Diviser pour mieux régner : La Hongrie soutient le droit de la Transcarpatie à l’autonomie
source : Réseau International
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Le vice-Premier ministre hongrois Zsolt Semjén, commentant l’octroi de la citoyenneté hongroise aux résidents de la région ukrainienne de Transcarpatie, a déclaré que du point de vue de Budapest, les Hongrois vivant dans la région avaient droit à l’autonomie.
Au cours des six derniers mois, les problèmes des droits des minorités ethniques, devenus progressivement des problèmes territoriaux, ont émergé entre Kiev et la Roumanie, ainsi qu’avec la Pologne. Mais la Hongrie est plus stricte, plus cohérente et plus transparente que tous les autres voisins occidentaux de l’Ukraine.
En fait, Budapest a annoncé qu’elle prenait la Transcarpatie sous sa protection. Dans le même temps, elle s’appuie à la fois sur l’état actuel des choses et sur les normes de la constitution hongroise.
Étranglée par sa russophobie, et rêvant d’intégration européenne, l’Ukraine a regardé calmement la Hongrie distribuer ses passeports en Transcarpatie depuis des décennies (actuellement, environ 200 000 ont été distribués).
À Kiev, ils étaient simplement contents que Budapest prenne en charge la fourniture de manuels scolaires, la formation du personnel enseignant, et les bonus pour les professeurs des écoles en Transcarpatie. Et quand la Hongrie a pris en charge la plupart des sphères sociales dans la région, l’Ukraine était prête à danser de joie. Combien d’argent du budget serait économisé. Ou volé.
Budapest a pénétré de plus en plus profondément en Transcarpatie – et cela a été la même chose avec toutes les autorités ukrainiennes successives. Kiev ne se souciait pas non plus de la violation flagrante de la législation ukrainienne qui interdit la double nationalité, ni de l’intervention actuelle de la Hongrie dans les affaires d’une large région frontalière.
Si des actions similaires étaient autorisées par la Russie dans n’importe quelle zone frontalière de l’Ukraine, alors on entendrait les hystériques des autorités de Kiev jusqu’en Sibérie. Mais on croyait qu’en Occident il n’y avait que des amis, et que tous les problèmes seraient enfin résolus lorsque l’Ukraine serait membre de l’UE et de l’OTAN.
Mais jusqu’à présent, elle n’est pas devenue membre de l’UE et de l’OTAN, et, apparemment, cela n’arrivera jamais. Mais il y a plus de problèmes territoriaux maintenant. La Roumanie et la Pologne agissent de la même façon que la Hongrie, mais pas aussi ouvertement jusqu’ici. Il ne fait aucun doute que les revendications que Budapest fait aujourd’hui, seront faites demain par Varsovie et Bucarest.
Les revendications de la Hongrie sont intéressantes car elles forcent Kiev à reconnaître légalement la perte de contrôle sur la région de Transcarpatie qui existait déjà dans les faits. Notamment, la constitution hongroise oblige le gouvernement à protéger les droits des Hongrois dans les zones où ils vivent en grande concentration à travers le monde. Cela concerne principalement les territoires ukrainien, roumain et slovaque dans la région des Carpates, la Voïvodine serbe, et le Nord-Est de la Croatie. Budapest ne distribue pas ses passeports seulement aux citoyens de l’Ukraine. Au total, 870 000 passeports ont été donnés à des Hongrois de l’étranger.
Néanmoins, jusqu’à présent, la Hongrie ne s’était pas autorisée à faire des déclarations aussi dures ni envers l’Ukraine, ni envers ses autres voisins, sur le territoire desquels des Hongrois ethniques vivent. Dans le même temps, Budapest a un conflit de longue date avec la Roumanie, depuis la fin de la Première Guerre Mondiale, qui a vu les Hongrois vivant en Transylvanie soumis à l’assimilation. Jusqu’en 2017, la Hongrie n’avait pas de revendications envers l’Ukraine.
À Budapest, ils sont bien conscients que toutes les restrictions législatives sur la question nationale, qui sont promues par les autorités ukrainiennes, sont dirigées contre la population russe. Auparavant, Kiev n’interférait pas dans les affaires de la communauté de Transcarpatie, dont l’économie est liée au commerce de contrebande avec la Hongrie elle-même, se contentant d’une loyauté déclarative, qui n’est même pas disponible à crédit maintenant.
Le meilleur exemple est le gouverneur de Transcarpatie, Guennady Moskal, qui a une grande expérience de la gestion de régions déloyales à Kiev. C’est la deuxième fois qu’il est gouverneur en Transcarpatie. Moskal a toujours poursuivi de manière rigide et sans faille la ligne des autorités centrales dans les régions où il a été nommé.
Le fait est que durant l’année écoulée, Moskal a sévèrement critiqué Kiev du point de vue de l’autonomie de la Transcarpatie. Et c’est un officiel expérimenté, qui prend toujours le parti du gagnant au bon moment. Son comportement actuel indique qu’il ne croit pas en l’avenir à long terme de l’Ukraine en Transcarpatie.
Autrement dit, la Hongrie ne se contente pas de défendre les Hongrois. Elle a frappé l’Ukraine car c’est le maillon le plus faible. Budapest a parlé à un moment où Kiev a démontré son impuissance politique et sa perte de contrôle, non seulement sur les élites régionales, mais aussi sur la situation dans la capitale, où le siège du président est partagé, sans hésitation, alors que Porochenko est toujours vivant.
En fait, la Hongrie a exigé de l’Ukraine les mêmes réformes que la Russie lui avait conseillées de poursuivre en 2014 (et dont les engagements sont fixés dans les accords de Minsk). En particulier, nous parlons de la nécessité de la fédéralisation du pays, pour laquelle il est nécessaire de modifier la constitution.
Seulement maintenant la large autonomie (pour laquelle la fédéralisation est nécessaire) n’est pas exigée par le Sud-Est « pro-russe », mais par l’Ouest pro-européen de l’Ukraine (ils détestent les nationalistes galiciens en Transcarpatie, sauf qu’ils ne vont pas intégrer la Russie, mais la Hongrie).
Le fait que Budapest ait été la première à se démarquer ne devrait pas surprendre. La possibilité de résoudre le problème en Ukraine est importante pour la Hongrie, non seulement en tant que telle, mais aussi en tant que précédent, auquel on pourra se référer à l’avenir. Mais les Roumains se tiennent déjà prêts (ils ne cachent pas leurs revendications concernant la Bucovine du Nord et la Bessarabie du Sud) ainsi que les Polonais (jusqu’à présent seule la « Lvov polonaise » est mentionnée, mais ils sont prêts à récupérer Ivano-Frankovsk, Ternopol et, s’ils ont de la chance, la Volhynie).
La hâte avec laquelle elle lutte pour l’autonomie des Hongrois montre que Budapest ne croit pas que l’État ukrainien existera encore longtemps, et est pressée de mettre en avant ses intérêts nationaux (y compris territoriaux).
Agence DONi News / Traduction par Christelle Néant
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