La Russie envisage un nouveau tracé pour South Stream | Histoire de la Fin de la Croissance | Scoop.it
Le gazoduc pourrait contourner la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie et la Slovénie. Le gaz transiterait alors par la Turquie et la Grèce avant d'arriver en Italie et en Autriche, selon la presse russe.

Gazprom a un plan B si la Bulgarie continue de s'opposer à la construction du gazoduc South Stream, a indiqué le journal économique russe Vzgliad le 18 août.

Le gouvernement intérimaire à Sofia, entré en fonction le 6 août, a gelé la construction de South Stream à la demande de Bruxelles. Si la Bulgarie ne renégocie pas l'accord bilatéral avec la Moscou, en porte à faux avec la législation européenne, la Commission menace d'imposer des sanctions financières.

Selon l'article du Vzgliad, le président russe, Vladimir Poutine, avait déjà évoqué un autre tracé pour South Stream lors d'une réunion avec des chefs de médias internationaux, le 24 mai.

Le ministre turc de l'Énergie, Taner Yıldız, a déclaré qu'Ankara serait disposée à autoriser le transit de South Stream par la Turquie au lieu de la Bulgarie, comme prévu au départ.

Selon certaines sources russes, Moscou ne privilégie pas le tracé par la Turquie, car il est plus long et il ne permettrait pas d'approvisionner la Serbie et la Hongrie.

« De bons partenaires »

La Turquie est considérée comme un « bon partenaire » de la Russie. De son côté, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, est décrit pour sa part comme un « pragmatique cynique » qui souhaite se venger vis-à-vis des États-Unis, car ils auraient tenté à deux reprises de l'évincer. En Grèce, l'agitation sociale est de plus en plus prégnante. « Si on laisse la Grèce sans argent, sans agriculture [en raison de l’embargo russe] et sans gaz, cela déclenchera des troubles sociaux en masse », selon le Vzgliad.

La Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Serbie sont les plus grandes victimes du plan B. Si le système bulgare de transmission de gaz ukrainien est « bloqué de manière permanente », la Russie ne sera pas en mesure de fournir ces pays.

La Russie préférerait éviter ce plan B, mais, si la Commission européenne ne relâche pas la pression sur la Bulgarie, ce scénario semble viable, selon le journal russe.

« Nous sommes vraiment ravis que la Russie ait un plan de rechange qui fonctionne afin d'approvisionner l'Europe centrale et méridionale », conclut l'auteur de l'article.

Un concurrent direct au gazoduc TANAP ?

Si Gazprom opte pour le tracé par la Turquie et la Grèce, le gazoduc serait en grande partie similaire au projet TANAP-TAP. Ce dernier a pour objectif de livrer du gaz naturel azéri vers l'Italie en passant aussi par les mêmes pays.

Ce gazoduc transanatolien s'étendra sur environ 870 kilomètres et traversera la Grèce et l'Albanie pour aboutir en Italie après un passage en mer. Le consortium Shah Deniz, dirigé par BP (Royaume-Uni), Statoil (Norvège), SOCAR (Azerbaïdjan) devrait construire ce gazoduc.

Les préparations vont bon train et sa construction devrait débuter en 2016, malgré l'opposition de riverains et d'ONG qui dénoncent la faible logique environnementale d'un tel projet."