Comme nous l’avons vu hier, chez nous aussi, les autorités aimeraient tenter une grande expérience monétaire similaire à celle de l’Inde.
Comment enfermer des bipèdes dans un système monétaire entièrement contrôlé par l’Etat ?
En Inde, ces bipèdes sont suspicieux de la monnaie d’Etat elle-même, la roupie. Peut-être que notre vieille expression française de « roupie de sansonnet » pour désigner une valeur insignifiante vient de là. Dès qu’ils le peuvent, les Indiens se débarrassent de leurs roupies en achetant de l’or pour thésauriser.
Dans sa grande bienveillance et son omniscience, l’Etat, pour contrer cette détestable habitude, taxait lourdement l’importation d’or. Mais cela ne dissuadait pas le recyclage du papier en or.
Signalons une autre initiative intéressante récemment mise en place : des emprunts d’Etat à remboursement du principal garanti en or. Le fonctionnement est le suivant : vous apportez votre or, on vous remet un titre d’Etat rapportant un rendement sur une certaine durée. A échéance de cette obligation d’Etat vous avez une garantie de pouvoir retrouver la même quantité d’or que ce que vous aviez apporté. Mais les bipèdes indiens — décidément rétifs — n’ont pas mordu à cet hameçon doré tendu par leur bon gouvernement.
Avertissement aux lecteurs ne pratiquant pas l’ironie : le paragraphe suivant contient de l’humour. Inutile de m’envoyer un déluge d’e-mails pour exprimer toute votre indignation…
Mais reprenons :
Comment, donc, drainer l’épargne dans les banques afin de pouvoir « fabriquer de la croissance » comme les pays développés quand l’économie tourne avec du cash et quand l’épargne préfère se diriger vers l’or plutôt que vers les emprunts d’Etat ? Drainer l’épargne : étape indispensable pour devenir une grande puissance économique grâce aux immenses bienfaits d’une politique keynésienne qui saura mieux que 1,3 milliard de crétins quoi faire de l’argent que ces mêmes crétins ont su gagner et veulent épargner ?
Oui, l’Inde affiche une croissance annuelle de 7,3% et les Indiens n’ont pas l’air de vouloir gonfler une bulle de crédit. Mais pourquoi respecter leur choix ?
Première étape : démonétiser les billets les plus utilisés, ce qui oblige les gens à se diriger vers une banque pour (au pire) échanger leurs coupures contre les nouvelles et (scenario idéal) ouvrir un compte en banque car il n’y a pas assez de nouveaux billets disponibles.
Inde: la démonétisation des billets provoque une ruée vers les guichets de banque
Pagaille monétaire en Inde: la situation sur place en vidéo
Pagaille monétaire en Inde: la situation sur place en vidéo
Deuxième étape : taxer l’or (encore !).
Troisième étape : recourir à la force brutale (mais légale). Envoyer des agents du fisc pour prendre l’or. Pour un bon résumé de la situation, vous pouvez lire ce texte (en anglais) de l’éditorialiste indien Mihir Sharma, publié sur Bloomberg : « Message à Modi : arrêtez de nuire ».
Mais les cobayes résistent encore, voyez-vous…
Voilà qu’ils se tournent vers l’argent (je parle du métal).
Source Gold-Eagle
En 2011, 78% de l’épargne des Indiens était en or mais avec les taxes à l’importation, les gens se sont tournés vers l’argent…
Les manoeuvres stupides du gouvernement Modi vont probablement réussir à faire monter les cours de l’argent en accélérant la bascule.
Et vous, comment vous préparez-vous à résister aux manoeuvres spoliatrices de notre propre gouvernement : mise hors la loi progressive du cash, lois Sapin, loi de résolutions bancaires ?
Nous avons des idées sur la question…Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit
Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l’éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd’hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers.
Elle a publié « Pourquoi la France va faire faillite » (2012), « Comment l’État va faire main basse sur votre argent » (2013), « Pouvez-vous faire confiance à votre banque ? » (2014) et « La fabrique de pauvres » (2015) aux Éditions Ixelles.
(N'oubliez pas, si, ça marche en Inde, ils le feront en France et ce qui marche pour la Grèce sera fait pour la France. note de rené)
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