La Commission européenne propose une exemption de visas pour la Turquie
La Commission européenne a proposé mercredi d'exempter de visas les Turcs voyageant pour de courts séjours dans l'espace Schengen, sous certaines conditions, dans le cadre de l'accord scellé le 18 mars entre l'UE et la Turquie sur la gestion de la crise migratoire.
Dans un tweet, la commissaire européenne Margrethe Vestager a publié une photo affichant le document dans lequel l'exécutif européen officialise cet avis favorable, très attendu par le gouvernement turc.
Parmi une série de 72 critères à remplir pour rendre la mesure possible, Ankara doit encore en respecter cinq "d'ici à la fin juin", a toutefois expliqué lors d'une conférence de presse le vice-président de la Commission Frans Timmermans.
Il a notamment indiqué que, pour des raisons de sécurité, les Turcs souhaitant bénéficier de cette exemption de visas pour leurs courts séjours (90 jours) devront obligatoirement être détenteurs d'un passeport biométrique.
"Que cela soit bien clair: aucun citoyen turc n'entrera dans l'UE exempté de visa sans un passeport biométrique", a insisté M. Timmermans.
Le gouvernement turc avait fait monter la pression ces dernières semaines, menaçant de ne plus appliquer sa part de l'accord migratoire du 18 mars si la "promesse" européenne d'une exemption de visas n'était pas tenue.
Cet accord controversé prévoit que tous les nouveaux migrants arrivant sur les îles grecques soient renvoyés vers la Turquie, y compris les demandeurs d'asile.
Selon M. Timmermans, l'accord a "clairement donné des résultats" puisqu'il y a désormais "moins de 100 arrivées par jour sur les îles grecques, au lieu de milliers à l'automne".
Parmi les critères encore à remplir, le vice-président de la Commission a cité une meilleure lutte des autorités turques contre la corruption, la négociation d'un accord avec Europol ou encore une révision de la législation du pays sur le terrorisme.
Les Etats membres et le Parlement européen devront également donner leur aval pour qu'une exemption de visas puisse entrer en vigueur.
Des réactions réservées...
La proposition a été accueillie froidement côté européen. "En l'état, le Parlement européen ne peut pas approuver la libéralisation des visas avec la Turquie", a ainsi affirmé le député européen libéral Guy Verhofstadt.
Le Parlement européen et les Etats membres ont jusqu'à la fin du mois de juin pour se prononcer sur la proposition de la Commission de supprimer l'obligation de visas. Selon une déclaration signée par l'ensemble des groupes parlementaires et par le président Martin Schulz, l'ensemble des critères doivent être remplis pour obtenir un vote positif du Parlement.
"En l'état, le parlement européen ne peut pas approuver la libéralisation des visas avec la Turquie", a affirmé le député européen libéral Guy Verhofstadt dans un communiqué distinct. Il a rappelé que le groupe libéral était, par principe, favorable à la libéralisation des visas, mais uniquement si la Turquie respecte toutes les exigences et réalise toutes les modifications législatives nécessaires. Guy Verhofstadt s'est montré particulièrement préoccupé par la législation anti-terroriste de la Turquie "qui est utilisée lorsque des journalistes se montrent critiques". Ce point figure également dans le rapport de la Commission européenne.
Le président du Parti Populaire Européen (PPE) Manfred Weber, a estimé pour sa part que la proposition de la Commission arrive trop tôt. Le député européen N-VA Sander Loones a pour sa part qualifié la démarche de la Commission d'"incompréhensible." "La Commission reconnaît elle-même que tous les critères ne sont pas remplis, mais elle veut quand même avancer."
Du côté du gouvernement fédéral belge, le secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration Theo Francken s'est fait le défenseur d'un accord "nécessaire" avec la Turquie, sans réagir précisément sur la proposition de la Commission. Le Premier ministre Charles Michel a pour sa part été interrogé sur le sujet mercredi à la Chambre. "Nous avons toujours été clairs sur le fait qu'il y avait une feuille de route à suivre, composée de 72 critères à remplir", a-t-il affirmé. "Le rapport de la Commission doit à présent être analysé." Le Premier ministre a également fait remarquer que les cinq manquements constatés par la Commission européenne concernent des points jugés "graves".
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