Vu d’ailleurs. Défaite de Sarkozy : “Clap de fin pour le Berlusconi français”
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La presse étrangère revient sur la défaite cinglante de Sarkozy lors du premier tour de la primaire de la droite, le 20 novembre. Sa personnalité clivante et son mauvais diagnostic de la France ont précipité sa retraite.
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“Balayé”, “écrasé”, “effacé”… Les journaux européens n’ont plus de mots pour qualifier la déroute de l’ancien président de la République, arrivé en troisième position avec 20,7 % des voix – contre 44,2 % à François Fillon et 28,4 % à Alain Juppé. Où que l’on se tourne en Europe, et au-delà, la défaite de Nicolas Sarkozy ne laisse pas indifférent, d’autant plus qu’elle signe, pour beaucoup, sa retraite politique.
“Éviction de Sarkozy”, titre la Neue Zürcher Zeitung, en Suisse germanophone. “Cette fois, le populisme a été battu”, se réjouit Die Zeit, en Allemagne, qui estime que, “à Bruxelles et Berlin, on doit pousser un soupir de soulagement”. Avant d’ajouter : “Reste à savoir si Fillon sera suffisamment armé pour affronter Marine Le Pen.”
Petite porte
En Belgique, la tonalité est la même. “Balayé dès le premier tour ! Dans ses cauchemars les plus fous, l’ex-président n’avait sans doute pas imaginé une telle issue à la primaire de la droite. Un choc ! Nicolas Sarkozy, qui se rêvait en sauveur de son camp, de son pays, de l’Europe entière, s’incline, humilié”, note Le Soir de Bruxelles. Le quotidien belge estime que sa défaite est d’autant plus cinglante qu’il revenait par esprit de sacrifice :
Il pensait incarner le seul recours. La France, malmenée par la crise et le terrorisme, ne pouvait faire appel qu’à lui. Il ne revenait pas par plaisir, non. Il se soustrayait à sa nouvelle vie par devoir. S’il interrompait sa retraite, c’était parce qu’on avait besoin de lui. C’est la France elle-même qui l’appelait.”
Et Le Soir de conclure : “L’échec est cinglant. Nicolas Sarkozy se voyait revenir à l’Elysée par la cour d’honneur. Il s’éclipse par la petite porte, dès l’antichambre de la compétition.”
Cette fin de carrière sans panache, Nicolas Sarkozy ne le doit qu’à lui-même : dopé à la vie politique depuis 40 ans, persuadé d’avoir saisi l’humeur du pays comme personne, il s’est pourtant trompé, considère Le Temps, en Suisse : il “a commis une double erreur d’analyse, pas si surprenante. D’abord parce que rien ne permettait, dans la galaxie Sarkozy, de repérer le retour en force de François Fillon. Entouré d’élus provenant pour l’essentiel des grandes villes, Nicolas Sarkozy est passé à côté de l’autre douleur française : celle des territoires et des élites traditionnelles, ces fameux notables qui ne l’ont jamais accepté. […] Sa deuxième erreur a été, tout en les acceptant à contrecœur, de ne pas croire à l’effet ‘primaire’.”
Addiction
De son côté, la presse britannique explique que le plan de Sarkozy s’est retourné contre lui-même, “beaucoup étant allés voter contre lui”, pour The Independent. Pour le Guardian, l’ancien chef de l’État a agi comme un toxicomane qui, refusant de se soigner, va devoir se sevrer contraint et forcé : “Un jour, il a dit de la politique qu’on devait en retirer l’aiguille lentement, sans pourtant jamais réussir à se défaire de son addiction. Aujourd’hui, à 62 ans et après quarante années passées en politique, il devrait finalement être contraint de se retirer.”
“Pourquoi, cette fois, les choses se sont-elles mal passées ?”, s’interroge le quotidien italien La Stampa, philosophe. “Parce que trop de scandales se sont accumulés autour de lui. […] Et puis, il y a les idées qu’il a soutenues ces dernières semaines, encore plus à droite que d’habitude. […] Oui, sans doute y est-il allé trop lourdement. Même dans une France avide de fermeté et de néoconservatisme.”
Nicolas Sarkozy essuie “la plus humiliante des défaites, celle qui vient de son propre camp”, estime El País. Le journal madrilène de centre-gauche considère que “ce qui est encore pire pour lui, c’est que le vainqueur soit Fillon, son ancien Premier ministre, dont il avait dit, quand il était chef de l’État : ‘Je décide, il exécute’“. D’autres journaux sont encore plus sévères, à l’image d’El Mundo, qui tranche :
“Nicolas Sarkozy, c’est désormais du passé”. Autre formule, du côté de la Vanguardia : c’est “le clap de fin pour la carrière politique du Berlusconi de France”.
“Adieu Sarko”, titre De Morgen. Son collègue flamand De Redactie.be estime que “les Français ont eu une période difficile et [qu’] ils ont besoin d’un vent nouveau”.
Soulagement en Afrique
Dans la réaction du site guinéen Djely, on entend les échos du discours de Dakar de juillet 2007, pendant lequel Nicolas Sarkozy avait considéré que “l’homme africain [n’était] pas rentré dans l’Histoire”.
Le soulagement que l’Afrique tire de l’élimination prématurée de Nicolas Sarkozy ne vient pas de l’hypothétique espoir que François Fillon ou Alain Juppé fasse mieux ou se comporte différemment à l’égard du continent africain. C’est de la personnalité de l’ancien président français dont il est question. Bagarreur ou audacieux pour les uns, il est surtout perçu en Afrique comme arrogant, outrancièrement suffisant et porteur d’une conception qui voit la politique avant tout comme un spectacle.”
Du côté de ceux qui regrettent la sortie de l’ancien chef de l’État français, on trouve notamment la spécialiste russe de l’histoire de France Irina Komarovskaïa, interrogée par le quotidien en ligne Gazeta.ru. Elle déplore la défaite de Nicolas Sarkozy qui avait été “le seul chef d’État européen à soutenir la position russe dans le conflit qui avait opposé la Russie et la Géorgie en 2008, sans craindre de s’opposer aux États-Unis”.
(Sarko, c'était, "tout comme les américains", fillon, c'est, "tout mieux que tatcher". note de rené)
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