Les réacteurs atomiques de conception états-uniennes de la centrale nucléaire EDF du Tricastin (Drôme-Ardèche) sont parmi les plus vieux et vétustes du parc nucléaire parsemant la France. Dans la nuit du 4 au 5 novembre 2022, le réacteur atomique n°1 (couplé pour ses rejets dans l’atmosphère au réacteur n°2) a été mis à l’arrêt. Les spécialistes soupçonnent un possible arrêt d’urgence (SCRAM ) avec rejets de radioactivité dans l’atmosphère comme en attestent les mesures des propres balises EDF sur le site de la centrale et à l’ouest de celle-ci.

2022-11-01-08_Tricastin-balises-EDF-radioactivite.jpgSi la presse régionale relaie servilement le communiqué de la Direction de la centrale atomique d’un simple arrêt pour « rechargement d’un quart du combustible (produit de fusion atomique) » l’Autorité de Sûreté nucléaire n’avait pas listé sur son site un tel rechargement prévisionnel. Le « silence radio » de l’Autorité de Sûreté Nucléaire en est d’autant plus suspect. D’autant que les incidents et problèmes ne cessent de s’accumuler depuis des mois sur cette vieille bouilloire délabrée (voir ci-dessous). EDF laisse entendre vaguement que cet arrêt servira aussi à réaliser des opérations de contrôle et de maintenance de matériels qui mobiliserons « en complément des plus de 1 400 salariés présents à la centrale, de nombreux partenaires industriels … ». Pour un simple « rechargement » cela fait beaucoup de monde.

2022-11-01-08_Tricastin-balises-EDF-radioactivite_Ouest-LaPalud.jpgToutefois l’ASN vend la mèche en annonçant « une indisponibilité  prévue » jusqu’au 15 décembre 2022″, délais totalement incompatible avec un simple rechargement, et un re-couplage de la tranche (réacteur) qui remontera progressivement par palier de charge à sa pleine puissance sur une durée d’au moins 48h.

En lien avec la CAN-SE, l’organisation EHS-France se rendra prochainement in-situ afin de conduire une enquête sur d’éventuels surplus de rejets de vapeurs du réacteur nucléaire n°1, réaliser des mesures radiologiques surfaciques en zones sud et sud-ouest, des relevés/prises de vues infra-rouge comparatives des enceintes de confinements et des rejets des eaux de refroidissements des 4 réacteurs dans la canal du Rhône de Donzère-Mondragon. Autant de mesures qui permettent de mettre en évidence et de caractériser avec précision une « anomalie » totalement invisible.

Les autres réacteurs nucléaires n°2, n°3, n°4 ne sont pas en meilleur état malgré les dizaines de millions d’euros injectés dans leur maintien en activité au-delà des 40 années de fonctionnement prévues initialement et 30 années du point de vue de leur amortissement financier. ( attention à l’entourloupe des nucléocrates français qui comparent la durée des réacteurs nucléaires en France et aux USA : la durée au USA est mesurée à partir du premier béton coulé – la première pierre posée du chantier de construction qui dure 10 ans minimum – alors qu’en France la durée est calculée à partir de la première divergence – la fourniture sur le réseau du 1er Mwh. Donc pour comparer ce qui est comparable soit on ajoute 10 années à la durée de fonctionnement des réacteurs nucléaires français soit on retire 10 ans aux réacteurs US)

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2016_Tricastin_CNPE_vue-arrieree--interieur-Areva_riviere.jpg. Dans la nuit du 4 au 5 novembre 2022, les équipes de la centrale nucléaire EDF du Tricastin ont procédé à la mise à l’arrêt programmé de l’unité de production n°1 en toute sûreté. Cet arrêt planifié, appelé « arrêt pour simple rechargement », permet de renouveler un quart du combustible et de réaliser des opérations de contrôle et de maintenance de matériels. En complément des plus de 1 400 salariés présents à la centrale, de nombreux partenaires industriels seront mobilisés durant cet arrêt. (https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-du-tricastin/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-du-tricastin/actualites-des-unites-de-production)
 
