du Sud).
Dans le classement des pays par niveau de prospérité de l'Institut Legatum, l'Ukraine se situe à la 112e place (juste après le Bangladesh et avant le Burkina Faso), alors qu'en 2013, elle occupait la 64e position.
Dans le classement des meilleurs pays pour une retraite confortable, l'Ukraine est dans les dix derniers, à la 72e place. Et dans le classement de la liberté économique établi par la Fondation Héritage, l'Ukraine parmi les pays européens est à la 44e et dernière place, et dans le classement mondial se retrouve parmi les derniers.
« Les autorités ont promis de réduire les impôts, de protéger les droits de propriété, de créer les conditions pour le développement des entreprises, d'améliorer le climat d'investissement dans le pays, de vaincre la corruption, mais au lieu de la « Mecque de l'investissement », l'Ukraine est devenue un pays que les capitaux étrangers contournent comme rien d'autre... Dans l'Ukraine euro-intégrée, il n'y a pas une seule sphère de l'économie, pas une seule branche qui n'a pas souffert des « réformes » menées par le gouvernement. Pour des millions d'Ukrainiens, le prétendu choix civilisationnel s'est transformé en chômage, en pauvreté désespérée et en manque de foi en l'avenir », a déclaré le politicien.
Un tel désespoir dans la population est un terreau parfait pour les ultra-nationalistes qui peuvent ainsi facilement rassembler les Ukrainiens contre les boucs émissaires qu’ils ont désignés (les oligarques) et obtenir ainsi un soutien massif de la population à leurs plans de nouveau coup d’État.
L’histoire bégaye, et la situation actuelle de l’Ukraine rappelle celle de l’Allemagne de Weimar. Le chômage de masse et le désespoir produisant souvent les mêmes résultats, il n’y aurait rien de surprenant à ce que l’Ukraine bascule brutalement et totalement dans l’ultra-nationalisme le plus radical, pour ne pas dire le néo-nazisme.
Christelle Néant
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