Colombie : L’ex-guérilla Farc suspend sa campagne électorale faute de sécurité
le 10.02.18 | 12h00 source : El Watan
Le parti issu de l’ex-guérilla des Farc a suspendu, hier, sa campagne pour les élections législatives et présidentielle en Colombie, à la suite d’«agressions» contre certains de ses candidats, et demandé des «garanties» de sécurité, rapporte l’AFP, citant une candidate de l’ex-guérilla.
«Il a été décidé de suspendre temporairement la campagne électorale jusqu’à ce que le gouvernement nous donne des garanties minimales pour la mener», a déclaré Imelda Daza, candidate de la Farc à la vice-présidence, en marge d’une conférence de presse de cette formation à Bogota. Les Colombiens sont appelés à désigner le 11 mars leurs parlementaires, puis le 27 mai un successeur au président Juan Manuel Santos, qui quittera le pouvoir à l’issue de deux mandats de quatre ans.
Un second tour pourrait avoir lieu le 17 juin. L’ex-guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie, désarmée et reconvertie en parti politique au mois de septembre dernier, sous le nom de Force alternative révolutionnaire commune, avec le même acronyme Farc, y présentera des candidats pour la première fois depuis sa création en 1964.
Mme Daza a précisé que la décision avait été prise «essentiellement» en raison des «agressions» et des «sabotages» endurés ces derniers jours par le chef et candidat présidentiel de la Farc, Rodrigo Londoño, alias Timochenko. L’ex-commandant guérillero a annulé plusieurs déplacements dans le pays pour des raisons de sécurité et a dû être protégé de menaces d’agressions pendant des meetings ou à la sortie d’entretiens, a précisé Mme Daza, qui se présente en tandem avec lui.
Crédité de 1% des intentions de vote, Rodrigo Londoño se place en dernière position parmi les candidats à la présidentielle, selon les récents sondages. Ivan Marquez, ex-commandant de la guérilla et candidat au Sénat, a lui aussi été visé : lundi, il a dû annuler une apparition dans le cadre de la campagne à Florencia (sud), après des «appels à la violence» de la part d’un sénateur du parti de l’opposition de droite Centre démocratique (CD), a ajouté Mme Daza.
Lors de la conférence de presse, la Farc a affirmé que ces agressions entraient dans le cadre d’«un plan coordonné, visant à empêcher la participation politique d’un parti légalement constitué à la suite de l’accord de paix» signé en 2016. Ces «actes de sabotage» proviennent de secteurs de la société qui ont fait campagne pour le «non» à l’accord, a ajouté Mme Daza. «Qui est derrière ça ?
Ceux qui n’ont pu accepter que la guerre soit terminée», a-t-elle observé. La Farc saisira «les instances judiciaires pour que les responsables de ces actes soient punis», a assuré l’ex-commandant guérillero, Pablo Catatumbo, en estimant que «le droit à manifester ne peut être invoqué pour justifier des conduites et des actes relevant du code pénal».
40 assassinats depuis la paix
Le président colombien, Juan Manuel Santos, qui a fait de la «paix complète» son cheval de bataille et lancé en février des négociations avec la dernière guérilla active, l’Armée de libération nationale (ELN), a appelé jeudi les Colombiens à s’opposer aux agressions contre les candidats de la Farc.
Le vice-président Oscar Naranjo a, pour sa part, indiqué que 40 ex-combattants et proches de membres de la Farc ont été assassinés depuis la signature de la paix et assuré que le gouvernement mettait «en œuvre tout un système et un plan de garantie politique et de participation» des anciens rebelles aux élections. L’accord de paix initial avec l’ex-guérilla avait été rejeté lors d’un référendum en 2016 après une intense campagne de la droite, menée par l’ex-président et sénateur Alvaro Uribe, chef du CD.
Le texte, issu de près de quatre ans de pourparlers délocalisés à Cuba, a été renégocié. Timochenko et le président Santos ont finalement signé la paix en novembre 2016 à Bogota, mettant fin à plus d’un demi-siècle de confrontation armée entre les forces de l’ordre et la plus ancienne guérilla des Amériques. Cet accord garantit aux anciens rebelles 10 sièges au Parlement, cinq dans chaque Chambre, pour deux périodes de quatre ans. Mais ils doivent quand même participer aux élections et peuvent éventuellement remporter davantage de sièges.
R. I.
(Ils ont cru quoi avec des narcos et des milices d'extrême droite ? note de rené)
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