. Début août 2022, le nettoyage chimique d’un circuit réfrigérant du réacteur est impossible à réaliser car une vanne est défaillante. Cette vanne aurait dû être réparée avant le nettoyage du circuit.
Ce dernier a été réalisé lorsque l’unité était en production mi-septembre. (https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/carte-des-implantations/centrale-tricastin/actualites/news36.pdf)
 
. Le 12 juin 2022 à 22 h, les équipes de la centrale du Tricastin ont reconnecté l’unité de production n°1 au réseau électrique national. Elle avait été mise à l’arrêt le 3 juin 2022 afin d’optimiser la gestion du combustible contenu dans le réacteur. Les unités de production n° 1, 2 et 4 sont connectées au réseau électrique national et produisent de l’électricité en toute sûreté.  (https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-du-tricastin/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-du-tricastin/redemarrage-de-lunite-de-production-ndeg1-de-la-centrale-du-tricastin)
 

. Le 3 juin 2022 dans la soirée, les équipes de la centrale du Tricastin ont procédé à la mise à l’arrêt de l’unité de production n°1. Cet arrêt permet d’optimiser la gestion du combustible contenu dans le réacteur.

. Le 6 avril 2022, événement significatif pour la sûreté portant sur des défauts d’ancrage au génie civil de certains équipements importants pour la sûreté des réacteurs 1 et 2 de la centrale nucléaire du Tricastin,  Défauts d’ancrage d’équipements importants pour la sûreté de quatre réacteurs des centrales nucléaires du Tricastin et du Bugey
(https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/defauts-d-ancrage-d-equipements-importants-pour-la-surete-de-quatre-reacteurs)

Le 31 décembre 2021, Détection tardive de l’indisponibilité partielle d’une fonction de surveillance du cœur du réacteur . EDF a déclaré à l’ASN un événement significatif pour la sûreté, relatif au non-respect de la conduite à tenir à la suite de l’indisponibilité partielle d’une fonction de surveillance de déséquilibre azimutal de puissance sur le réacteur 1.
(https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/detection-tardive-de-l-indisponibilite-partielle-d-une-fonction-de-surveillance-du-caeur-du-reacteur2)

. Le 15 décembre 2021, événement significatif pour l’environnement, relatif à la détection de tritium dans les prélèvements de l’eau souterraine interne de la centrale nucléaire du Tricastin. Après investigation, EDF a mis en évidence que cette eau provenait du débordement d’un réservoir d’entreposage d’effluents radioactifs liquides.
( https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/dispersion-de-tritium-dans-la-nappe-souterraine-interne-du-site )

Le 21 septembre 2021, événement significatif pour la sûreté portant sur des défauts d’ancrage au génie civil de certains équipements importants pour la sûreté du réacteur 1 de la centrale nucléaire du Tricastin et du réacteur 2 de la centrale nucléaire du Bugey. (https://www.asn.fr/l-asn-controle/actualites-du-controle/installations-nucleaires/avis-d-incident-des-installations-nucleaires/defauts-d-ancrage-d-equipements-importants-pour-la-surete-de-deux-reacteurs-tricastin-et-bugey )

28 décembre 2019, lors du redémarrage de l’unité n°1, le niveau du ballon d’appoint d’eau permettant un niveau d’eau constant dans le circuit primaire a baissé pendant 1h38.

27 décembre 2019 lors du redémarrage de l’unité n°1 et en raison de la défaillance du raccord d’un capteur, les équipes de la conduite ont baissé la puissance du réacteur sous les 10 % de puissance nominale le temps que le capteur soit réparé or les spécifications techniques d’exploitation exigeaient un arrêt du réacteur. Erreur de procédure.

