(Pero, je dirai, quel type de pouvoir dirige la France, en tout cas, le plus sanglant envers ses citoyens est le français. Et, fondamentalement, en rapport au respect de la démocratie, les States, la Russie, la France, l'Angleterre, l'Allemagne se valent, seul, le régime chinois est pire dans le contrôle et l'exclusion de ses citoyens. note de rené)
par Georgui Manaïev
Non, la «démocratie» n’est pas un type de pouvoir. Faisons le point sur la nature du pouvoir en Russie.
Pour répondre à la question qui nous sert de titre, il faut jeter un regard vers le passé pour comprendre comment le pouvoir a évolué historiquement sur ce territoire et de quelle manière les Russes ont organisé leur pays. Suivons ce développement étape par étape.
Kniazes et droujina
Les premiers souverains russes étaient des kniazes (princes). Bien avant l’invasion tatare-mongole, différentes parties du pays étaient régies par des princes locaux. Leur fonction première à l’égard de la société était de protéger la population contre les envahisseurs, les conquérants et les brigands locaux. Le kniaze était appuyé par sa droujina (gardes), une confrérie soudée. En échange de sa protection, le peuple versait un tribut annuel au souverain sans toutefois pouvoir exercer une vraie influence sur ses actions.
Influence tatare-mongole
Après que le joug tatar-mongol eut pillé et asservi les terres russes, les actions des princes devaient désormais être soumises à l’approbation des Tatars. Pour devenir un prince « officiel » d’un territoire russe, il fallait se rendre dans la Horde d’Or, y apporter de somptueux cadeaux et « mériter » un titre de créance appelé « yarlyk ». Importants et nobles chez eux, les princes russes devaient souvent s’humilier, par exemple, grimper à genoux vers le trône du khan.
La Horde a influencé le système politique russe à ses balbutiements. Les premiers princes ont emprunté aux khans tatars leur manières impitoyables et rusées pour les mettre en place lors des guerres féodales. Mais pour faire face au joug tatare, le pays avait besoin d’unité. Petit à petit, les princes de Moscou ont gagné en puissance.
Le grand prince de Moscou Ivan III, qui a uni le pays contre les Tatars, se désignait déjà en tant que « tsar » – un titre oriental emprunté par les Russes. Au lieu d’une droujina, le tsar était entouré de boyards – de riches propriétaires terriens et commandants militaires qui aidaient le tsar à gouverner.
Âge des tsars
Le premier tsar russe officiel, Ivan le Terrible, réalisait que le vaste territoire qu’il contrôlait était très diversifié et que les objectifs de ses différentes parties divergeaient. Vers 1549, il a convoqué le premier Zemski Sobor – un rassemblement des personnalités les plus influentes (nobles, commerçants, prêtres et chefs militaires) envoyées à Moscou par des habitants de différentes régions russes. Les historiens russes affirment qu’il s’agissait d’une forme russe de démocratie représentative.
De 1549 à 1984, une soixantaine de Sobors ont eu lieu. Ils se réunissaient pour se prononcer sur les questions étatiques primordiales. Mais le tsar et les boyards ne pouvaient pas exercer efficacement leur pouvoir depuis le centre.
Au cours du XVIIe siècle, une communication entre le centre du pays et la périphérie a été établie et la noblesse russe, les dvorianié, a émergé – des militaires qui servaient le tsar et les boyards en échange de parcelles de territoire.
Ils pouvaient posséder des serfs, dont certains devenaient leurs soldats en temps de guerre. Les Sobors ont quant à eux perdu leur actualité, cette noblesse servant le tsar et les boyards à travers le pays.
Les boyards bénéficiaient quant à eux d’une grande influence sur la politique et le tsar. Cependant, constituant une élite, ils ne représentaient pas la volonté de la population.
Empereur et noblesse
Ce n’est que sous Pierre le Grand qu’un pouvoir façonné à l’européenne a vu le jour en Russie. Pierre a mis à l’écart les boyards qui concentraient entre leurs mains beaucoup trop de pouvoir. Désormais, le tsar était le souverain ultime et tous les autres n’étaient que ses serviteurs. Pierre le Grand a obligé la noblesse dans son ensemble à servir l’État, que ce soit dans le domaine militaire ou civil, et a instauré un système juridique et gouvernemental à l’européenne avec des collèges (ministères), le Sénat et l’Église, eux aussi contrôlés par l’État.
Tout en détruisant physiquement ou financièrement les plus puissants représentants de la vieille élite, Pierre en a installé une nouvelle en cédant de vastes territoires et a veillé à ce que les titres deviennent héréditaires. Pendant la majeure partie des 200 ans d’histoire de l’Empire russe, le rapport de force y était organisé comme suit : la noblesse dépendait de ses serfs, qui produisaient la nourriture et les biens, et l’État dépendait de la noblesse, qui combattait dans l’armée, créait des entreprises et développait des technologies. Cet équilibre s’est effondré lorsque le servage a été aboli en Russie.
Époque soviétique
Les paysans russes ont payé leur liberté au prix fort : ils devaient acheter à l’État la terre dont ils se servaient. Ceci appauvrit encore davantage la majeure partie de la population. Privée de sa principale source de revenus, la noblesse a été condamnée au déclin.
Si la révolution bolchévique a mis fin à l’ancien ordre, le système soviétique copiait toutefois largement le fonctionnement du tsarisme. L’État soviétique a fait émerger sa propre « noblesse » – le Parti communiste. Il a été fusionné avec l’appareil d’État à tous les niveaux. Officiellement, les responsables du parti étaient élus par la population. Mais en réalité, tous les hauts postes du parti devaient être occupés par les gens nommés par le leader et ses « boyards » – le Politburo.
Si dans la Russie tsariste la noblesse était héritée, la « nobles » en URSS pouvaient être détruits en un clin d’œil par le simple fait de leur exclusion des rangs du parti. En tant que dirigeants locaux nommés, les officiels soviétiques n’étaient pas ambassadeurs de la volonté du peuple. Au contraire, ils agissaient souvent contre les intérêts des masses au profit des leurs. Comme la « noblesse » ne pouvait pas être héritée, certains officiels corrompus volaient pour accumuler des biens personnels. Un tel système était voué à l’échec.
Fédération de Russie
Après 1991, la Fédération de Russie est devenue une république présidentielle avec un système semi-présidentiel. Cela signifie que les citoyens s’expriment en élisant à la fois les branches du pouvoir législatif (un parlement, en Russie il s’agit de l’Assemblée fédérale) et exécutif (le président, qui approuve le gouvernement formé par le premier ministre). Pour adopter une loi, l’Assemblée fédérale et le président doivent l’approuver.
Les branches du pouvoir se contrôlent mutuellement. La législature, qui approuve toutes les lois, peut lancer une motion de censure contre le gouvernement et exiger sa réforme. Par ailleurs, le président peut dissoudre à tout moment la Douma d’État (chambre basse du parlement). De son côté, le Conseil de la Fédération (chambre haute) peut destituer le président.
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