lundi 31 juillet 2017

[Secrets de fabrication] Les espadrilles basques, à la conquête de l’Asie (France)
NICOLAS CÉSAR CUIR - CHAUSSURES , NOUVELLE-AQUITAINE , SÉRIE D'ÉTÉ PUBLIÉ LE 31/07/2017 À 09H06

L'Usine Nouvelle vous révèle les secrets de fabrication de produits emblématiques du made in France. Spécialités régionales, symboles d'un territoire, savoir-faire typiques, sagas familiales... nous vous livrons tous les détails qui ont mené à leur succès. A dévorer au travail ou entre deux baignades ! Aujourd'hui, les espadrilles basques. Grâce à d’audacieux entrepreneurs, qui ont su remettre au goût du jour un savoir-faire ancestral, cette chaussure traditionnelle du Pays Basque est désormais un véritable accessoire de mode durant l’été.


[Secrets de fabrication] Les espadrilles basques, à la conquête de l’Asie
Nées au XVIIIe siècle, les espadrilles basques ont su traverser les âges.



Si on ne peut déterminer avec précision la date de naissance de l’espadrille, on peut cependant affirmer qu’elle fût fabriquée dans les Pyrénées-Atlantiques dès le XVIII e siècle par des artisans du chanvre et du lin. Mais, c’est surtout au XIX e siècle, que l’espadrille, composée d’une semelle tressée en corde de jute (ou en chanvre) et de tissu, se répand à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) et dans sa région, car c’était un produit peu coûteux et facile à fabriquer. Dans les années 1910, elle est même utilisée par les ouvriers dans les mines du Nord de la France. Au fil du temps l’espadrille du Pays Basqu se démocratise et tend à devenir une chaussure de détente et de loisir. Dans les années 60, Yves Saint-Laurent commande à une entreprise basque la fabrication d’espadrilles à talon. Ces dernières connaissent un véritable succès sur les podiums. Mais, dans les années 80, la suprématie basque est mise à mal par les productions à bas coût en Asie.

Les raisons d’une renaissance
Aujourd’hui, pied-de-nez à l’histoire, des artisans et amoureux de cette chaussure traditionnelle basque tentent de préserver avec ferveur ce savoir-faire ancestral et séduisent l’Asie. A l’image d’Art of Soule, qui lui ont redonné ses lettres de noblesse depuis 2007. Ses dirigeants, Mathieu Labat et Julien Maisonnave, alors âgés de 36 et 37 ans, ont quitté le marketing et la banque pour lancer leur société, Art of Soule en 2007, sans étude de marché?! Mais, avec des idées. Ils ont innové en créant des espadrilles haut de gamme, avec des semelles EVA lavables, une semelle intérieure en cuir et des renforts. Et, pour se faire connaître, ils ont inventé une gamme unique de modèles avec des licences prestigieuses, aux couleurs du Tour de France, du PSG, du Biarritz Olympique ou encore des Sex Pistols, le groupe de musique punk. Résultat, leur chiffre d’affaires a vite décollé pour atteindre aujourd’hui 600 000 euros.
"Nous faisons travailler une vingtaine de salariés dans la région pour produire nos 40 000 paires annuelles", explique, fièrement Mathieu Labat. Parmi eux, des fabricants traditionnels, tels que la société Lartigue, tisserand basque depuis 1910. Mauléon demeure encore aujourd’hui le lieu de production principal de l’espadrille avec environ 65 % de la production française annuelle. Cependant, afin d’être dans l’air du temps et de se conformer aux exigences des acheteurs actuels, les espadrilles du Pays Basque ont revêtu mille et une couleurs et se personnalisent à l’infini. Elles proposent de nombreuses variantes tant au niveau de la forme que des matériaux. Elles peuvent ainsi être agrémentées de rubans, d’éléments en cuir, de broderies, de tissus imprimés, de talons compensés ou semi compensés, de semelles en caoutchouc ou encore d’élastiques.

Cap vers le Japon
Un succès, qui a donné envie aux deux Basques de percer le marché sur leurs terres natales, au Pays Basque. En 2014, Art of Soule a donc ouvert deux magasins, à Biarritz et à Bayonne. Des magasins qui font l’éloge du made in France et ne vendent pas que des espadrilles. On y trouve aussi des tissus de Lartigue 1910 mais aussi des t-shirts et sweats de BTZ, une marque de Biarritz, qui renaît de ses cendres. Ou encore des crèmes solaires, entièrement fabriquées dans l’Hexagone. "Nous allons repartir à la conquête des marchés internationaux, en Asie surtout, notamment au Japon, où les produits traditionnels basques ont la cote, dévoile Mathieu Labat, qui y commercialise ses espadrilles à des prix atteignant parfois 50 euros. Notre objectif est d’avoir 50% de nos ventes à l’export d’ici fin 2018, contre 30 % actuellement."
Nicolas César

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