samedi 10 décembre 2016

Vaccin anti-HPV : l’Agence européenne du médicament visée par une plainte

L'Agence européenne du médicament est accusée d'avoir mal évalué les effets secondaires du vaccin anti-HPV. Elle est visée par une plainte du Nordic Cochrane Centre.

Vaccin anti-HPV : l’Agence européenne du médicament visée par une plainteFeverpitch/epictura
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L’Agence européenne du médicament (EMA) est dans la tourmente. Le très sérieux Nordic Cochrane Centre a déposé plainte contre elle. En cause : sa gestion du dossier des vaccins contre les papillomavirus. Les chercheurs scandinaves reprochent à l’Agence d’avoir manqué à ses devoirs en écartant le risque d’effets secondaires rares, mais graves, liés à l’injection. La plainte, portée auprès de la Médiatrice européenne, a été déclarée recevable ce 5 décembre, révèle Le Monde. Le document est pour le moins consistant. Il s’étend sur 99 pages.

Des précédents douteux

Ces reproches sont la conclusion d’un échange fourni entre les deux parties. Dès juillet 2015, l’autorité danoise de la santé et des médicaments est alertée par des hospitaliers. Ils ont remarqué une progression de plusieurs syndromes complexes après la vaccination (fatigue chronique, douleurs régionales, tachycardie orthostatique posturale…). L’autorité fait suivre et demande à l’EMA de réévaluer la possibilité d’effets secondaires rares.
Un rapport émerge de cette analyse. L’Agence « n’infirme ni n’exclut » un lien entre les deux phénomènes. Le Nordic Cochrane Centre n’est pas du même avis. Il remet en cause le travail de l’EMA. Le document est resté inaccessible un long moment et les procédures soulèvent les doutes. 
Aucune analyse indépendante n’a été menée. « Plusieurs déclarations de l’EMA sont soit fausses soit sérieusement trompeuses », accuse le centre dans sa plainte. A ses yeux, le dossier est tout simplement un cas de mauvaise gestion. D’autant que ça n’est pas une première : deux fois par le passé, l’attitude de l’EMA a été épinglée. Des traitements contre l’obésité ont été mal évalués.

Des complications silencieuses

Le problème ne concerne pas seulement la notice. Les auteurs de la réclamation s’alarment d’une sous-évaluation des victimes de ces effets secondaires, conséquence directe de ce silence. Les syndromes en question sont difficiles à diagnostiquer, rappellent-ils. Ils n’en sont pas moins traitables. Mais pour cela, les jeunes femmes doivent être informées des risques.
Cette position, le Japon l’a déjà adoptée en juin 2013. Une tempête médiatique a été déclenchée après la révélation de plusieurs effets secondaires graves. Le pays du Soleil Levant a décidé de ne plus recommander le vaccin. Il mène actuellement des études épidémiologiques afin de lever les soupçons. En septembre dernier, des chercheurs ont appelé le gouvernement à conseiller de nouveau le vaccin.
Car les bénéfices du vaccin contre les papillomavirus sont réels. Il réduit les lésions précancéreuses du col de l’utérus et lutte efficacement contre les verrues génitales, un symptôme plus bénin de l’infection à papillomavirus.

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