lundi 6 mars 2017

Etats unis : L'assèchement rapide des rivières et nappes phréatiques va déclencher une catastrophe sans précédent

 

Le fleuve Colorado, les zones aquifères des Hautes Plaines et la totalité de la moitié occidentale des États-Unis sont rapidement en train de s'assécher. À quoi ressemblera la vie lorsque ces précieuses ressources en eau deviendront de plus en plus rares et que la moitié de l'ouest des États-Unis deviendra désertique ?
 
Les scientifiques nous disent que le 20ième siècle a été le siècle le plus pluvieux pour la moitié ouest du pays depuis 1000 an, et maintenant, les choses semblent revenir à leurs tendances historiques normales. Mais nous avons construit des villes grouillantes dans le désert, comme Phoenix et Las Vegas, qui hébergent des millions de personnes. Les villes de tout le sud-ouest continuent à croître alors même que le fleuve Colorado, le lac Mead et le système aquifère des Hautes Plaines est en train de s'assécher. 
 
Alors, qu'est-ce qu'on va faire quand il n'y aura plus assez d'eau pour irriguer nos cultures dans nos systèmes aquifères ? Déjà, nous voyons certains signes inquiétants que les conditions du « Bol de Poussière » commencent à revenir dans la région. Au cours des deux dernières années, nous avons vu des tempêtes de poussière géantes, appelées « haboobs », frapper la ville de Phoenix, et 6 des 10 pires années pour les feux de forêt jamais enregistrées aux États-Unis se sont toutes produites depuis l'an 2000.
 
Un récent article du National Geographic contenait la déclaration troublante suivante : 
 
« Le 20ième siècle humide, le plus humide du dernier millénaire, le siècle où les Américains ont construit une civilisation incroyable dans le désert, est terminé. »
Une grande partie de la moitié ouest du pays a toujours été, historiquement, un paysage désolé.  Nous avons été très chanceux de bénéficier de conditions très humides pour la majeure partie du siècle dernier, mais maintenant, cette époque semble terminée. Pour compenser, nous mettons un fardeau énorme sur nos ressources en eaux douces. En particulier, le fleuve Colorado est de plus en plus sollicité. Sans le Colorado, beaucoup de nos grandes villes ne seraient tout simplement plus en mesure de fonctionner. Ce qui suit est tiré d'un article récent de Stratfor :
 
« Le fleuve Colorado fournit de l'eau pour l'irrigation d'environ 15 pour cent des cultures aux États-Unis, y compris les légumes, les fruits, le coton, la luzerne et le foin. Il fournit également les réserves d'eaux municipales dans les grandes villes comme Ph?nix, Tucson, Los Angeles, San Diego et Las Vegas, ce qui représente plus de la moitié des approvisionnements en eaux dans plusieurs de ces secteurs. » 
En particulier, les niveaux d'eau du lac Mead (qui fournit la majeure partie de l'eau pour Las Vegas) ont chuté de façon spectaculaire au cours de la dernière décennie. Ce qui suit est un extrait d'un article publié sur Smithsonian.com : 
 
« Et les plaisanciers rugissent toujours à travers le lac Mead du Nevada et de l'Arizona, qui a 110 milles de long et est formé par le barrage Hoover. Mais au bord du lac, ils peuvent voir les lignes sur les parois rocheuses, aussi distinctives que les cernes d'un bain, démontrant que le niveau des eaux est beaucoup plus bas qu'il ne l'était autrefois, environ 130 pieds plus bas, comme c'est le cas depuis 2000. Les officiels des ressources hydriques disent que certains des réservoirs alimentés par la rivière ne seront plus jamais pleins à nouveau. » 
Aujourd'hui, le lac Mead fournit environ 85 pour cent de l'eau utilisée par Las Vegas, et depuis 1998, les niveaux des eaux dans le lac Mead ont baissé d'environ 5,6 trillions de gallons. Donc, qu'arrivera-t-il si le lac Mead continue à se tarir ? Eh bien, la vérité est que ce serait certainement une catastrophe majeure :
 
« Bien avant que les gens manquent d'eau potable, quelque chose se produira : Lorsque le lac Mead tombera en dessous de 1050 pieds, les turbines du barrage Hoover fermeront, moins de quatre ans à partir de maintenant, si la tendance actuelle se maintient, et, à Las Vegas, les lumières commenceront à fermer. (...) Fait inquiétant, ces problèmes en eaux ne se limitent pas à Las Vegas. En vertu des contrats signés par le président Obama en décembre 2011, le Nevada ne reçoit que 23,37% de l'électricité produite par le barrage Hoover. Les autres principaux bénéficiaires sont : Le district métropolitain de l'eau du Sud Californien (28,53%); L'état de l'Arizona (18,95%); La ville de Los Angeles (15,42%) et Southern California Edison (5,54%). »
« Vous pouvez toujours construire plus de centrales électriques, mais, vous ne pouvez pas construire plus de rivières, et le puissant Colorado transporte l'eau vitale de l'ouest. Il alimente les besoins en eau d'une superficie de la taille de la France, où vivent 40 millions de personnes.  Dans son état naturel, le fleuve déverse 15,7 millions d'acres-pieds en eau dans le golfe de la Californie chaque année. Aujourd'hui, douze années de sécheresse ont réduit le débit à environ 12 millions d'acres-pieds et les besoins humains en siphonnent chaque gouttelette ; son embouchure, le lit de la rivière n'est rien de plus que de la poussière. » « Et, la baisse des approvisionnements en eau n'est pas seulement importante pour les citoyens de Las Vegas, de Ph?nix et de Los Angeles. Ces eaux sont essentielles pour l'ensemble du pays.  Le Colorado est l'unique source en eau pour le sud-ouest d'Imperial Valley de la Californie, qui est devenue une des zones agricoles les plus productives des États-Unis, malgré la réception d'une moyenne de trois pouces de pluie par année. » 
Vous n'avez pratiquement jamais entendu parler de ceci dans les nouvelles, mais, la réalité est que c'est un accident de train au ralenti se passant juste devant nos yeux. Aujourd'hui, le puissant Colorado d'autrefois est à sec à environ 50 milles au nord de la mer. Ce qui suit est un extrait d'un excellent article de Jonathan Waterman sur ce qu'il a découvert quand il est allé enquêter :
 
