lundi 3 juillet 2017

VIDEO. La Nasa va tenter de dévier un astéroïde potentiellement dangereux

>Sciences|Florian Maussion|source l Le Parisien
ILLUSTRATION. La Nasa a modélisé l'impact de DART avec Didymos B. 
(Capture d'écran/Nasa.)
 

Un impacteur s'écrasera en 2022 sur Didymos B, un astéroïde de 170m de diamètre jugé potentiellement dangereux pour la Terre.

Ce n’est pas encore «Armageddon», mais la science s’en rapproche. Vendredi, la Nasa a dévoilé les contours de la mission DART (Double Asteroid Redirection Test), qui doit amener, en 2022, le premier test grandeur nature de déviation d’un astéroïde. Elle permettra d’apporter une première réponse à une question qui taraude de plus en plus les scientifiques : que faire si un objet céleste nous fonce délibérément dessus ?

Personne aujourd’hui ne peut dire quoi faire pour éviter le cataclysme, au-delà de la simple hypothèse. La très faible probabilité de le voir arriver a longtemps permis de repousser le problème à plus tard. L’incident de Tcheliabinsk a réveillé cette vieille inquiétude quand, le 15 février 2013, une météorite d’une quinzaine de mètres de diamètre a explosé au-dessus de cette ville russe d’un million d’habitants, blessant un millier de personnes, touchées essentiellement par des débris de vitres. L’événement a aussi permis de se souvenir qu’un siècle plus tôt, en 1908, un ovni d’une cinquantaine de mètres de diamètre avait rasé 20 km de forêt en Sibérie.

Un quart des astéroïdes de plus de 140 m repérés


Le comble, c’est que ce type d’objet n’est même pas un sujet pour les scientifiques, car les dégâts potentiels et leur extrême rareté ne justifient pas la dépense qu’il faudrait consentir pour les repérer. Les plus gros astéroïdes ne sont pas, non plus, un vrai motif d’inquiétude. Plus de 90% des objets célestes de plus d’un kilomètre sont d’ores et déjà identifiés, étudiés, et aucun d’entre eux ne représente une menace pour les siècles à venir.

Le vrai problème réside dans les objets sont le diamètre est inférieur au kilomètre mais supérieur à 140 m. Seuls 25% environ d’entre eux ont été repérés. Pourtant, leur potentiel destructeur est considérable. «A partir de ce seuil, quel que soit l’endroit où l’objet tomberait (ndlr, y compris dans une zone déserte), l’énergie serait telle que l’événement s’étendrait à l’échelle d’un pays», explique au «Parisien-Aujourd'hui en France» l’astrophysicien Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS.

EN IMAGES. Ces astéroïdes qui menacent de frapper la Terre

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Trois méthodes, une solution


Trois scénarios ont été envisagés pour s’en protéger. Le premier fait penser de loin au film «Armageddon», puisqu’il consiste à faire exploser une ogive nucléaire près de l’objet pour le faire dévier. Problème : si celui-ci n’est pas assez imposant et éclate, les fragments représenteront eux-mêmes un danger pour la Terre. Le second consiste à envoyer des satellites artificiels autour de l’astéroïde cible, qui vont exercer sur lui une force de gravitation pour le faire dévier petit à petit. Mais pour cela, il faut du temps, beaucoup de temps. Pour traiter la situation d’urgence, il faudra repasser.

Le troisième, en revanche, présente l’intérêt de pouvoir être mobilisé rapidement et de ne pas induire d’effets secondaires dangereux pour notre planète. C’est là que la mission DART intervient.

En 2020, la Nasa va lancer un impacteur cinétique de 300 kg dans l’espace. En dix-huit mois, il va rejoindre un couple d’astéroïdes tournant l’un autour de l’autre, jugés potentiellement dangereux pour la Terre. Le plus gros, Didymos A, mesure 800 m de diamètre. Sa lune, surnommée Didymoon, est un poids plume de 170 m de diamètre. Celui-ci va servir de cible. DART va le percuter en 2020, à une vitesse de 6 km/seconde. L’objectif de ce sacrifice : faire dévier Didymoon de son orbite initiale en modifiant sa vitesse.

VIDEO. L'impact de DART modélisé par la NASA

L’effet de la manœuvre devait être scruté de près par une sonde européenne, AIM. Celle-ci n’arrivera pas à l’heure, faute d’accord des 22 Etats membres de l’ESA sur le budget de la mission (environ 200 millions d’euros), mais les scientifiques travaillent déjà à un nouveau projet. «Nous sommes en train d’étudier une version moins coûteuse, en diminuant le nombre d’instruments pour rentrer dans un budget considéré comme raisonnable», précise Patrick Michel.

Le nouveau projet sera soumis en 2019, pour un lancement entre 2022 et 2024. Même avec deux ans de retard sur DART, il sera encore temps de mesurer l’effet de l’impacteur sur Didymoon. A la clé se trouvera peut-être le salut de la Terre pour les siècles à venir.

(J'aime bien quand la Nasa joue à qui perd, gagne. note de rené)

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