(C'est vrai ça, pourquoi l'Afrique de l'ouest consomme de la viande occidentale qui n'est même pas halal ? note de rené)
Jamila Ben Baba, la seule femme à la tête d’un abattoir halal moderne dans toute l’Afrique de l’Ouest
(Agence Ecofin) - Grâce aux conseils de son père, Jamila Ben Baba a réussi à s’imposer dans le secteur bovin, généralement dominé par les hommes. Son établissement, Laham Industrie, l’un des plus grands abattoirs du Mali, est le résultat de sa détermination dans une aventure entrepreneuriale parsemée d’embûches.
Dans la zone industrielle de Kayes au Mali s’étend sur un terrain de 36 hectares, une structure d’abattage destinée à la production et la commercialisation de la viande. Baptisée Laham Industrie, l’entreprise comporte des bâtiments ayant une superficie de 3 500 m2, des chambres froides d’une capacité de 1 300 carcasses, et une salle spécialisée en découpe. Bœuf, veau, agneau, mouton ou encore chèvre, l’abattoir propose une large variété de produits de bétail commercialisés frais ou surgelés.
À la tête de cette industrie, une femme, Jamila Ben Baba (photo). Celle qui s’est familiarisée aux tâches administratives dès l’adolescence a confié avoir hérité du sens des affaires de son père, un entrepreneur prospère dans le pays.
« Alors que dans notre milieu les femmes ne travaillent pas, pour notre père, il fallait absolument que nous, ses filles, travaillions. Sa volonté était que je n’aie à compter sur personne, que j’apprenne à travailler pour être indépendante. En soi, c’était un précurseur. »
Au Mali, la plupart des femmes entrepreneures évoluent à petite échelle ou dans le secteur informel, certaines ayant accès au crédit et aux terres. La vente de bétail est traditionnellement un univers masculin. Ignorant les stéréotypes liés au genre, Jamila Ben Baba a décidé de se former en commerce en France. Une fois diplômée, elle a occupé plusieurs fonctions, notamment gérante d’une concession automobile Toyota en Guinée, dirigeante de l’association malienne des vendeurs de thé, ou encore promotrice d’un hôtel dans la capitale Bamako.
Une carrière entrepreneuriale exceptionnelle qui masque le fait qu’elle a eu du mal à s’imposer dans les affaires. L’année 2020 marquée par la pandémie de Covid-19 a entraîné une baisse importante du chiffre d’affaires de Laham Industrie. L’interdiction des importations et la fermeture des établissements hôteliers et alimentaires ont contraint la structure à se séparer d’une trentaine de ses employés.
Entre autres obstacles, l’accès difficile aux éleveurs, les retards de paiement, l’abus de confiance ou encore les difficultés d’accès au crédit dans les banques. Toutefois, la qualité de ses produits ayant séduit de nombreux Maliens de différentes couches sociales, Laham Industrie s’est vue décerner en 2019 la certification HACCP, puis en décembre de la même année, la certification ISO 22000 de l’IFC.
Un programme récent de la banque mondiale au Mali (PACAM) va également permettre de faciliter la livraison du bétail à Laham Industrie, avec la mise en place de techniques avancées d’élevage, un système de traçabilité des bêtes et une assistance vétérinaire.
Lancée en 2016, Laham Industrie compte à ce jour 40 employés permanents, affiche une production mensuelle de plus de 80 tonnes de viande vendue dans les boucheries, et a des entreprises telles que des hôtels, restaurants et sociétés minières. Jamila Ben Baba, qui a suivi à la lettre les conseils de son père, est la seule femme à la tête d’un abattoir moderne certifié Halal de toute l’Afrique de l’Ouest. A travers son parcours, elle espère inspirer les filles et les femmes maliennes.
Aïsha Moyouzame
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