. Début juillet 2019, alors que l’unité est à l’arrêt et lors d’un essai d’un matériel, la défaillance du disjoncteur d’arrêt automatique du réacteur a conduit à son ouverture. Si l’unité avait été en fonctionnement, cet événement aurait pu conduire à un arrêt automatique d’urgence (SCRAM) réacteur.

. En 2019, une défaillance sur le moteur d’une des pompes du circuit de refroidissement à l’arrêt (RRA) est identifiée sur le réacteur n°1 de la centrale du Tricastin. Cette défaillance est due à la dégradation de l’isolant d’un câble de liaison interne, en raison d’une courbure prononcée du câble. La centrale du Tricastin a déclaré cet évènement à l’Autorité de sûreté nucléaire 06/02/2020 au niveau 0 sous l’échelle INES… Un programme de mise en conformité des matériels a été lancé. Deux moteurs RRA sur les réacteurs 1 et 4 de la centrale du Tricastin ont déjà été mis à niveau. La programmation des travaux sur les moteurs restants du palier CPY* est en cours. Cet événement a été déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire le 20/05/2021 comme évènement significatif sûreté générique pour les réacteurs du palier CPY*, au niveau 0 sous l’échelle INES qui en compte 7. Avec ceux du Tricastin, 28 réacteurs de 900 MWe au Blayais, à Chinon, à Cruas-Meysse, à Dampierre-en-Burly, à Gravelines, à Saint-Laurent-des-Eaux. (https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-dampierre-en-burly/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-dampierre/declaration-d-un-evenement-significatif-surete-generique-de-niveau-0-echelle-ines-en-raison-d-un-ecart-de-conformite-au-niveau-des-moteurs-rra-palier-cpy)

14 janvier 2019, l’unité de production numéro 1 a été mise à l’arrêt à la suite du dysfonctionnement d’un diesel de secours, constaté lors des essais périodiques réalisés afin de vérifier son bon fonctionnement. L’analyse immédiatement effectuée par les équipes de la centrale a montré que la réparation nécessitait davantage de temps que les trois jours autorisés par les spécifications techniques d’exploitation. L’unité de production a donc été arrêtée pour échanger son diesel

. Le 27 novembre 2018, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif de sûreté générique de niveau 0 sur le risque de non tenue au séisme SMS* des raccords de tuyauteries du circuit d’eau brute de refroidissement de sûreté (SEC) du palier CPY**. Tricastin 1-2-3-4 (tout comme les unités de production de Chinon 1-2, Gravelines1-3-5, Belleville 1) présentaient des raccords de tuyauterie SEC nécessitant des travaux de remise en conformité pour garantir leur tenue au séisme SMS. Fin novembre, ces contrôles ont été étendus aux deux voies*** du circuit d’eau brute de refroidissement des unités de production de l’ensemble du parc en exploitation. Evénement significatif de sûreté générique . Les travaux sur les raccords des unités de production de de Tricastin 1-2-4  et Gravelines 1-3-5 sont en cours.

. Le 24 juillet 2018, les équipes procèdent au redémarrage de l’Unité de production n°1 après son arrêt annuel pour maintenance. Au cours du redémarrage, les exploitants passent en commande manuelle une vanne du système de contrôle du volume d’eau du circuit primaire, en orientant le flux vers le circuit de traitement des effluents. Or, la vanne aurait dû être maintenue en fonctionnement automatique. Cette manœuvre d’exploitation a conduit, à deux reprises pendant quelques minutes, à une baisse du niveau d’un réservoir de l’un des circuits servant à l’appoint en eau du circuit  primaire. Après une analyse approfondie, la direction de la centrale du Tricastin a déclaré le 28 décembre, un événement significatif de sûreté au niveau 1 de l’échelle INES qui en compte 7 en raison d’un défaut d’organisation à l’origine de la détection tardive de l’événement (https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/carte-des-implantations/centrale-tricastin/actualites/news36.pdf)

d’autres incidents sur les réacteurs nucléaires du Tricastin:http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?category/Vaucluse/Tricastin