« Les plantes bougent, sentent et réagissent mais nous ne sommes pas capables de le voir »
2-12-2013
Mots clés
Alimentation
Biodiversité
Agriculture
France
(Crédit photo : pierre huguet-dubief - biosphoto)
Mots clés
Alimentation
Biodiversité
Agriculture
France
(Crédit photo : pierre huguet-dubief - biosphoto)
Vous ne regarderez plus jamais les plantes de la même manière. Elles sont sensibles, bavardes et dotées d'une très bonne « vision », assure le chercheur Bruno Moulia. Des découvertes qui pourraient même changer nos assiettes.
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Article publié dans le Tous au jardin ! |
Bruno Moulia est directeur de recherche à l’Inra (Institut national de recherche agronomique) dans l’Unité mixte de recherche « Physique et physiologie intégratives de l’arbre forestier ou fruitier ». Il a participé à plusieurs études prouvant les capacités de perception des plantes, notamment l’une, datant de décembre dernier, qui a permis de comprendre que les plantes sont capables de percevoir leur propre forme et d’adapter leur croissance et leurs mouvements en fonction.
On pense souvent que seuls les hommes et les animaux sont dotés d’intelligence et de capacité de perception. Les plantes, elles, sont vues comme des êtres vivants mais inertes. Vos travaux démontrent le contraire. Peut-on dire que les plantes ont, elles aussi, une forme d’intelligence ?
Bruno Moulia : Vous assimilez intelligence et perception, comme on a souvent tendance à le faire. Mais on peut tout à fait recevoir des informations de son environnement et y réagir sans aucune intelligence. Quand un médecin frappe avec un petit marteau sur votre genou vous tendez la jambe, c’est un réflexe systématique, votre intelligence n’y est pour rien. Parler d’intelligence est donc peut-être exagéré pour les plantes. Mais il est sûr qu’elles sont dotées de capacité de perception et de réaction étonnantes.
Comment est-ce possible alors qu’elles n’ont pas, comme nous, de cerveau ?
Les plantes n’ont bien sûr pas de sens comme les nôtres, mais elles ont des capacités qui s’en approchent. La vision est un bon exemple. Nous sommes capables de voir grâce à des pigments de nos yeux qui sont sensibles à la lumière. Les plantes ont, elles aussi, des pigments de ce type, qui sont répartis sur l’ensemble de leur surface. Elles parviennent ainsi à très bien distinguer la couleur bleu, ce qui revient à pouvoir « détecter » les sources de lumière autour d’elles. Et elles parviennent ensuite à faire un mouvement réflexe pour se tourner vers la lumière. Vous pouvez faire le test, c’est très flagrant avec les plantes d’appartement que l’on place près d’une fenêtre.
Et ce n’est pas tout. Elles ont aussi une autre capacité très originale que nous n’avons pas, c’est un pigment qui leur permet de savoir si elles reçoivent plus de rouge sombre que de rouge clair ou inversement. Et c’est très important ! Je m’explique. Les végétaux réfléchissent beaucoup le rouge sombre et absorbent presque totalement le rouge clair. Donc une plante qui reçoit une lumière avec beaucoup de rouge sombre et très peu de rouge clair peut savoir qu’une autre plante se trouve près d’elle. Si c’est l’inverse, c’est que leur voisin n’est pas un végétal. On a montré qu’elles peuvent le faire jusqu’à cinq mètres de distance. Et qu’elles peuvent, par exemple, augmenter leur croissance vers le haut avec anticipation pour capter plus de lumière que leurs voisines.
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