La Turquie espère toujours la prolongation du corridor mer Noire
AFP | à 10:34 via Terre-Net
La Turquie espère toujours que l'accord international sur l'exportation de céréales d'Ukraine -crucial pour tempérer la crise alimentaire dans le monde - pourra être prolongé de 120 jours et s'active à convaincre Moscou et Kiev.
« L'échéance approche. Nous sommes en contact avec l'Ukraine et la Russie pour prolonger l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes selon les conditions initiales », a déclaré le ministre turc de la défense, Hulusi Akar. Son pays est partie prenante dans cet accord paraphé en juillet 2022 par l'Ukraine et la Russie et avec l'aide de l'ONU. Par conditions initiales, le ministre entend une prolongation de 120 jours comme prévu dans l'Initiative céréalière de la mer Noire.
Le texte stipule que le corridor mer Noire doit être « automatiquement prolongée pour la même période (de 120 jours) sauf si une des parties notifie à l'autre son intention d'y mettre fin ou de la modifier ». L'accord doit théoriquement expirer le 18 mars à 23h59 heure d'Istanbul, soit 20h59 GMT mais depuis lundi le plus grand flou règne.
Personne ne se risque à faire des pronostics
À l'issue d'une réunion avec des hauts responsables de l'ONU à Genève, Moscou a annoncé qu'elle n'était pas contre la prolongation de l'accord mais pour 60 jours seulement. Kiev a fait publiquement part de son mécontentement et s'en est remis à la Turquie et l'ONU. Vendredi personne ne se risquait à dire ce qui se passera samedi peu avant minuit.
« Nous espérons vivement que l'initiative se poursuivra et que les navires continueront d'affluer », a rappelé le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric à New York. « En ce moment, l'ONU, sous l'égide du secrétaire général, fait tout son possible pour s'assurer que l'Initiative céréalière de la mer noire puisse continuer. Nous continuons à travailler étroitement avec toutes les parties », a déclaré plus tard le chef humanitaire de l'ONU Martin Griffiths lors d'une réunion du Conseil de sécurité.
Engrais russes
En parallèle « les efforts pour lever les obstacles » aux exportations russes d'engrais se poursuivent, a-t-il insisté, soulignant le caractère « vital » de l'application « complète » des deux accords pour la sécurité alimentaire mondiale. Depuis lundi, l'ONU répète qu'elle fait tout pour sauver un mécanisme qui a permis d'apaiser la flambée des prix depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022.
Moscou n'est pas satisfait d'un autre accord - bilatéral - signé en juillet dernier avec l'ONU sur ses exportations d'engrais. Théoriquement, ces produits de première nécessité pour l'agriculture mondiale ne tombent pas sous le coup des sanctions imposées par les pays occidentaux depuis le début de la guerre, mais ils sont de facto bloqués.
Moscou veut des progrès tangibles sur les paiements bancaires, la logistique du transport, les assurances, le "dégel" des activités financières et l'approvisionnement en ammoniac via l'oléoduc Togliatti-Odessa.
La Russie présente la prolongation de 60 jours de l'initiative comme un geste de bonne volonté.
« Facteur de risques »
Plus de 29,1 millions de tonnes de céréales sont sortis des ports ukrainiens depuis juillet. En revanche, une toute petite partie des 260 000 tonnes d'engrais russes stockées dans des ports européens a pu être débloquée.
Sur le marché européen, les cours du blé et du maïs ont retrouvé leurs niveaux d'avant-guerre et les oléagineux (colza, tournesol...) sont bien plus bas.
« Pour l'instant, le marché parie sur le fait qu'on aura une prolongation de 120 jours. Si ce n'est pas le cas, les 60 jours proposés par Moscou seront utilisés pour poursuivre les négociations pour une reconduction plus longue », a commenté auprès de l'AFP Edward de Saint-Denis, courtier chez Plantureux & Associés.
Sébastien Poncelet, analyste au cabinet Agritel, a lui souligné que « si on arrive à l'échéance de l'accord sans avancée, en restant sur le proposition russe de 60 jours, (...) ce sera un facteur de risques, qui sera pris en compte par les marchés ».
Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, a estimé lui que 60 jours, « ce n'est pas suffisant » pour affréter un navire et faire assurer la cargaison.
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