Ces communes qui font leur Révolution «Zéro phyto 100% Bio» (France)
Alors que la loi « Zéro Phyto » entrait en vigueur en 2017, certaines municipalités françaises n’ont pas attendu pour faire de la fin des pesticides une mesure clé de la politique locale. Armé de sa caméra, Guillaume Bodin, vigneron dans une autre vie et réalisateur du film documentaire remarqué Insecticide Mon Amour, est allé à la rencontre de ces villes qui ont ouvert la voie du changement et qui montrent l’exemple.
Depuis le 1er janvier 2017 et l’entrée de la Loi Labbé, l’utilisation de pesticides dans l’espace public est interdite. En France, des communes s’étaient distinguées depuis quelques années déjà en la matière en se tournant vers des pratiques alternatives allant parfois bien au-delà de ça. Pour réaliser le film « Zéro phyto 100% bio », Guillaume Bodin est allé à leur rencontre « pour montrer qu’il est possible de faire changer les choses ».
Des communes qui montrent l’exemple :
Depuis Grande-Synthe jusqu’à Versailles, le réalisateur présente dans son nouveau film actuellement projeté dans certains cinémas « des communes pionnières qui servent d’exemple au niveau national ». Là-bas, c’est sous l’impulsion d’équipes municipales engagées que la décision a été prise de se passer entièrement des produits de synthèse. Toute la richesse du film est de témoigner de cette réalité au contact des acteurs impliqués et de montrer les étapes qui ont été suivies. Car, si les communes « Zéro phyto » se félicitent de ne pas avoir vu leurs dépenses augmenter, la démarche n’a pas toujours été simple. Il a fallu se tourner vers de nouvelles méthodes de culture d’une part et donc former les équipes responsables, mais il a également fallu se montrer pédagogique vis à vis des habitants, parfois mécontents « des plantes qui poussent dans les interstices des trottoirs », comme en témoigne dans le film Frédéric Vigouroux, maire de Miramas.
Le dénominateur commun de ces initiatives réussies, c’est d’avoir été accompagnées d’une approche holistique. On constate ainsi que dans les communes qui se sont appropriées tôt la question, la démarche s’inscrit dans une politique globale visant à améliorer la vie des citoyens et des citoyennes au niveau local. Il ne s’agit pas juste de se passer entièrement des pesticides, mais d’adopter de nouvelles pratiques de jardinage, de gestion des sols, alors que, dans le même temps, la pression sur l’environnement est allégée. Enfin la pratique des communes pouvant servir pour les autres acteurs de la société, le zéro phyto permet le développement de techniques alternatives qui sont encore marginales, de les légitimer et d’accroître l’attention portée aux agricultures « bio ».
La révolution se poursuit dans les assiettes des cantines :
D’ailleurs, certains maires sont bien conscients de l’importance qu’il existe à soutenir une agriculture moins polluante. Si au niveau de national, une loi sur la bio dans la restauration collective se fait attendre, quelques intrépides et précurseurs sur le sujet sont également mis en lumière par le documentaire de Guillaume Bodin. Alors que de nombreux parents d’élèves expriment leur mécontentement vis à vis de la nourriture présentée à leur enfants dans le contexte scolaire (dans le 18ème arrondissement de Paris, les parents d’élèves se mobilisaient il y a à peine quelques jours sur la question), le réalisateur rappelle que le constat n’est pas nouveau :« on sait que ça ne va pas dans les cantines, le but est de montrer qu’il y en a où ça va, car l’exemple est l’un des meilleurs moyens de faire avancer les choses ».
Parmi d’autres, on peut citer la restauration collective à Barjac, dans le Gard. La mise en place d’une alimentation 100 % biologique à destination des enfants s’est fait sans que le prix des repas n’augmente (initialement 2,5 euros par repas, un prix qui n’a pas changé). Dans le même temps, une réflexion a été menée à propos des menus, notamment en instaurant des repas sans viande de temps en temps. Cela permet non seulement d’éduquer les enfants, mais aussi de soutenir les alternatives agricoles, plus respectueuses de l’environnement, souvent plus locales. Il s’agit donc bien d’une question politique (citoyenne) et économique.
Mais aujourd’hui, au niveau national, la part du bio dans la restauration collective représente toujours moins de 4 %. Et malgré les nombreuses promesses politiques (pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était engagé à ce que d’ici à 2022, l’ensemble de la restauration collective soit obligée de proposer au moins 50% de produits biologiques, labels de qualité, ou local), le projet de loi portant sur l’agriculture en France actuellement discuté à l’assemblée nationale revoit déjà les objectifs à la baisse. Pour une alimentation plus saine et une transition sereine, la lutte continue…
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