Trump ampute de plus de moitié deux parcs naturels considérés comme monuments nationaux en Utah
Le président américain Donald Trump vient de réduire de respectivement 45 et 85% deux parcs nationaux américains. Une décision qui ouvre la région à l'exploitation des hydrocarbures, mais qui laisse sans protection des trésors archéologiques et géologiques.
Le site de Cedar Mesa, dans le parc de B
Sous Trump, les parcs naturels américains vont-ils progressivement se réduire à une peau de chagrin ? Le président américain Donald Trump a amputé, début décembre 2017, deux monuments nationaux de l'Utah, marquant le plus important retour en arrière en la matière en plus d'un siècle. Bears Ears National Monument, créé en décembre 2016 par Barack Obama, va ainsi perdre 85% de sa surface originelle de 546.000 ha. Pour Grand Staircase-Escalante National Monument, créé en septembre 1996 par Bill Clinton, la perte s'élève à 45% sur 763.000 ha. De nombreuses voix s'élèvent contre cette décision qui va "mettre en danger des trésors géologiques et archéologiques" et qui pourrait ouvrir la voie à l'exploitation pétrolière des zones retirées. Le point en quelques cartes.
Des trésors archéologiques et géologiques hors de protection
Cela faisait plusieurs mois que la décision était attendue. Il ne s'agit en réalité pas d'une décision prise par le seul président Trump, puisqu'elle était également souhaitée par le gouverneur de l'Utah, le républicain Gary Herbert. Selon une enquête du média local Salt Lake Tribune, publiée à la mi-septembre 2017, ce dernier aurait soumis au secrétaire de l'intérieur américain une proposition amputant Bears Ears National Monument de 90% ! Soit une réduction encore plus drastique que celle qui a finalement été actée par le président américain... À noter que la proposition de l'élu faisait état de zones ouvertes à l'exploitation gazière et minière (en bleu ci-dessous), prises sur les surfaces aujourd'hui gérées par le Bureau of Land Management américain.
Réductions du Bear Ears National Monument initialement proposées par l'Utah au gouvernement américain / Données : Salt Lake Tribune
Ces décisions ont provoqué un tollé médiatique. Elles ont notamment indigné des tribus amérindiennes, qui jouissaient de certaines des terres de ces parcs naturels, ainsi que des défenseurs de l'environnement. Certaines de ces organisations ont porté plainte dès le 4 décembre 2017, et accusent Donald Trump et ses alliés de piller les ressources de la zone. Les régions concernées abriteraient plus de 100.000 sites archéologiques, comprenant de l'art rupestre datant d'au moins 5.000 ans, ainsi que des restes de 21 espèces de dinosaures.
Peuples indigènes et organisations de protection de l'environnement ont porté plainte
"Donald Trump supervise la plus importante élimination des zones protégées de l'histoire des Etats-Unis, a déploré l'organisation de protection de l'environnement Friends of the Earth. Démanteler ces parcs est le dernier cadeau de Trump aux intérêts économiques qui ont soutenu sa campagne. Cette action sans précédent se terminera devant les tribunaux". Dix organisations de protection de l'environnement dont le Sierra Club et la Wilderness Society ont également porté plainte devant un tribunal de la capitale fédérale Washington. Elles dénoncent une"proclamation illégale" de Donald Trump qui va "mettre en danger des trésors géologiques" et archéologiques. "C'est un jour triste pour les peuples indigènes et pour l'Amérique", a pour sa part écrit la Nation Navajo dans un communiqué, ajoutant qu'elle allait, aux côtés de "quatre autres tribus (...), porter plainte contre l'administration" Trump.
Le sort des autres monuments nationaux incertain
Ces 2 parcs ne pourraient être qu'un début. Cette initiative soulève en effet des interrogations sur l'avenir de toutes les zones de conservation créées en vertu d'une loi de 1906, appelé Antiquities Act, qui donne le droit au président américain "de désigner les monuments nationaux sur les terres fédérales afin de protéger les zones d'intérêt historique ou scientifique". Or, selon Donald Trump, "cette loi requiert de mettre à l'abri les plus petites zones possibles", ce dernier considérant que"de précédents gouvernements ont ignoré cette norme et utilisé la loi pour bloquer des millions d'hectares de terres et d'eau sous strict contrôle" fédéral. Il existe une centaine de monuments nationaux aux États-Unis. Le sort de 27 d'entre-eux, dont Bear Ears National Monument, est en suspens depuis août 2017. Ces derniers pourraient subit un sort similaire
Avec AFP
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