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L’Ukraine se prépare à l’arrêt du transit de gaz russe d’ici cinq ans
Gazprom sera en mesure d’abandonner complètement la route ukrainienne d’approvisionnement en gaz vers l’Europe après le lancement du gazoduc Nord Stream-2, a déclaré Sergueï Makogon, responsable de l’opérateur du système de transport de gaz ukrainien, dans une interview accordée à RBK. Dans le même temps, l’Ukraine se prépare au « zéro transit [de gaz russe – note de la traductrice] », en prévoyant une mise à jour complète du système de transport de gaz dans les cinq ans qui suivent les accords existants.
Makogon a déclaré que le STG (Système de Transport de Gaz) ukrainien a perdu 15 milliards de mètres cubes par an de transit après le lancement de la première branche du Turkish Stream au début de cette année. Il s’agissait du transit par l’Ukraine vers la Turquie, la Bulgarie et la Grèce. Selon lui, maintenant « nous transportons le gaz vers le sud » uniquement pour la Moldavie et la Roumanie.
« Après le lancement de la deuxième branche du Turkish Stream et l’achèvement du gazoduc Bulgarie – Serbie – Hongrie, nous nous attendons à perdre encore 15 milliards de mètres cubes », a-t-il déclaré. « Et l’achèvement de Nord Stream – 2 entraînera la perte des 50 milliards de mètres cubes restants ».
Le représentant du STG ukrainien a fait remarquer qu’il ne voit aucune raison pour Gazprom de prolonger le transit de gaz à travers l’Ukraine après 2025, malgré le fait que les tarifs de transit ukrainiens sont tout à fait compétitifs. En outre, selon M. Makogon, le STG ukrainien et les installations souterraines de stockage de gaz sont capables de répondre rapidement aux changements de la demande en Europe. Il a noté que ni le Turkish Stream ni le Nord Stream ne pourront offrir une telle flexibilité car ils sont conçus uniquement pour pomper des volumes de gaz stables.
M. Makogon a fait remarquer que les sociétés de production russes, dont Gazprom, pourraient commencer à offrir du gaz aux négociants européens à la frontière entre la Russie et l’Ukraine. Il a ajouté que les opérateurs économiques choisiraient alors eux-mêmes la voie de transport vers l’Europe.
Makogon a précisé que Gazprom transporte du gaz exclusivement vers l’Europe [ce qui est faux puisque Gazprom a inauguré fin 2019 le gazoduc Force de Sibérie qui amène son gaz vers la Chine – note de la traductrice], alors que les autres entreprises n’ont pas accès au système de transport de gaz russe.
Dans le même temps, selon lui, l’Ukraine est prête pour le scénario « zéro transit » et, dans ce cas, elle réorientera les capacités des conduites uniquement vers le transport interne afin de maintenir gratuitement le STG en état de fonctionnement. Makogon s’est également déclaré prêt pour le scénario « zéro transit » et a informé que « notre STG » peut être entièrement rénové dans le cadre de ce scénario dans un délai de cinq ans.
Utilisation des capacités de stockage de gaz en Ukraine
L’opérateur du système de transport de gaz ukrainien propose à Gazprom d’utiliser pleinement la capacité payante du gazoduc de transit, tout en injectant une partie du volume dans les installations de stockage souterraines ukrainiennes pour l’entreposage, a déclaré M. Makogon.
« Déjà maintenant, la société [Gazprom] n’utilise pas pleinement la capacité de transit payée – sur 178 millions de m3 par jour, seule une moyenne de 150 millions de m3 est utilisée », a déclaré M. Makogon. « C’est-à-dire que 28 millions de m3 par jour sont payés, mais non utilisés ». Il estime qu’il est nécessaire d’examiner la possibilité d’utiliser toutes les capacités payantes pour importer du gaz en Ukraine. Selon lui, une partie du volume peut être donnée pour le transit et le reste peut être importé pour le stockage. En outre, en hiver – pendant cette période, la demande en Europe augmentera – il sera possible de prélever du gaz dans les installations de stockage et de l’envoyer vers l’Union européenne, soit dans les limites des capacités de transit déjà achetées, soit pour en acheter d’autres.
Selon le représentant du STG, les installations de stockage souterraines de gaz ukrainiennes sont 3 à 5 fois moins chères que les installations européennes. Les tarifs sont les mêmes pour tous les clients et s’élèvent à environ 10 dollars par cycle de stockage de 1 000 mètres cubes de gaz.
« Je pense que la situation pourrait s’aggraver d’ici l’automne, lorsque les installations européennes de stockage souterrain de gaz pourraient être entièrement remplies », a ajouté M. Makogon. Il estime que Gazprom devra réduire considérablement le transit, tout en le payant intégralement. Comme l’a fait remarquer Makogon, le stockage temporaire en Ukraine est une solution mutuellement bénéfique.
En 2019, plus de 2,4 milliards de m3 de gaz ont été pompés dans les installations de stockage de gaz souterraines ukrainiennes par des entreprises qui n’ont pas de présence légale en Ukraine. « Je pense que cette année, 10 milliards de mètres cubes de gaz sur 31 milliards de mètres cubes de capacité totale seront disponibles pour l’injection », a déclaré le directeur du STG.
Achat direct de gaz à la Russie
Quant à la reprise des achats directs de gaz auprès de Gazprom, Makogon a déclaré que l’opérateur STG n’avait aucune restriction sur l’organisation des importations de gaz de la Russie vers l’Ukraine. Dans le même temps, un système dans lequel Gazprom vend du gaz aux enchères à toutes les entreprises intéressées avec livraison à la frontière entre l’Ukraine et la Russie pourrait devenir opérationnel.
Selon lui, cela rendrait ce processus compétitif et transparent. M. Makogon a ajouté que Gazprom dispose déjà d’une plateforme commerciale électronique, où le gaz est vendu à des négociants internationaux ayant des points de transfert dans des pays européens tels que l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie.
« Il y a 300 négociants actifs en Ukraine, donc la demande serait satisfaite », a déclaré M. Makogon. « Tout négociant peut nous ordonner de transporter du gaz de la frontière russe vers l’Ukraine ». Selon lui, le problème est de savoir comment obtenir du gaz du côté russe.
Makogon a également ajouté que les importations pourraient commencer si l’intérêt commercial l’emportait sur l’intérêt politique.
Note de la traductrice : On sent clairement dans cette interview la tentative désespérée de l’Ukraine de maintenir un transit de gaz de la Russie vers l’Europe, en essayant de se rendre de nouveau attractive. Une attractivité que Kiev a perdue à force de harcèlement judiciaire contre Gazprom, et de vol de gaz (d’où le côté assez culotté de la proposition de stocker le gaz destiné à l’Europe en Ukraine). La raison de ce plaidoyer est simple : sans transit de gaz russe, la pression de gaz dans les conduites du STG ukrainien sera insuffisante pour assurer le transport du gaz vers les localités les plus reculées, ce qui accélérera la somalisation de l’Ukraine. Et vu que l’Ukraine a été incapable d’entretenir son STG depuis des années, je doute sérieusement qu’elle pourra le rénover entièrement pour faire face à cette nouvelle situation en à peine cinq ans. Même si Nord Stream 2 a pris du retard à cause des sanctions américaines, le bateau russe qui permettra de poser les derniers 160 kilomètres de conduite, l’Akademik Tcherski, est en route et arrivera dans quelques jours à Kaliningrad. La construction de Nord Stream 2 devrait donc être terminée d’ici la fin 2020, début 2021.
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