La Grèce revient sur les marchés, un "succès absolu" pour le gouvernement
Après une longue absence, la Grèce a fait son retour sur le marché obligataire mardi 25 juillet. Un "test de confiance" jugé réussi par Athènes.
SOURCE AFP
Publié le | Le Point.fr
C'était un moment particulièrement attendu par le gouvernement d'Alexis Tsipras. Si la Grèce bénéficie jusqu'en 2018 de prêts internationaux à taux très avantageux et n'avait pas vraiment besoin de cette levée de trois milliards d'euros à cinq ans sur le marché obligataire, la réussite de cette opération mardi 25 juillet a pleinement satisfait le Premier ministre, qui a évoqué « un succès absolu ».
Ce taux d'emprunt s'est établi à 4,625 %, plus bas que les 4,95 % de l'obligation émise en avril 2014 par l'ancien gouvernement de coalition conservateurs-socialistes d'Antonis Samaras. Ce retour « a été couronné d'un succès absolu », s'est félicité le gouvernement dans un communiqué, en soulignant que les taux sont « nettement inférieurs à ceux de la dernière émission ». Plus sobrement, le ministre des Finances Euclide Tsakalotos a qualifié de « satisfaisante » l'émission, y voyant la preuve de « la confiance » revenue dans l'économie grecque.
« Test de confiance »
Après une longue absence des marchés, et servie par une série d'indices économiques encourageants, et la bienveillance des créanciers du pays, UE et FMI, la Grèce a émis cette obligation assortie d'un coupon annuel de 4,375 %, a annoncé Frédéric Gabizon, qui a piloté l'opération pour la banque HSBC, dans le cadre d'une syndication. Le précédent coupon était à 4,75 %. La demande pour cet emprunt, qui combinait à la fois l'émission de nouveaux titres et une opération d'échange de celui à cinq ans émis en 2014, a atteint au total 6,5 milliards d'euros, a précisé Frédéric Gabizon.
L'émission de 2014, réalisée dans des conditions différentes, avait cependant connu un plus vif engouement, en attirant huit fois plus de demande que l'offre, trois milliards également. En prélude à cette émission, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, en visite à Athènes, s'était dit « convaincu » que le pays pouvait commencer à se refinancer de manière indépendante « à un taux raisonnable ».
L'opération de mardi avait été qualifiée également de « test de confiance » par Athènes. Le pays n'a pas besoin actuellement de telles opérations puisqu'il bénéficie jusqu'en août 2018 de prêts internationaux à taux plus avantageux dans le cadre de son programme d'aide. Mais il est classique dans un tel cas, observait ce mois-ci le directeur du Mécanisme européen de stabilité (MES) Klaus Regling, de faire quelques tentatives avant l'échéance.
Situation politique tendue pour Tsipras
Au pouvoir depuis janvier 2015, le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras espère profiter de ce retour sur les marchés, pour faire monter la popularité de son parti Syriza, deux ans exactement après que la Grèce eut failli être éjectée de la zone euro. Alexis Tsipras a subi en effet une dégringolade importante dans les sondages ces deux dernières années, en raison de la poursuite de l'austérité, dictée par les créanciers du pays.
L'accès aux marchés est important à la fois pour le pays endetté, mais aussi pour ses créanciers, principalement la zone euro, qui a assisté la Grèce aux côtés du FMI depuis 2010, à travers trois plans d'aide successifs pour parer au risque d'écroulement de la monnaie unique. Il s'agit d'un « moment charnière », a indiqué mardi Pierre Moscovici, à l'issue d'une rencontre avec Alexis Tsipras et d'autres dirigeants et responsables grecs.
2 % de croissance en 2017
Alexis Tsipras a considéré ce retour comme « un tournant important pour l'achèvement du programme grec et la sortie définitive de la crise ». Pierre Moscovici a souligné « les développements importants et très positifs » pour la Grèce ces derniers mois. Notamment de meilleurs chiffres macroéconomiques, l'accord donné la semaine dernière par le FMI pour participer au programme grec après deux ans de réticence ainsi que la fin de la procédure de déficit excessif.
Les prévisions pour 2017 sont encourageantes : 2 % d'excédent et une croissance à 2,1 %, selon les prévisions de la Commission. La Grèce a « les moyens actuellement de tourner la page (...), il est grand temps de fermer le long chapitre d'austérité », qui a coûté tant « de sacrifices » aux Grecs, a assuré Pierre Moscovici. À condition, a-t-il insisté à plusieurs reprises, de conclure « avec sérieux » la dernière année du programme, consistant à la mise en œuvre concrète des mesures votées.
(Ils donnent à la Grèce le droit d'emprunter à nouveau sur les marchés financiers et d'augmenter une dette qu'ils n'arrivent pas à rembourser, il est où le succès ? note de rené)
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