« À cinquante milles de la mer, à 1,5 milles au sud de la frontière mexicaine, j'ai vu une rivière s'évaporer dans l'écume des phosphates et des bouteilles d'eau jetées. Cette eau sale m'a renvoyé chez moi avec les pieds tellement infectés que je n'ai pu marcher pendant une semaine.  Et un delta autrefois réputé pour sa faune et ses zones humides n'est maintenant qu'une partie du désert de Sonora environnant et desséché. Selon les scientifiques mexicains que j'ai rencontrés, la rivière n'a pas coulé jusqu'à la mer depuis 1998. Si la loi sur les espèces en voie de disparition avait des dents au Mexique, nous pourrions avoir une chance de sauver le bar géant marin (totoaba), les palourdes, la pêche aux crevettes de la mer de Cortez qui dépend des retours en eaux douces, et des dizaines d'espèces d'oiseaux. » « Alors, que ceci soit une invitation ouverte à l'ancien Secrétaire de l'Intérieur et à tous les ceux qui insistent pour nous dire qu'il n'y a pas de pénurie d'eau dans le delta du Mexique.  Laissez les gicleurs arroser les pelouses au dehors des conférences d'Aspen, venez avec moi, et je vais vous montrer un Colorado qui s'assèche depuis ses sources jusqu'à la mer. Il est pollué et mis en grave danger par l'industrie et l'agriculture. Il est surutilisé, victime de la sécheresse, et bientôt, souffrira grandement de la croissance de la population. Si d'autres dirigeants de notre administration continuent de l'ignorer, la rareté des connaissances et le manque de mesures de conservation vont paralyser une civilisation occidentale bâtie sur l'eau. » 
Plus à l'est, le principal problème est le tarissement de nos ressources en eaux souterraines. Dans l'état du Kansas, aujourd'hui, de nombreux agriculteurs qui avaient l'habitude de pomper d'énormes quantités d'eau pour irriguer leurs cultures découvrent que l'eau sous leurs terres est maintenant disparue. Ce qui suit est un extrait d'un article paru récemment dans le New York Times : 
 
« De vastes étendues de terres agricoles du Texas se trouvant au-dessus des zones aquifères ne supportent plus l'irrigation. Dans le centre-ouest du Kansas, jusqu'à un cinquième des terres agricoles irriguées le long d'une bande de 100 milles de la zone aquifère sont déjà asséchées.  Dans de nombreux autres endroits, il n'y a plus assez d'eau pour fournir de besoins de pointe des agriculteurs pendant les étés caniculaires du Kansas. » « Et quand la nappe phréatique s'épuise, elle est épuisée pour de bon. Le remplissage des zones aquifères prendrait des centaines, sinon des milliers, d'années de pluies. » 
Alors, que va-t-il se passer pour le « grenier du monde », si ses ressources en eaux souterraines continuent à se tarir ? 
 
La plupart des Américains n'ont jamais entendu parler de la zone aquifère d'Ogallala, mais, c'est une de nos plus importantes ressources naturelles. Elle est une des plus importantes sources en eaux douces de la planète entière, et les agriculteurs utilisent les eaux de la zone aquifère d'Ogallala pour irriguer plus de 15 millions d'acres de cultures chaque année. La zone couvre plus de 100.000 milles carrés et elle se trouve sous les états du Texas, du Nouveau-Mexique, de l'Oklahoma, du Colorado, du Kansas, du Nebraska, du Wyoming et du Dakota du Sud
 
Malheureusement, aujourd'hui, elle est asséchée à un rythme effarant. Ce qui suit sont quelques statistiques à ce sujet tirées d'un de mes articles précédents :
 
1. La zone aquifère d'Ogallala se vide à une vitesse d'environ 800 gallons par minute. 
 
2. Selon l'US Geological Survey, « un volume équivalent à deux tiers de l'eau du lac Érié » a été vidé de façon permanente de la zone aquifère d'Ogallala depuis 1940. 
 
3. Il y a quelques décennies, la zone aquifère d'Ogallala avait une profondeur moyenne d'environ 240 pieds, mais aujourd'hui, la profondeur moyenne est de seulement 80 pieds. Dans certaines régions du Texas, l'eau a disparu complètement. 
 
Donc, que comptons-nous faire exactement une fois que toute l'eau aura disparue ? 
 
Nous ne serons plus en mesure de supporter autant de cultures et nous ne serons plus en mesure de soutenir toutes ces grandes villes du sud-ouest. Si nous avons encore quelques étés de sécheresse qui pourraient ressembler à celle de l'été dernier, nous allons faire face à une urgence majeure très rapidement. Si vous habitez dans la moitié ouest du pays, vous pouvez commencer à faire des plans pour l'avenir, parce que nos politiciens ne le feront certainement pas. 
 
Par Michael Snyder - Economic Collapse - Traduction par Pleinsfeux.org

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